Après la diffusion du téléfilm "René Bousquet ou le grand arrangement" sur Arte (20h40), France 3 propose une enquête historique à 23h25 : "L'énigme René Bousquet". Un documentaire inédit signé
Patrick Cabouat.
Selon France 3, L’Enigme René Bousquet est une enquête minutieuse et probante sur celui qui fut l’ancien chef de la police de Vichy. De son ascension
politique dans les années trente à son implication croissante dans la politique collaborationniste de Laval, de son procès en 1949 à sa « réinsertion » paisible dans le monde des affaires avant les
révélations de l’Express en 1978 : ce documentaire revient, grâce aux recherches menées par André Annosse et Gérard Carreyrou, sur les moments clefs de la vie de René Bousquet afin de comprendre
les étapes essentielles de son parcours personnel.
Une mise en perspective de la collaboration, aussi bien pendant la guerre que jusqu'à ses prolongements dans la période actuelle.
A l'âge de 69 ans, René Bousquet vit paisiblement à Paris, avenue Raphaël, quartier riche surplombant les jardins du Ranelagh dans le XVIe arrondissement, lorsque
éclate "L'affaire Bousquet ".
Le 28 octobre 1978, L'Express publie un entretien de Darquier de Pellepoix, réalisé par Philippe Ganier-Raymond. Le journaliste a retrouvé, en Espagne, l'ancien commissaire général aux Questions
juives qui se cachait depuis la Libération. Au cours de l'interview, quand il est question de la grande rafle du Vel' d'Hiv. dont on l'accuse traditionnellement, Darquier s'en défend : "La grande
rafle, c'est Bousquet qui l'a organisée. De A à Z. Bousquet était le chef de la police. C'est lui qui a tout fait..."
Après 29 ans d'une vie paisible et respectable dans le monde des affaires, le passé revient et René Bousquet sort soudain de l'ombre. Les déclarations de Darquier ont retenu l'attention du
"chasseur de nazis", Serge Klarsfled.
A partir de ce jour, l'ancien chef de la Police de Vichy devient l'un des derniers symboles vivants de la collaboration française à l'extermination des juifs d'Europe. Mais il ne faudra pas moins
de treize ans de combats acharnés de l'avocat parisien pour qu'il obtienne enfin des magistrats de la chambre d'accusation de Paris, son inculpation pour "crimes contre l'humanité".
Et pourtant ce procès n'aura jamais lieu car le 8 juin 19993, Christian Didier, un illuminé se croyant investi d'une mission "pour la sauvegarde de l'humanité", assassine René Bousquet de cinq
balles tirées à bout portant.
René Bousquet est encore aujourd'hui un mystère de l'Histoire. Sa personnalité, son parcours, ses réseaux de soutien, l'impunité dont il a bénéficié continuent de soulever de nombreuses
questions...
À la différence de Touvier qui n'était qu'un milicien criminel ou de Papon, haut fonctionnaire d'application, René Bousquet, ministre et conseiller de Pierre Laval, était un " décideur politique
".
Etait-ce pour plaire à son chef, concepteur et animateur de la Collaboration, qu'il est allé bien
au-delà de la stratégie "rusée et prudente " du Maréchal Pétain ?
Les intrigues "du petit monde de Vichy" ont ouvert une voie royale à ceux qui souhaitaient accélérer leur plan de carrière, avec en prime, les apparences vertueuses du devoir et du dévouement au
bien public, voire du sacrifice. Aucune sorte de devoir, aucune éthique du service de l'état n'obligeait René Bousquet à accepter les sollicitations de Pierre Laval, à revendiquer ses engagements
politiques, à être ce qu'il a été, à couvrir ce qu'il a couvert, à faire ce qu'il a fait. Pour sa défense, Bousquet a évoqué "la Raison d'Etat et l'affirmation de la souveraineté nationale" mais
n'était-ce pas plutôt pour se donner bonne conscience ?
Le crime nazi fut tellement inconcevable et les complicités françaises tellement inacceptables que la génération d'après-guerre trouve légitime de demander des comptes à celle qui en fut
responsable. Le débat n'est pas clos car l'on sent bien, aujourd'hui encore, avec quelle complaisance idéologique les nostalgiques de la "Révolution Nationale" cherchent à réhabiliter le régime de
Vichy.