Séries, ton classement impitoyable : 38 - UGLY BETTY Saison 3.
Deuxième saison du classement des séries. Une chronique postée chaque jour, du lundi au jeudi vers 12 heures, jusqu'à fin août. Quelques nouveautés cette année : le classement a
été étendu à 40 séries afin de faire un véritable tour de la diversité des séries actuelles et celui de l’année dernière a été réactualisé afin de pouvoir faire de petites comparaisons. De plus,
suites aux réclamations de l’an passé, un ‘indice spoiler’ de 0 à 5 vous permettra de décider si vous souhaitez lire l’article ou non en fonction de votre avancement.
PLACE 38 - UGLY BETTY – Saison 3. Classement précédent : 28ème (- 10 places)
Diffusion sur ABC le jeudi soir à 20h (Moyenne saison 3 : 7,68 millions de téléspectateurs, -18% par rapport à la saison 2) et sur TF1. Renouvelé pour une saison 5.
Créé par : Fernando Gaitan et Salma Hayek Avec : America Ferrara, Eric Mabius, Vanessa Williams, Becki Newton, Michael Urie, Judith Light, Ahsley Jensen, Ana Ortiz, Tony Plana,
Mark Indelicato et Grant Bowler.
Indice Spoiler : 1/5
Bilan : Il faut que je me confesse à vous aujourd’hui. Je n’y suis pas parvenu, mes amis, je vous l’avoue, j’ai craqué. Par conscience professionnelle et même dans les cas les
plus horribles, je me suis toujours forcé à regarder les séries jusqu’au bout afin de pouvoir vous en faire la critique lors de ce grand classement. Croyez-moi, cela n’a pas toujours été aisé. Je
suis allé loin. Très loin. Prison Break, Dirt, Nip / Tuck, oui Mesdames, Messieurs, je les ai toutes regardées jusqu’à la dernière seconde. J’avais même lutté devant les pilotes d’Aquaman et
Cavemen pour vous ! Mais là non, je n’ai pas pu. Passé le 13ème épisode, je suis arrivé au bout de mes limites de connerie humainement supportable.
Passé un certain niveau, la seule chose que je pensais en regardant Ugly Betty était ‘s’il vous plait, achevez-moi !’. Chaque séance de torture était ainsi précédée d’une préparation bien
spécifique où, enfermé dans une camisole de force, je devais absolument parvenir au bout de ces interminables 42 minutes. Croyez-moi, ce fut les pires instants de la vie. A chaque nouvelle leçon
de morale sirupeuse de Betty, à chaque nouveau dialogue dégoulinant de bons sentiments, c’était la rechute. Je finissais alors par baver des insanités tout en me débattant pour qu’on m’éloigne de
cet écran satanique : ‘Ahh Betty, espece de ***, tu *** le père Candem pendant qu’il se fait *** par cet *** de Charles Ingalls’. Je vous jure, c’était terrible. J’espère donc que vous me
pardonnerez.
Rappelez vous de la saison 1 de Betty, la série était alors une parodie totalement décapante d’une tele novela, à mi chemin entre le soap ultime et la comédie délurée, détournant les codes usuels
et proposant des intrigues volontairement borderlines. Deux saisons plus tard, le rêve a laissé place au cauchemar avec une série encore plus guimauve que son homologue allemand. On se retrouve
avec une bluette ultra-moraliste détestable, rempli de clichés Hollywoodiens puants.
Les méchants deviennent plus gentils que les gentils, les rebondissements tordus laissent place à des intrigues fades et insupportables. Cette chère Whilelmina par exemple, la garce par
excellence, mais qu’en ont-ils fait bon dieu? Cruella devient Cendrillon et passe les trois quarts de la saison à tenter lamentablement de défaire un couple car elle tombe éperdument amoureuse du
gars en question. Et quand elle finit par l’obtenir, la voilà heureuse et épanouie, gentille comme du bon pain, s’envoyant en l’air au gré du vent et des saisons. On se serait cru dans le film de
Disney ‘Il était une fois’. J’ai vu le moment où elle se mettait à chanter ‘Un jour, mon prince viendra’ dans des draps de soie avec des hirondelles, des biches et des souricettes sifflotant à
ses côtés. Un cauchemar, je vous dis.
Et Betty. Bon dieu mais faites là taire ! Elle passe les épisodes à tenter de sauver la morale, à agir pour le bien, à être plus politiquement correcte que toute la marmaille Candem réunie. Si bien que ça en devient parfois très limite, voire carrément nauséabond. Un exemple : dans un épisode, Betty privilégie sa carrière au détriment de sa famille. Résultat des courses : son père a une attaque et elle n’est pas là lorsque l’on emmène à l’hôpital. Non mais où la morale la dedans ? A 25 balais passés, on doit continuer à vivre avec ses parents et travailler à la maison au cas où quelque chose arrive ? Le pire est qu’effectivement, elle retourne vivre chez son père. Affligeant. Et comme si les scénaristes étaient fier de leur trouvaille, Betty s’improvise encore plus donneuse de leçons cucu d’épisodes en épisodes. Il faut bien payer le loyer à temps ; la discrimination positive ce n’est pas beau ; profiter d’un garçon pour qu’il nous paye à boire, c’est pas très gentil. Stop ! Je n’en peux plus ! Et je ne parlerais même pas du père Suarez dont la seule fonction, hormis faire des ensaladillas à longueur d’épisode, est de donner des conseils navrants à ses deux rejetonnes ou encore de la sœur de Betty, l’enfant illégitime vulgaire qu’auraient pu avoir Thelma et Tanguy.
