Cast. Ecrit par Gillian Horvath (Xena). Produit par Paul Shapiro (Smallville). Avec Eric Johnson (Smallville), Gina Holden (Reunion), Karen Cliche (Mutant X).
Horaire. Le vendredi soir sur Sci-Fi USA à 21 heures.
Le Pitch. Flash Gordon et sa copine Dale Arden se retrouvent propulsés sur la planète Mongo pour la libérer des mains d’un terrible dictateur
sanguinaire.
Premier Avis.
A l’instant où vous avez vu la photo de présentation, vous avez tout de suite su, aujourd’hui ça va casser.
J’aurais pu choisir de vous parler de la nouvelle série de HBO, John From Cincinatti ou de l’excellente nouveauté Mad Men de AMC, mais au lieu de cela je vais vous parler de Flash Gordon. Quel
mauvais chroniqueur je fais ! Je l’avoue, je tombe dans la facilité. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas !
Un journaliste du New York Post a commencé sa chronique sur ce pilote en s’excusant auprès des fans de Flash Gordon du monde entier pour avoir lui-même pris partie à cette vaste
mascarade en regardant le pilote. J’aimerais donc en faire tout autant. Comment vous expliquer, c’est surréaliste, voire même surhumain. Oubliez tout ce que j’ai pu vous dire sur les séries que
j’ai pu critiquer jusqu’ici. On vient de rentrer dans une nouvelle ère de la médiocrité mes amis.
Il y a en réalité deux sortes de médiocrité. Il y a la mauvaise médiocrité, la médiocrité coupée à un soupçon de qualité ou d’ennui, comme Numb3rs. Et puis il y a la bonne, la
vrai, la pure médiocrité. De la médiocrité qui a été faite pour ça, de la médiocrité qui s’assume et qui le revendique. Et faites-moi confiance, Flash Gordon c’est de la bonne ! En
fait, Sci Fi a voulu faire une sorte de buzz à l’envers, une vraie série pourrie pour faire parler d’elle. Et c’est réussi !
Regardez Painkiller Jane, l’autre nouveauté de SciFi sur une mutante du dimanche qui guérit les pauvres gens, c’est juste nul et tout le monde s’en fout. Alors pour Flash Gordon, Sci Fi a voulu y
mettre les moyens. Mais entendons nous bien, je ne parle pas de moyens financiers bien sur, le budget devant avoisiner les 3 dollars, charges comprises. Pour vous donner une idée, vous pouvez
enfiler une vieille tenue de Power Rangers et suspendre un frisbee à votre chêne dans le jardin et vous pouvez refaire le pilote de Flash Gordon. J’exagère à peine.
En parlant de moyens, je parlais bien sur de l’équipe technique derrière le pilote. Faut voir l’équipe de pieds nickelés. Bon déjà, côté scénaristes, ils n’ont pas lésiné sur les
moyens. Certains pilotes, petits joueurs qu’ils sont, se contentent d’anciens membres de séries de seconde zone comme les Sopranos ou Six Feet Under. Flash Gordon a tout de même recruté chez
Xena, Hercule et Smallville ! Et côté casting, si j’ose appeler ça un casting, c’est une vraie cour des miracles. A commencer par Flash Gordon lui-même, que dire, vous pensiez connaître le
degré 0 de l’interprétation ? Et bien vous vous trompiez. Imaginez un sous Tom Welling, fils spirituel d’Arnold Schwarzenegger et Nick Carter, avec une petite mèche blonde indispensable qui
n’est pas sans rappeler la mode des boys band tchécoslovaques des années 90. A côté de lui, on retrouve Karen Cliché, ça ne s’invente pas. Et puis Panou, non ce n’est pas le nom du coiffeur de
Michou, mais bien l’inoubliable interprète d’une série appelée ‘I was a sixth grade alien’ qui racontait l’intégration difficile d’un petit alien aux cheveux bleus dans une classe de sixième du
Middle West. C’est authentique.
