En hommage à Robert Badinter, Public Sénat va rediffuser le téléfilm L'abolition.

En hommage à Robert Badinter, Public Sénat va rediffuser le téléfilm L'abolition.

En 2009, les téléspectateurs de France 2 pouvaient découvrir le téléfilm inédit en deux parties L'abolition.

En hommage à Robert Badinter, Public Sénat proposera de revoir les 2 x 90 minutes le samedi 2 mars prochain, à partir de 21 heures.

Réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe. Scénario de Alain Godard. D'après Robert Badinter (L'Exécution et L'Abolition aux éditions Fayard).

Avec : Charles Berling (Robert Badinter), Laurence Cordier (Elisabeth Badinter), Mathieu Simonet (François Binet), Didier Bezace (le président de la cour d'assises), Alain Fromager (Philippe Lemaire), Philippe Uchan (l'avocat général) et Monique Chaumette (la mère de Robert Badinter). Avec la participation de Gérard Depardieu (Henri Torrès).

Première partie : Septembre 1971, à la centrale de Clairvaux, un gardien et une infirmière sont tués après avoir été pris en otages par les détenus Claude Buffet et Robert Bontems. Robert Badinter partage son temps entre son cabinet d'avocat et la faculté de droit où il enseigne. Un collègue, Philippe Lemaire, lui demande de le rejoindre pour assurer la défense de Bontems, dont le procès va débuter. Pourquoi, alors qu'il ne plaide plus au pénal, va-t-il accepter ? Parce que Bontems risque la peine de mort. Très vite, en étudiant le dossier, Badinter arrive à la conclusion que Buffet seul a tué les deux otages. Il doit le prouver, alors que les deux hommes sont associés dans ce crime. Il s'engage à sauver la tête de son client : on ne tue pas celui qui n'a pas tué. Le procès débute à Troyes dans une atmosphère haineuse : l'administration pénitentiaire, par la mort de l'un de ses gardiens, l'opinion publique, par celle de l'infirmière, amènent l'émotion, relayée par la presse. L'avocat général requiert la peine de mort en affirmant qu'il convient de ne faire aucune différence de traitement entre les deux accusés, constatant leur collaboration permanente. Avec toute la conviction dont il est capable, Badinter martèle qu'on ne condamne pas à mort celui qui ne l'a pas donnée. Il supplie le jury de ne pas associer les deux hommes dans le crime. Buffet et Bontems sont condamnés à la peine capitale. La grâce présidentielle leur est refusée. Les deux hommes seront guillotinés en novembre 1972.

Charles Berling, à propos de son rôle : "Lorsque Jean Nainchrik m’a parlé de son projet de raconter le combat pour l’abolition, en me demandant si je voulais interpréter Robert Badinter, j’ai tout de suite été emballé, et en même temps un peu intimidé et incrédule. Je lui répétais : “Mais enfin, tu es sûr, il est d’accord ?” Ensuite, j’ai fait pas mal de choses, ce qui fait que j’ai laissé cette idée de côté. Et quand est arrivé le moment de lire le scénario, j’ai réalisé à quel point c’est le type de film qui donne énormément le trac — Robert Badinter est un homme que j’admire, son parcours et son combat forcent le respect, etc. — mais qui fournit aussi les armes pour surmonter ce trac. Parce qu’au-delà des faits historiques on est dans quelque chose d’essentiel et d’actuel, et parce que je crois que c’est la grande vocation de la télévision de se coltiner ces sujets fondamentaux, d’éclairer les mouvements profonds de la société, de témoigner, de questionner. La fiction, en particulier, permet souvent de replacer les grands débats dans leur dimension humaine, c’est-à-dire passionnée, contradictoire, paradoxale, existentielle... Pour un comédien, un tel rôle, c’est une merveille, une pépite." (...) "J’ai d’abord fait la connaissance de Jean-Daniel Verhaeghe et, comme on fait avec les bons réalisateurs, nous avons commencé à discuter, à relire le scénario, à chercher, à imaginer... Assez rapidement, après avoir lu ses livres, j’ai éprouvé le besoin de rencontrer Robert Badinter, de lui parler, de comprendre sa singularité, l’essence de son combat, son histoire, son parcours. Parce que, dans mon esprit, il ne s’agissait pas tant de jouer Robert Badinter, je veux dire cette figure que tout le monde connaît aujourd’hui, cet homme qui a été le champion de l’abolition, qui fut garde des sceaux, etc., que d’interpréter un jeune avocat qui vient plutôt du droit des affaires et qui tout à coup se trouve happé par quelque chose d’immense et de terrible et va mettre dix ans de sa vie pratiquement entre parenthèses pour mener le combat contre la peine de mort. Il fallait se placer à ce moment-là, en ignorant presque la suite. Et se demander : quelle est la force qui pousse quelqu’un à affronter la haine, à aller à contre-courant pour une idée juste, un idéal, une conviction profonde ?"

Robert Badinter n'a pas voulu se mêler de l'adaptation de deux de ses ouvrages. Voici ce qu'il disait à l'époque : "Ce n’est jamais très bon qu’un auteur intervienne dans une adaptation. J’avais mis cependant deux conditions. D’une part, évidemment, je me réservais le soin de corriger éventuellement les erreurs factuelles, les inexactitudes du scénario. D’autre part, j’ai demandé à être consulté sur le choix des comédiens qui joueraient mon propre rôle et celui d’Elisabeth, ma femme. Qu’on me pardonne, je n’avais pas envie d’être “incarné” par un comédien, même excellent, en qui je ne me reconnaîtrais pas. Ce n’est pas que Charles Berling ressemble absolument à celui que j’étais à l’époque, mais c’est un maigre. J’ai toujours été maigre. Et comme disait mon maître Henry Torrès : “Il y a ceux qui plaident avec leurs tripes et ceux qui plaident avec leurs nerfs. Tu feras toujours partie de la seconde catégorie.” Par curiosité, je suis allé voir Berling tourner au palais de justice de Pontoise. Je ne peux pas vous dire si c’est moi, je n’en sais rien. On ne se voit pas plaider, vous savez, a fortiori quand il s’agit d’affaires de ce genre, il faudrait demander à mon collaborateur François Binet, qui était à mes côtés à l’époque. Peu importe, au fond, il s’agit d’une restitution, d’une réinterprétation, d’une oeuvre à part entière. Mais j’ai trouvé cependant qu’il y avait dans la scène de procès à laquelle j’ai assisté une tension, un réalisme et une vérité absolument troublants. C’est là où réside le miracle de l’art dramatique, et le très grand talent de Berling : il était devenu moi mais ce moi n’était pas moi."

Crédit photo © Septembre Productions.

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