Grandeurs nature : Plongée en Asie du Sud-Est avec les noces des éléphants.

Grandeurs nature : Plongée en Asie du Sud-Est avec les noces des éléphants.

Plongée en Asie du Sud-Est ce dimanche 12 avril pour le rendez-vous GRANDEURS NATURE.  A 16h25 sur France 2.

Le document Les noces des éléphants propose au téléspectateur de partir à la rencontre du peuple Bunong qui depuis des siècles domestique les éléphants tout en les considérant comme leurs égaux et "leurs frères de la fôret". Mais cette relation homme-animal est aujourd'hui menacée par le rétrécissement des fôrets, la diminution du nombre d'éléphants et des lois interdisant de capturer de nouveaux pachydermes... ​

Film inédit, réalisé par Pascal Cardeilhac, Daniel Ferguson. Ecrit par Pascal Cardeilhac, Jérôme-Cécil Auffret.

Au cœur de l’Asie du sud-est, il reste des forêts impénétrables. Des hommes hors du commun y ont gardé un savoir-faire ancestral : la domestication des éléphants. On les appelle les Bunong – le peuple originel des montagnes. Depuis des siècles, les Bunong considèrent les éléphants comme leurs frères de la forêt. Ensemble, ils firent des prouesses. La majestueuse cité d’Angkor fut bâtie grâce à l’ingéniosité des hommes, alliée à la force physique de leurs éléphants. Ils vivent en harmonie dans ce monde de forêts où une multitude de génies règne sur la destinée des hommes et des animaux. Aujourd’hui ce monde est en danger. Les forêts rétrécissent. Les éléphants sauvages se font rares, et de nouvelles lois interdisent aux Bunong de les capturer. Les derniers éléphants domestiques sont le seul trésor des Bunong. Mais ils vieillissent. Il faudrait les faire se reproduire. Les Bunong sont des chasseurs, pas des éleveurs. Leurs lois sont strictes. La plus importante de toutes, interdit les relations sexuelles hors mariage. Étant frères des humains, les éléphants obéissent aux mêmes lois. Avant de faire se reproduire deux éléphants domestiques, il faudrait bousculer les tabous. À moins, peut-être, de marier le couple ? De mémoire de Bunong, de telles noces n’ont jamais eu lieu…

Crédit photo © La Compagnie des Taxi-Brousse.

Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours été captivé par les éléphants asiatiques. Mon premier contact avec eux remonte à 2002 : je voyageais alors en Thaïlande pour filmer Vitaly Komar et Alexander Melamid, deux artistes conceptuels qui apprenaient aux éléphants la peinture afin d’amasser des fonds pour leur sauvegarde. Depuis, j’ai filmé des éléphants en Inde, au Sri Lanka, au Viêt-Nam, au Laos et au Cambodge. J’ai été spectateur de nombreuses histoires fascinantes entre hommes et éléphants, mais jamais aussi poignante que celle des Bunongs.

En 2006, j’ai lu un article qui traitait d’Ama Kong, l’un des derniers patriarches appartenant aux tribus légendaires de chasse à l’éléphant qui soient encore en vie. J’ai été captivé par la façon dont il décrivait le rapport qui existait entre homme et éléphant : c’était comme si chacun dépendait de l’autre pour sa survie. Je me suis résolu à trouver Ama Kong pour en apprendre davantage.

J’ai finalement pu le rejoindre, dans son domicile reculé des Montagnes Centrales du Viêt-Nam. À 92 ans, sa santé était défaillante. Durant huit heures, réparties sur deux jours, Ama Kong m’a raconté sa vie haute en couleurs. Il a eu quatre femmes, vingt et un enfants; il a capturé et apprivoisé 298 éléphants; il a été au service du dernier empereur vietnamien (Bao Dai) et a assisté au déclin des éléphants à travers la région.

« Allez au Cambodge », m’a-t-il dit, « c’est l’endroit où tous les animaux vont. C’est l’endroit où mon peuple va. Ils quittent le Viêt-Nam. »

En 2009, j’ai décidé de suivre son conseil et commencé mes recherches sur la tribu ethnique d’Ama Kong, les Bunongs. J’ai passé des semaines à visiter Bunong et les villages cambodgiens qui se trouvent à la frontière. J’ai été captivé par les parallèles existant entre les Bunongs et les éléphants. J’y ai vu le potentiel d’un récit singulier.

Plusieurs Bunongs que j’ai rencontrés m’ont inspiré et m’ont persuadé que je devais raconter le destin des éléphants de cette zone du monde à travers eux. Plus j’apprenais, plus j’étais convaincu de la nécessité de faire ce film, et de le faire maintenant. C’était une opportunité pour moi d’exprimer toutes ces années de frustration à voir des éléphants captifs vivant dans des conditions misérables; ma révolte contre l’accélération de la déforestation illégale; ma tristesse de voir ces compagnies et ces individus soutenir malgré eux ce cycle. Nous sommes de plus en plus conscients de l’impact des enjeux environnementaux sur nos vies individuelle et collective, tant en ce qui concerne les changements climatiques, la déforestation, l’érosion de la biodiversité que les pénuries alimentaires.

L’éléphant est ici le symbole qui définit une communauté : une façon de vivre, une identité. Mais ce film est peut-être l’histoire de la fin de l’éléphant dans la société bunong actuelle. Au fond, il s’agit d’une histoire universelle.

Dans ce cas-ci, la tradition de vivre avec des éléphants en captivité disparaîtra complètement dans les cinq à dix prochaines années. La seule manière de sauvegarder les éléphants au Cambodge est d’en protéger la population sauvage. Grâce à leur connaissance intime de la forêt et de la faune, les Bunongs sont des acteurs indispensables aux efforts de conservation. Et il y a toujours de l’espoir pour l’éléphant du Cambodge. Une partie de la solution serait de reconnaître les Bunongs comme étant les « gardiens » de la forêt et de ses ressources « non exploitables ».

Si l’éléphant asiatique doit survivre et prospérer au Cambodge, ce sera par l’effort concerté du gouvernement, des ONGs et des Bunongs.

Daniel Ferguson, co-réalisateur.

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L
Bonjour, On peut encore découvrir les éléphants au Cambodge. Mais le progrès fait que les jeunes ne veulent plus s'en occuper. Ils rêvent de moto et voiture! Nos guides francophone d'Angkor peuvent vous emmener dans les montagnes au contacts des éléphants.
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