Alors pour résumer tout de même en deux mots le pilote, c’est l’histoire de Flash. Ce n’est pas un pseudonyme style Batman ou Superman, non, non, le gars s’appelle vraiment
Flash. Bon, déjà, j’aimerai bien voir la gueule des parents. A moins bien sur qu’il n’ait été baptisé en hommage à la performance sexuelle de l’heureux papa ce soir là, l’histoire ne le dit
pas. Mais enfin, admettons. Donc, Flash (je ne m’y habituerai jamais) est un coureur de marathon et evidemment, ce jour-là, il remporte le marathon. On le présente donc à une journaliste, dont le
prénom est Dale (décidément), et dont on devine sans surprise qu’ils coucheront ensemble avant la fin de l’épisode. Le dialogue de présentation est absolument surréaliste et involontairement très
drôle. Cela donne ‘Hey Dale !’, ‘Hey Flash !’. On se croirait dans une série AB productions.
La scène que je viens de vous décrire est tout à fait inutile, j’en conviens mais croyez le ou non, c’est la plus intéressante de l’épisode. Inutile donc de s’attarder sur la
suite du pilote où Flash est envoyé pour sauver une planète dont tout le monde se fout, c’est un vrai naufrage de bout de bout. Les effets spéciaux sont aussi ridicules que les dialogues, c’est
dire. C’est limite si on ne voit pas le fond vert derrière. Les déguisements des méchants sont vraiment le comble du pilote, avec la petite marche en apesanteur, les combinaisons en plastiques et
les éclairs en lasers, on dirait une publicité pour le dernier gadget Lansay. Et le pire, c’est qu’ils se prennent tellement sérieux que ça en devient triste à pleurer. A la rigueur, un côté
cheap assumé aurait pu sauver la série mais ce n’est pas du tout le cas.
A ce propos, il y a tout de même un passage assez extraordinaire dans ce pilote qui restera à jamais gravé dans les annales des scènes de combat mythiques de l’histoire de la
télévision américaine. On a donc notre ami Flash qui se bat contre le robot en plastoc dans sa cuisine. La scène est déjà assez surréaliste avec l’autre abruti qui donne des coups de rouleaux à
pâtisserie contre un vieux robot, qui m’a d’ailleurs rappelé K3PO de Star Wars, mais la version de 1974. Pour vous donner une idée, on entend le bruit des articulations qui rouillent quand le
robot bouge. Enfin le robot c’est un bien grand mot… disons plutôt le gars sous le costume. Oui, ils sont mêmes pas foutus de faire un trucage à l’ordinateur ! Et puis là, alors qu’on pense
que la scène a atteint le paroxysme du ridicule, sa copine arrive à sa rescousse et prend la première chose qu’elle trouve pour assommer le robot. Et il se trouve que c’est un mixer. On n’est
plus à ça prés. Et là, Flash, tout en se débattant avec la machine, vient nous achever avec une réplique tout simplement formidable : ‘Non, ne touches pas au mixer, sinon ma mère va pas être
contente’. C’est vrai que quand on va se faire tuer par un droide, c’est la première chose à laquelle on pense !
Je ne suis, certes, pas fan de séries de science-fiction mais quand bien même, je crois que le niveau est tel que même un fan de la première heure trouverait ce pilote insultant.
C’est plat, ennuyant, inintéressant, irregardable, dramatiquement mauvais. Aucun intérêt n’est éveillé chez le téléspectateur. 65 minutes de vide cosmique, comme dirait notre ami André Manoukian.
Mais bon dans l’histoire, c’est tout de même Sci Fi qui a le plus grand sens de l’humour : 22 épisodes commandés ! Oui, oui, je vous jure ! Et quand on sait que le pilote a battu
des records d’audience, je commence à me faire du souci pour mon pari sur Cavemen
moi !
En deux mots : Que pourrais-je ajouter de plus ? Un pilote ridicule tellement accablant de nullité qu’on dirait même que c’est fait exprès. En tout cas,
si tel est cas, on peut dire que c’est une réussite !
Note : 0/10