Ainsi, hormis les premiers épisodes de la saison plutôt réussis jusqu’au départ d’Alexis (et le dernier twist récalcitrant de la série), aucune intrigue n’est inspirée, rien ne ressort de cette vaste galère. La série se contente de tomber dans les lieux communs, les storylines déjà revus 350 milliards de fois hors taxes. Ainsi, pendant la moitié de la saison, Daniel court après la femme de l’un de ses associés dont il est tombé amoureux (la fameuse femme au mec dont Whilelmina s’est aussi éprise). Et pour les faire craquer, ils n’ont rien trouvé de mieux que le fameux ‘Peux tu me boutonner ma robe ? Ni vu, ni connu, je t’emballe’. On a d’ailleurs eu un espoir lors de cet épisode car Whilelmina les avait enregistrés et possédait ainsi une vidéo compromettante. Mais au lieu de le faire chanter comme elle savait si bien le faire, elle se contente de détruire la vidéo. A cet instant, on a beau invoquer les esprits d’Amanda Woodward, Sue Ellen et autre Sherry Palmer, malheureusement, rien n’y fait. Cela sonne presque comme un désaveu pour Betty
Récapitulons donc si vous le voulez bien : Whilelmina n’est plus une garce, Daniel n’est plus un tombeur, Betty n’est plus drôle, la famille Suarez n’est plus attachante. Et pourtant, ce n’est pas le pire. Cramponnez-vous à votre siège : Marc et Amanda, les deux atouts délire du show, sont devenus gentils avec Betty. C’est donc un cauchemar sans fin. Les trois acolytes insoupçonnés constituent un espèce de Scooby-Gang horripilant avec Amanda qui emménage avec Betty, Marc qui suit des cours avec elle ou encore les trois comparses qui s’organisent des road trip improvisés. C’est comme si tout d’un coup J.R partait en week-end dans le Vermont avec Cliff Barnes ou qu’Amanda Woodward organisait une soirée raclette avec Lexi et Sydney ! Ca vous parait dingue ? C’est pourtant bien ce qu’il se passe dans Betty !
Il faut dire aussi que la série a joué de malchance avec le départ simultané d’Alan Dale conjugué à l’arrivée d’Eddie Cibrian. Alan Dale a un véritable don pour savoir quand quitter le navire avant qu’il ne fasse naufrage tandis qu’Eddie Cibrian souffre du syndrome inverse. Alors, imaginez les deux conjugués ! Lindsay Lohan viendra véritablement crucifier la série avec son personnage risible et antipathique, digne des pires teen movie de l’histoire.
Et pourtant, en dépit de la catastrophe que je viens de vous décrire, une partie de moi reste attachée et à la fois enrage face à cette série. En effet, dans chaque épisode, au détour de vastes intrigues inutiles et édifiantes, une bonne réplique s’échappe, une scène drôle surgit de nulle part, et nous rappelle à quel point la série était excellente auparavant. C’est un peu comme si une bonne série était enfermée dans le corps d’une mauvaise et qu’elle nous montrait qu’elle était toujours là mais qu’elle ne parvenait plus à reprendre sa place. C’est donc une double peine que nous inflige Betty : celle d’un ennui profond doublé d’une nostalgie terriblement frustrante.

En bref :
Meilleur épisode : 3.03 – Crimes of fashion
Pire épisode : 3.08 – Tornado Girl
Prix special: Award ‘Révérend Candem’ de la donneuse de leçon la plus détestable pour Betty Suarez (America Ferrera)
Les points forts : Globalement, les épisodes 2 et 3 sont très réussis et renouent avec l’ambiance loufoque et délicieusement soapesque de la saison 1. La chute de qualité ne sera que plus vertigineuse dans la suite de cette insupportable saison. On notera malgré tout que, malgré le fait qu’elle perde totalement son aura de garce, Whilelmina est le seul personnage nous permettant de rester éveiller pendant les épisodes.
Les points faibles : Ils sont si nombreux … Des intrigues fades, sans aucune inspiration ni aucun intérêt. Des personnages qui deviennent transparents et tous plus gentils les uns que les autres ajouté à un ton bluette et mielleux qui rompt totalement avec le délire qu’a pu nous proposer la série dans le passé.
Conclusion : C’est une véritable catastrophe. Ugly Betty est devenu encore pire que le genre de séries dont elle se faisait la pastiche en saison 1. Politiquement correcte à n’en plus pouvoir, dégoulinante de morale désuète pour adolescente républicaine de 12 ans, la série est devenue tout simplement irregardable. Abandonnant tout coté irrévérencieux et décapant, Ugly Betty n’est plus que l’ombre d’elle-même, encore plus mièvre que le destin de Lisa. Les détracteurs de Betty qui la comparait déjà à son homologue allemand lors de son arrivé en France doivent doucement rigoler. Nous, malheureusement, plus du tout
.