A voir : 14-18, le bruit et la fureur, de Jean-François Delassus.
Le 11 novembre 2008, le documentaire inédit 14-18, le bruit et la fureur créait la surprise avec 6 millions de téléspectateurs sur France 2. Ce document a la particularité d'être rediffusé sur deux chaînes différentes ce soir : en première partie de soirée sur Planète, puis à 22h50 sur France 2.
Tout est loin d’avoir été dit sur la “der des ders”, sur l’histoire de cette immense tromperie, de ce gâchis infini. A travers le récit d’un soldat qui a traversé toute la guerre et qui parle aussi au nom de ses camarades, 14-18 le bruit et la fureur est un documentaire réalisé à partir d’images d’archives, pour la première fois, restaurées, colorisées et sonorisées. A rebours de la victimisation du soldat qui a longtemps prévalu, le propos de ce film est nouveau : la Grande Guerre a été entretenue par un consentement général. Ce sont des sociétés entières qui se sont jetées dans ce qu’elles pensaient être un combat de la civilisation contre la barbarie. Elles se sont ainsi engagées dans le premier massacre de masse moderne, sans avoir la moindre idée de ce qui les attendait. En suivant les analyses d’Annette Becker, l’un des chefs de file de ce nouveau courant historiographique, ce film donne une vision neuve de ce conflit dont l’ampleur, la violence, le caractère total ont à la fois préfiguré et engendré les tragédies du XXe siècle.
Jean-François Delassus, réalisateur du doc., précise qu'il n’existe aucune image authentique de combats durant 14-18 (il en a été presque de même en 39-45). "Une caméra de l’époque ne pouvait pas suivre un soldat pendant l’assaut. Les images de combat, dont certaines sont vraiment proches de la réalité, ont été reconstituées pendant ou après le conflit. Nous utilisons ainsi des images d’un film allemand relatant la bataille de la Somme, qui a été entièrement mis en scène en Allemagne. Nous utilisons un film anglais qui a été le premier grand reportage de guerre. Mais vous trouverez là-aussi un minimum de mise en scène : soyez certain qu’il a été demandé à plusieurs reprises aux soldats de sortir des tranchées pour réaliser un champ contrechamp et que cela n’a pas été tourné le jour de l’attaque. Par contre, les images du retour du combat de blessés ou de soldats harassés sont authentiques. Enfin, j’ai gardé pour le générique de fin, un plan unique d’une minute vingt où l’on voit passer des cavaliers dont l’un d’eux est victime d’un obus et dont je suis certain qu’il n’a pas été mis en scène. Une perle dans des milliers de kilomètres d’archives. Ce plan est exceptionnel par sa longueur : les archives n’offrent que très peu de plans dépassant les quelques secondes. Je me suis évertué à conserver les plus longs pour qu’on puisse vivre des scènes et imaginer l’émotion vécue à l’époque".
Conseillère historique Annette Becker.
Montage Olivier Martin.
Narration Jean-François Delassus.
Consultants historiques Joëlle Beurier, Jean-Pierre Verney et Laurent Veray.
Restauration et colorisation des archives Digital Graphics.
Crédit photo © DR.