Diffusion à 20h50 ce mardi du téléfilm Ce cochon de Morin, dans le cadre de la collection Maupassant. Sur France 2.
Réalisé par Laurent Heynemann. Scénario de Jean Cosmos et Laurent Heynemann. Avec : Julien Boisselier (Labarbe), Hande Kodja (Henriette), Didier
Bénureau (Morin), Michèle Garcia (Mme Morin), Sophie Artur (la tante Tonnelet) et Christophe Bourseiller (l'oncle Tonnelet).
Revenant de Paris en train, Morin, mercier à La Rochelle, se risque à embrasser brusquement une belle jeune fille, Henriette, dans le compartiment où ils voyagent seuls. Elle hurle de peur et Morin
est arrêté. Pour aider Morin, le journaliste Labarbe se rend chez l'oncle de la jeune fille, afin de lui demander de retirer sa plainte...
Didier Bénureau (attention, il est dévoilé ce qui va se passer. Ne lisez pas si vous ne connaissez pas l'histoire et que vous souhaitez la découvrir de vous même ce soir! ) :
"La première chose que Laurent Heynemann m’a dite, c’est : “Surtout, n’essaie pas de faire rire.” Et comme je suis un comédien docile, j’ai joué comme
c’était écrit : Morin est timide, maladroit et naïf. J’ai essayé de jouer cette couleur, comme on joue une note sur un piano. Forcément, j’ai ramené le personnage à moi, à ce que je peux être
parfois. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Laurent avait raison : si on avait fait de Morin une caricature, un gros dégueulasse ridicule, on passait à côté de l’esprit de cette
histoire.
Je crois que Maupassant, en général et particulièrement dans Ce cochon de Morin, critique moins les personnages que la société dont ils sont le produit, les situations sociales, la morale
dominante.
Labarbe n’est pas antipathique. C’est un ambitieux, un peu calculateur, un peu faux. Il séduit les femmes, mais sans méchanceté aucune. Quant à Morin, c’est un petit bourgeois terne et coincé,
dominé par sa femme. Labarbe lui parle de séduction, de plaisir, alors évidemment cela enflamme son imagination, il en perd la tête… Lui qui n’a jamais trompé son épouse, jamais rien tenté avec les
femmes, la seule fois où il s’autorise un geste, paf ! c’est la catastrophe, il est traîné dans la boue et sa vie est foutue.
Tandis que Labarbe séduit sans peine Henriette en lui faisant du baratin et que la jeune femme, des années plus tard, une fois mariée, laisse entendre à Labarbe qu’elle aimerait le revoir… Alors,
où est-elle, la morale, dans cette société qui brise un pauvre type dont le seul tort est de ne pas savoir s’y prendre ? Maupassant n’est pas amoral, il est immoral : il fait exploser la
morale.”