Séries, ton classement impitoyable : 5/40, LOST SAISON 5.

Place 05 : Lost – Saison 5. Classement 2007/2008 : 14ème (+ 9 places).
Diffusion sur ABC le mercredi soir à 21h et sur TF1 en France (Moyenne saison 5 : 9,8 millions de téléspectateurs, - 23 % par rapport à la saison 4). Renouvelé pour une ultime saison 6.
Crée par J.J Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber. Avec Matthew Fox, Michael Emerson, Terry O’Quinn, Josh Holloway, Elizabeth Mitchell, Naveen Andrews, Jorge Garcia, Evangeline Lilly, Daniel Dae Kim, Alan Dale, Yunjin Kim, Henry Ian Cusick, Jeremy Davies, Ken Leung, Nestor Carbonell, Fionnula Flanagan …
!! Indice spoiler : 3/5.
Bilan: Il y a deux écoles dans Lost. Deux doctrines diamétralement opposées qui se sont affrontées sans merci durant cette saison 5. D’un coté, nous avons les ‘évolutionnistes’ qui adhèrent pleinement au tournant science-fiction de la série, aux voyages temporels et autres théories de la relativité propre aux scénaristes sous amphet’ de la série. Et puis de l’autre, les néophytes, ceux qui privilégient l’aura de Lost, les épisodes plus traditionnels et des explications plus ésotériques et énigmatiques que cartésiennes. Je fais bien évidemment parti de ce deuxième courant de pensée, pourtant relativement minoritaire parmi les fans de la série.
Afin de satisfaire pleinement l’ensemble des aficionados, la saison 5 de Lost est donc partagée en deux parties distinctes. La première, plus évolutionniste et la seconde, plus néophyte. Mais pour comprendre cela, il faut remonter au très décevant final de la saison 4 de Lost. Rappelez-vous, dans un final qui avait viré à de la science-fiction pure, Ben tournait une roue de la fortune magique, mais sans la pouf blonde, qui avait pour conséquence de faire voyager l’ile et ses protagonistes dans le temps. La belle affaire. La première partie de saison de Lost reprend donc ce schéma oh combien casse-gueule qui se solde par des épisodes décevants et mous.
Pour leur défense, il faut reconnaitre que ce début de saison 5 a marqué un pas charnier dans l’histoire de Lost. La série restera définitivement comme une œuvre ayant dévoilé son ambition au fur et à mesure des épisodes. Si on nous avait dit lors du series premiere que 5 saisons plus tard on voyagerait dans le temps, on l’aurait difficilement cru pour une série qui paraissait alors être une simple adaptation moderne des Robinsons. Pour en arriver là, la série a donc du se réinventer en permanence en modifiant chaque saison un élément propre à sa narration et à ses storylines : la trappe en saison 2, les autres en saison 3, les flashforwards en saison 4 et donc le retour dans le temps en saison 5. Ce dernier tour de main a ainsi été l’un des moins réussi : la série s’est éparpillée en ouvrant des tonnes d’intrigues au travers des voyages dans le temps mais sans jamais les refermer ni vraiment les conclure. Au bout d’un moment, on ne sait plus du tout ou on est, qui est qui ni ou est ou. Le tout est extrêmement confus, certains voyagent et pas d’autres. Bref, le début de saison est totalement brouillon.
Autant certains passages sont totalement réussi et s’inscrivent dans un puzzle géant, d’autres sont dispensables et sont juste là pour nous en mettre plein la vue et rajouter une bonne grosse louche de mythologie afin faire bander les geek lunetteux. Le retour de Rousseau jeune par exemple, quel intérêt y avait-t-il ? Aucun, à part de nous de perdre un peu plus dans la multitude de storylines que constituent la série. Ah oui, si, les scénaristes l’avaient promis…. Et je ne parlerais même pas des ¾ des flashbacks ultra-redondants concernant la vie de merde des oceanic six. Oui, on a compris que Jack n’aimait pas son père, que Hurley est fou, que Sun est devenu froide… Même le passage avec Kate et Aaron est franchement ennuyant et ne sert qu’à justifier pendant 7 épisodes le retour de Kate sur l’ile.
