Diffusion ce soir à 21h50 du téléfilm "Le petit fût", qui fait partie de la collection Maupassant.
Réalisé par Claude Chabrol. Scénario de Gérard Jourd'hui et Jacques Santamaria. Avec : Tsilla Chelton (la mère Magloire), François Berléand
(Prosper Chicot), Stéphane Butet (Bastien), Michaël Abiteboul (Isidore) et Joachim Salinger (Martial).
Maître Chicot, l'aubergiste d'Épreville, convoite la ferme de la mère Magloire, qu'elle refuse de lui vendre. Comme il lui propose de lui verser chaque mois une assez forte somme jusqu'à sa mort,
elle finit par accepter, attirée par l'appât de ce gain facile...
Claude Chabrol :
"De tous les contes de Maupassant, Le petit fût est celui dont j’ai gardé le souvenir le plus vif. Je l’ai lu dans mon livre de lecture de huitième et il m’a fait exploser
de rire. Je me rappelle même l’illustration qui accompagnait le texte, et je me suis amusé à la reproduire dans le film, lorsque Chicot amène le petit fût à la vieille.
Ce qui est curieux, c’est que c’est l’un des rares récits de Maupassant où l’alcool joue un rôle aussi central. Mais dans ces années-là, 1937-38, autant que je m’en souvienne, on n’en faisait pas
un conte moral censé mettre en garde les enfants contre les méfaits de la boisson. — Il faut dire qu’on était nettement moins obsédé qu’aujourd’hui par toutes ces choses, la santé, la forme… On
n’en était pas encore à pourchasser les fumeurs ! — Non, c’était juste une bonne blague. Et c’est exactement ce que j’ai voulu faire : un bon petit téléfilm alcoolique.
Il n’empêche, malgré l’exagération et la caricature, ça tape juste. Ces deux rapaces sont bien affreux, et c’est tellement vrai : le début du triomphe de l’argent, c’est vraiment l’appât de la
terre.
Chez Maupassant, il y a un côté expérimentateur un peu pervers : il prend des personnages, les plonge dans une situation et observe ce qui se passe, comment ils se comportent. C’est la raison pour
laquelle il est meilleur, il me semble, dans la forme courte que dans le roman, contrairement à Flaubert. Comme chez son maître, il y a le plaisir de se gausser de la bêtise, et aussi la certitude
pessimiste que, de toute façon, elle est bien trop profondément enracinée dans l’âme humaine pour être éradiquée. Mais, chez Maupassant, cette dénonciation est moins proliférante, moins
encyclopédique, le trait est rapide, précis, fulgurant. C’est comme une bonne fessée. Il attrape son petit monde et paf ! tout le monde dérouille.
Longtemps, je ne voulais plus faire de télévision. J’en avais marre de tourner à la hâte. Et puis, je me suis laissé convaincre par Gérard Jourd’hui. L’an dernier, avec La Parure, ça m’a semblé
agréable, alors pourquoi pas un deuxième. Avec Le petit fût, on s’est bien amusés, du coup il est question d’en faire un troisième. On dirait que ça m’a réconcilié avec la télé. En fait, on ne
dispose pas de plus de temps mais tout est organisé et préparé de manière à ne pas ressentir d’insatisfaction.
Et puis, quand on tourne avec des comédiens comme Tsilla Chelton et François Berléand, on boit du petit lait. Ils sont consciencieux, intelligents, pas de caprices, pas de retards… Ils sont arrivés
sur le tournage en ayant travaillé, chacun de son côté, leur patois… et ça fonctionnait très bien. Plus vrai que le vrai. Prenez Georges Marchais : son accent normand me paraissait très douteux.
J’ai toujours pensé que le Marchais qui est revenu d’Allemagne n’était pas celui qui y était parti. On a dû nous l’échanger contre un Géorgien ou un Azerbaïdjanais !”
Là ou c'est plaisant c'est de voir la fiction frnaçaise en marche !!! :)la ou ça l'est moins, c'est de voir que tf1 met les experts de miami en facez pour flinguer la fiction française :( :@