Shoah par balles, l'Histoire oubliée.











France 3 propose ce soir un numéro spécial du magazine Pièces à conviction : "Shoah par balles, l'Histoire oubliée". A 20h50, avec Elise Lucet.




De la solution finale, on croyait tout savoir. On croyait que nos livres d’Histoire, à l’école, avaient été complets, précis. Les déportations, les camps de concentration, l’extermination de plus de 6 millions de Juifs par les nazis. Pourtant, un prêtre français, le père Patrick Desbois, œuvre depuis sept ans à rétablir la vérité, enfouie sous la terre d’Europe de l’Est.




Un drame oublié, et masqué par le rideau de fer pendant des dizaines d’années. Dans l’ex-Union Soviétique, pendant la Seconde Guerre mondiale, des commandos de SS, les Einzatsgruppen, ont coordonné l’assassinat à coup de fusil — « une balle, un Juif » — ou en les enterrant vivants, d’entre 1 550 000 et 1 800 000 de Juifs, rien qu’en Ukraine. Un génocide sans chambre à gaz, sans camp.




La diffusion du film ( commentaire dit par Anouk Grinberg) sera suivie d’un débat enregistré au Mémorial de la Shoah à Paris. Elise Lucet recevra :

Simone Veil, ancien ministre, ancienne présidente du Parlement européen, déportée à l'âge de dix-sept ans à Auschwitz, rescapée de la Shoah ;

Père Patrick Desbois, directeur du Service national des évêques de France pour les relations avec le judaïsme, conseiller du Vatican pour la religion juive, petit-fils d’un déporté du camp de Rawa Ruska. Il préside l’association Yahad-In Unum qu’il a fondé en 2004. A ce jour, avec son équipe, il a interviewé plus de 700 témoins et mis à jour plus de 800 fosses communes. 




Le Père Desbois :

"
C’est mon grand-père, déporté politique du camp russe Rawa Ruska, qui m’a parlé très tôt de la Shoah. Plus tard, je suis allé sur place et j’ai demandé au maire du village où étaient enterrés les Juifs : il l’ignorait. Les archives concernant les exécutions de Juifs en Ukraine orientale étant incomplètes, j’ai décidé de retrouver chaque fosse commune pour l’identifier, l’expertiser et collecter les preuves de ces tueries. Nous avons recueilli les témoignages de ceux qui avaient participé — pour nombre d’entre eux et de différentes manières — aux massacres. Certains avaient juste regardé les exécutions, d’autres avaient été « réquisitionnés » pour recouvrir les fosses remplies de corps sans noms. 

Les Einsatzgruppen étaient des brigades de SS et de policiers allemands qui réquisitionnaient les paysans ukrainiens. Ces unités ainsi constituées étaient chargées de tuer un maximum de Juifs, mais avec une seule balle pour chacun. C’est pourquoi je l’appelle « la Shoah par balles ». Parfois, ils étaient poussés encore vivants dans les fosses… Ce qui accentue l’horreur de cette Shoah, c’est qu’elle n’a pas eu lieu dans des camps entourés de barbelés, mais dans un décor ordinaire, au milieu de jolis champs de tournesols. Cette tuerie systématique a représenté le premier volet du plan d’extermination des Juifs européens.

Ce long travail a pu être mené à bien grâce à de nombreuses bonnes volontés, dont celle du cardinal Lustiger. La mienne n’est pas de christianiser la Shoah, mais de permettre d’enterrer dignement tous ces Juifs ukrainiens. C’est une manière de leur rendre justice
."




Elise Lucet :

"Le sujet nous semblait suffisamment important et grave pour être diffusé à 20h50. Important par rapport aussi à tout ce qui se dit en ce moment sur le devoir de mémoire. Le père Desbois a mené son enquête, certes historique, exactement comme nous menons les nôtres à Pièces à conviction, et ce qu’il a découvert représente une réalité inconnue jusqu’alors. Donc il découvre des pièces à conviction — on peut le dire ainsi — et écrit une histoire qui a soixante ans, mais qui est actuelle parce qu’on n'en a jamais parlé avant. 

Si on interroge les gens autour de soi, quasi personne n’a entendu parler de ce génocide. Paradoxalement, on peut dire que cette histoire a beaucoup d’actualité parce qu’elle n’en a jamais eu ! La réalité des massacres a été cachée par les nazis qui sont revenus sur les lieux de leur crime pour tout effacer. Ils ont réussi à l’occulter pendant soixante ans et, aujourd’hui, cette réalité émerge grâce au père Desbois. Ce qui frappe dans le film, c’est que, sur les lieux du massacre, le père Desbois ne dit presque rien et s’efface presque pour ne pas forcer les témoignages. Mais sur le plateau, et dans ce lieu de mémoire, il exprime enfin son émotion d’avoir reçu toutes ces confessions terribles
."




Photo copyright Charlotte Schousboe - France 3.




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