C’est d’ailleurs tout le paradoxe du début de saison : des épisodes fourmillant d’informations et de réponses mais sans rythme, on ne rentre jamais dedans. Tout est justement trop rapide et la sensation que l’on éprouve est inverse de l’effet escompté. On n’a pas le temps de palper la tension d’une scène qu’ils sont déjà partis 10 ans plus tard.
Les épisodes ne sont donc qu’un condensé de passages sans âme, superficiellement juxtaposés les uns par rapport aux autres. Par ailleurs, la série va parfois un peu trop loin dans le surréalisme à outrance. Autant l’idée du voyage dans le temps est originale, autant certains passages comme Daniel qui parle à Desmond dans le passé... Le point d’orgue de ce début ultra-poussif est marqué par l’épisode 7, l’un des pires de la série, concentré sur l’affreux Locke. Je ne comprends pas les personnes criant au génie pour cet épisode qui n’a pas l’ombre d’un intérêt. On suit pendant 45 minutes Locke échoué lamentablement à convaincre les Oceanic Six de revenir sur l’ile alors que l’on sait depuis l’épisode précédent qu’ils ont tous dit oui au final. Si c’est pas du remplissage …

Sans compter que Locke m’insupporte de plus en plus. Aventurier ténébreux et fusionnel avec l’ile dans la saison 1, il n’est devenu qu’un arrogant et imbu vieux con qui justifie toutes ses interventions par ‘L’ile me l’a dit’. On dirait Walker Texas Rangers et les indiens. La mythologie développée autour de Locke est le vrai ratage de la série. Sous prétexte de nous la jouer philosophico-intello ultra profond, Locke se contente de déblatérer des banalités sur la destinée, et ce depuis 5 ans. Les épisodes centrés sur lui sont donc très répétitifs avec un ramassis de phrases toutes faites qu’il nous ressort continuellement.
Et histoire d’en rajouter une couche, la série franchit carrément les limites du supportable en le ressuscitant. Même les personnages de l’ile reconnaissent que ce n’est pas croyable ! Le cliffangher de la saison nous achève littéralement, même si je dois avouer que ça a conféré à la série un coté soapesque jouissif, avec le cadavre de Locke retrouvé. Mais alors, qui est le faux Locke ? D’ici qu’ils nous sortent le coup du frère jumeau diabolique, il n’y a qu’un pas. Mais justement, ou est passée la vrai mythologie de la série ? L’aura si mystérieuse qui caractérisait le show ? Le suspens, la tension, les questionnements. On est passé d’une fumée noire en saison 1 à une SF la plus totale en début de saison 5. On est passé d’un mélange de l’ile mystérieuse et de Jurassic Park à un mélange de Star Trek et du Da Vinci Code. J’exagere a peine.
Mais que de reproches mon cher Cole, pourquoi la série est-elle donc classé si haut ? Car la suite renoue avec toutes les qualités de Lost, la symbiose scénaristique et les dialogues magistraux qui ont fait la réputation du show. La force de la série est de s’attarder sur chaque détail. Chaque ligne de dialogue a une importance, une seconde lecture et a des incidences sur la suite. Les épisodes constituent véritablement un défi duquel les téléspectateurs tentent inexorablement d’en démêler les ficelles et d’en comprendre les tenants et les aboutissants. Aucune série n’appelle autant à la réflexion et à la concentration du téléspectateur que Lost.
Le retour à des épisodes plus traditionnels dans leur forme comme dans leur fond permet aussi de rentrer plus facilement dans l’action et de mettre en place des arcs plus longs et plus cohérents. La série a eu deux idées de génie. D’une part, de donner un côté Big Picture à l’ile. Les manipulations, théories et coups tordus de Ben d’un coté, Charles Widmore, et Eloise Hawking de l’autre. On ne se sait jamais vraiment qui est le méchant ou qui est le gentil, si tant est qu’il y en ait un ! Les personnages sont complexes et évoluent en permanence, cela permet d’avoir un réservoir à rebondissements sans fin.
