Tropiques amers, première saga française sur l'esclavage, à redécouvrir dès ce dimanche sur Histoire TV.

Ce dimanche à 20h50 et 21h40, puis les 13 et 20 décembre, la chaîne Histoire TV diffuse la saga Tropiques amers. Deux épisodes par soirée pour cette fiction découverte en 2007 sur France 3.

Le synopsis : Le comte de Rochant, aristocrate désargenté et nouvel intendant du Roi, arrive au port de Saint-Pierre de la Martinique en 1788. Il est accompagné de sa femme, de son fils François et de sa fille Olympe qu'il va marier à Théophile Bonaventure, un riche propriétaire de plantation de canne à sucre. Sur la route du domaine, ils s'arrêtent à une vente d'esclaves. Olympe est fascinée par un asservi et souhaite l'acheter. Amédée, esclave intendant du domaine de Théophile, déconseille cette acquisition : Koyaba, tout juste arrivé d'Afrique, est un rebelle, impropre au travail dans les champs de canne à sucre et rétif à toute soumission. Pour épater sa future épouse, Théophile choisit d'ignorer son avis et cède au caprice d'Olympe. Le mariage d'Olympe et de Théophile est célébré dès leur arrivée à l'Habitation Bonaventure. La famille de Rochant s'installe dans la plantation et découvre la société antillaise à la veille de la Révolution française : hostilité de l'élite locale au pouvoir royal, réalité du commerce triangulaire, esclavagisme et application du « Code noir ».

Le casting :

  • Fatou N'Diaye (Adèle),
  • Jean-Michel Martial (Amédée),
  • Jean-Claude Adelin (Théophile Bonaventure),
  • Léa Bosco (Olympe Bonaventure),
  • Thiam Aïssatou (Rosalie),
  • Jacky Ido (Koyaba),
  • Kevin Dust (Jacquier),
  • Nicolas Herman (François de Rochant),
  • Moohna Njay (Manon),
  • Lucette Salibur (Man Joseph),
  • Delphine Rich (Madame de Rochant),
  • Marc Berman (Monsieur de Rochant),
  • Marc Ponette (Christian de Chabot),
  • Daniel Bilong (Jean-Baptiste),
  • Anabelle Hettmann (Constance)

L'historienne Myriam Cottias a coécrit le scénario de Tropiques amers avec Virginie Brac. Spécialiste de l'esclavage aux Antilles, elle revient sur cette fiction :

"Élizabeth Arnac nous avait demandé de raconter la vie d'une habitation de cannes à sucre aux Antilles françaises, sur une période précédant la Révolution française jusqu'au rétablissement de l'esclavage en 1802. Nous avons choisi de camper le récit en Martinique tout en parlant d'Haïti et de la Guadeloupe, à travers un certain nombre d'événements historiques qu'il nous semblait important d'évoquer. Bien qu'ayant été secouées régulièrement par des révoltes, les Antilles n'ont cependant pas connu les grands embrasements du soulèvement des esclaves de Saint-Domingue et d'Haïti. Les Antilles n'ont donc pas conquis leur liberté par les armes, mais par décret.

En décrivant les stratégies de survie très élaborées des esclaves, nous montrons que l'héroïsme ne passe pas forcément par les armes. C'est un message fort, qui redonne de la dignité à ces personnes qui ont vécu l'esclavage et en sont sorties. Car la dignité se remarque aussi dans cette quotidienneté de la relation esclavagiste, où la résistance passe par des actes infimes, qui permettent néanmoins de s'affirmer en tant qu'êtres humains. Cela dit, il fallait éviter de présenter une version trop manichéenne de la relation esclavagiste dans ses pires horreurs, tout en essayant de montrer qu'une situation horrible peut s'exprimer d'une autre façon que par la violence permanente, sans pour autant occulter cette violence. Il était aussi important d'expliquer comment cette relation perverse maître-esclave entraîne tout le monde dans une spirale d'inhumanité.

Certains esclaves s'évadaient des plantations et allaient vivre dans les bois, en reconstituant une communauté. C'était le marronnage. Dans les Antilles françaises, les « marrons » ont formé des communautés dans les mornes, où, régulièrement, l'administration royale décidait d'organiser des expéditions punitives, avec des chiens. C'est ce que nous décrivons à propos de la fuite de Koyaba. Au moment de la révolution de Saint-Domingue, les marrons vont jouer un rôle très important dans l'abolition. Nous avions comme objectif d'évoquer Saint-Domingue - qui va devenir Haïti en 1804, au moment de l'indépendance - où le rétablissement de l'esclavage en 1802 par Napoléon va provoquer le soulèvement général des asservis. Pour ce faire, nous avons utilisé le personnage de Koyaba, qui rejoint les marrons dans les mornes, puis s'évade vers Saint-Domingue, avant de revenir aux Antilles et de repartir vers Haïti. Les tribulations de Koyaba sont en cohérence avec ce qui se passait à l'époque, dans la mesure où, dans toutes les Caraïbes, le mouvement était permanent, que ce soit pour les colons, les esclaves ou les marchandises.

Nous avons voulu faire de Théophile un colon type, avec toute la violence que cela suppose, mais qui n'appartient pas à la société des grands colons. C'est un pauvre qui a construit sa fortune à la force du poignet. Il est tenu à distance par les faux aristocrates comme La Rivière, qui ont tous acheté des terres pour construire leur particule. Théophile est tellement déraciné que ses esclaves constituent en quelque sorte sa seule famille. Mais il reste le maître et impose toujours violemment son pouvoir. C'est un personnage complexe. Cette proximité avec les esclaves lui permet de tomber amoureux d'Adèle, même s'il ne s'agit pas d'un amour généreux. Pour rendre plausible l'histoire d'Adèle et de Théophile, nous avons été très attentives aux étapes qui rendent le mariage possible. Adèle se rend indispensable, gagne de l'argent et est affranchie avant que le mariage ait lieu. Mais c'est un mariage de pauvres, avec des témoins achetés.

Les personnages de Rosalie et d'Amédée nous ont servi à représenter la diversité du statut des esclaves dans la plantation. Ils ne représentaient pas une masse sans visage, dont n'émergerait que l'asservissement. Beaucoup d'esclaves avaient des compétences, donc des métiers. Certains - comme Amédée - savaient lire et écrire et étaient parfois plus instruits que leur maître. Nous avons aussi amené un personnage très important en la personne de Jacquier, le métis indien libre... C'est un descendant des premières populations des îles Caraïbes, les Arawaks, des Indiens d'Amazonie qui ont remonté en pirogue tout l'arc antillais jusqu'en Floride, s'arrêtant sur chaque île. Ils ont été globalement exterminés par les différentes puissances européennes, venues s'installer à leur tour. Leur disparition progressive est liée au développement de la culture du sucre. Dans les îles françaises, quelques-uns ont survécu et se sont métissés..."

Le Code noir est un recueil d'une soixantaine d'articles promulgués en 1685 sous le règne de Louis XIV, et qui a été publié plusieurs fois, notamment au XVIIIe siècle. Il rassemble toutes les dispositions réglant la vie des esclaves noirs dans les colonies françaises des Antilles (en 1685), de Guyane (à partir de 1704) et de l'île Bourbon (en 1723). Il a servi de modèle à d'autres règlements utilisés dans d'autres colonies européennes.

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