A voir : Duch, le maître des forges de l'enfer (diffusé avant sortie en salles).

9 Janvier 2012

Dans la case « Docs interdits » ce lundi 9 janvier peu avant 23 heures sur France 3, diffusion en avant-première de Duch, le maître des forges de l’enfer, documentaire du cinéaste Rithy Panh sur un responsable khmer rouge.

En quatre ans, de 1975 à 1979, le régime communiste de Pol Pot a causé la mort de 1,8 million de personnes, soit près d’un quart de la population du Cambodge. Ce film exceptionnel, dans lequel le réalisateur interroge longuement Kaing Kek Iev, dit Duch, a été présenté pour la première fois au dernier Festival de Cannes. Il sort au cinéma le 18 janvier, France 3 le propose à ses téléspectateurs neuf jours avant sa sortie en salles.

Par Agnès Juglar :

Kaing Kek Iev, dit Duch, a dirigé la prison des maquis M13 pendant quatre ans, avant d'être nommé par l’Angkar (l’Organisation) au centre S21 à Phnom Penh, la terrifiante machine à éliminer les opposants du pouvoir en place. En sa qualité de secrétaire du parti à S21, il a commandé cette folie meurtrière du régime de Pol Pot où périrent quelque 12 380 innocents. Duch a été condamné à trente-cinq ans de prison en juillet 2010, il est le premier Khmer rouge à répondre de ses crimes devant les tribunaux cambodgiens : son témoignage est unique, tant il est inédit de voir un responsable de crime de masse accepter de s'exprimer sur sa responsabilité. Et elle est lourde ! Aujourd’hui, il a fait appel ; la décision du procès aura lieu en juin 2012.

Ce documentaire est à plusieurs titres exceptionnel : d’abord, le cinéaste Rithy Panh a obtenu du tribunal une permission extraordinaire de s'entretenir avec Duch et de le filmer : 300 heures de rushes de monologue du responsable khmer rouge viennent éclairer les téléspectateurs sur les motivations profondes du bourreau. Reconstructions, photos, vidéos d'archives étayent sa parole. Ensuite, après S21, La machine de mort khmère rouge (2001), consacré au processus d'extermination mis en œuvre dans ce camp, Rithy Panh propose un document qui dans sa forme ne juge pas mais propose la vérité d’un homme et celle d’une idéologie criminelle. Le résultat est troublant, tant le bourreau est humain, cultivé, intellectuel et parfois sensible…

Distillé comme un long monologue, la parole de Duch recueillie est entrecoupée d’images d’archives, de photos, de reconstitutions, de témoignages de survivants. Aucun commentaire, aucun jugement ou signe de colère ne ressort du film. Aux téléspectateurs de se faire une idée de l’homme qui parle. Le cinéaste propose un tête-à-tête, sans fioritures ni sensiblerie. Et implacablement, on comprend, au fil du récit, le cercle vicieux et infernal d'un système de destruction de l'humain, le délire d’un génocide programmé par un régime communiste inspiré des théories marxistes.

RETROUVEZ-NOUS SUR CE COMPTE TWITTER.

RETOUR PAGE D'ACCUEIL.

LISTE DES 40 DERNIERS ARTICLES.