Chaque épisode confère ainsi une nouvelle dimension à la série si bien qu’il est totalement impossible de prévoir la suite des événements. Le final est en cela une belle réussite puisqu’il jéopardise l’ensemble des cinq saisons précédentes et confère une toute nouvelle donne. Au niveau même des personnages, Lost n’hésite pas à tout bouleverser en permanence. Ainsi, Ben, que l’on croyait être le grand manipulateur de la série n’est finalement rien d’autre qu’un pitoyable pion arriviste utilisé dédaigneusement par des forces supérieures à lui. La scène où il découvre avec effroi que toute la dévotion qu’il a donnée à l’ile et les sacrifices qu’il a faits ne sont qu’une vaste fumisterie était d’ailleurs formidablement et surtout magistralement desservie par Michael Emerson.
L’autre très bonne idée de la saison a clairement été de nous conter le projet Dharma en y incluant les protagonistes de la série. On a d’un coté Sawyer et Juliet qui ont été intégré au projet Dharma et de l’autre l’arrivée des Oceanic Six. La série parvient à retrouver un suspens insoutenable avec le piège se refermant peu à peu sur les anciens rescapés jusqu’à l’apothéose du final tandis qu’on a l’occasion de découvrir d’autres personnages mystérieux comme le docteur Chan, Richard ou encore le jeune Ben, ce qui nous permet de comprendre les événements de la suite.
Alors bien sur, tout n’est pas vraiment clair et de nombreuses incohérences persistent. Ainsi, si Sayid n’avait tiré sur Ben dans les années 70, ce dernier ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, preuve que les événements se retranscrivent dans le temps. Pourtant, dans les années 2000, Jack & Co ne semblent jamais avoir fait partie du projet Dharma. Mais là où la storyline est une réussite est justement le fait que les scénaristes en jouent. Miles et Hugo, les deux personnages les plus drôles de la série, essayent ainsi régulièrement de déjouer les mystères de l’ile et de comprendre le pourquoi du comment. Mais ils finissent toujours par s’emmêler les pinceaux et n’y comprennent rien. Un clin d’œil très malin des scénaristes aux fans acharnés qui tentent désespérément de reconstituer le puzzle ! Reste à savoir maintenant si l’entre vous pourra déjouer le plan des scénaristes pour l’ultime, et très attendue, saison 6.

En bref :
Meilleur épisode : 5.17 – The Incident (Partie II).
Pire épisode : 5.07 – The Life and Death of Jeremy Betham.
Prix special: Award ‘John Cage’ du personnage excellent au début mais qu’on ne peut plus supporter à la fin pour John Locke (Terry O’Quinn).
Les points forts : La créativité sans limite des scénaristes, même si elle est parfois un peu trop débordante, permet de nous livrer une deuxième partie de saison exaltante. Une toute nouvelle dimension est ainsi conférée à la série, desservie par un casting magistral et surtout des dialogues brillants et ingénieux.
Les points faibles : A trop vouloir en faire, la série a réellement flotté en début de saison. Intrigues incompréhensibles ou carrément borderlines, Lost a voulu prouvé qu’elle pouvait aller encore plus loin que ce que ses propres lui demandaient et s’est cassée la figure. Fort heureusement, le revirement de situation et le retour à un schéma classique (qui ne veut nullement dire que ce n’est pas original) permettra de sauver et de consacrer la série.
Conclusion : Il n’y a pas à dire : Lost n’a pas son pareille pour déchainer autant les passions. On aime ou on déteste mais Lost ne laisse personne indifférent. Tout le monde pourra s’accorder sur l’ambition et la prise de risques des scénaristes qui n’ont pas hésité à réinventer leur série plusieurs fois cette saison par des styles de narration tantôt brillants, tantôt casse-gueule, cela dépend finalement des points de vue. Pour ma part, j’ai été totalement conquis par la deuxième partie de saison qui a redonné toutes les lettres de noblesse à la série en jouant magistralement sur l’aura et le mystère de la série, saupoudré d’action, de tension, d’émotion, de questions mais aussi d’humour. Rarement une saison n’aura finalement été si complète et si aboutie que celle-ci. En plaçant la barre si haut, il ne reste plus qu’a espérer que la saison 6 vienne consacrer Lost comme l’une des séries les plus cultes de la décennie.
COLE.
Places 4 à 1 la semaine prochaine.
Avec la collaboration des sites suivants :


