L'enfant marchandise. Deux documentaires d'Hubert Dubois sur Grace et Shanti.

Des milliers de jeunes adolescents venant, entre autres, d’Afrique ou d’Inde, se retrouvent pris dans des réseaux de traite : travail forcé ou prostitution, tel est leur quotidien. Un “eldorado” européen bien différent de celui auquel ils s’attendaient... Hubert Dubois dresse, à travers deux documentaires Infrarouge inédits, un constat alarmant et propose de suivre le destin de deux adolescents rescapés de cette traite, Grace et Shanti.




A 23h00, Grace, l'enfant du trottoir.

Grace est Nigériane et vient d’avoir 18 ans. Elle en avait 16 lorsqu’elle est arrivée en France. Elle se dit orpheline. Un oncle l’avait envoyée pour venir faire des études. A peine débarquée à Roissy, elle s’est retrouvée prisonnière d’une proxénète, forcée à se prostituer dans le bois de Vincennes. Elle a souvent été arrêtée pour racolage mais, considérée comme majeure, elle n’a jamais été confiée à la brigade des mineurs et chaque fois remise à la rue. Elle s’est échappée de son réseau il y a quelques jours. Une association la cache dans une famille d’accueil, loin de Paris. Elle doit maintenant l’amener à révéler sa vraie histoire et l’inciter à porter plainte. C’est la condition pour qu’elle sorte de la clandestinité et obtienne peut-être un permis de séjour. Elle pourra alors aller véritablement à l’école. La jeune fille a peur de parler. Il faudra plusieurs mois pour la mettre en confiance et connaître la vérité. Au Nigeria, Sœur Florence, militante contre le trafic d’adolescentes, va mener l’enquête dans le milieu et rencontrer la famille de Grace pour comprendre dans quelles conditions elle a été envoyée en France.




A 23h55, Santi, l'école de la dette.

Shanti a 15 ans. Il est Indien, il vient du Pendjab. Ses parents ont contracté une dette de 13 000 € pour payer des passeurs. Il est à Paris depuis quatre jours, seul, dans la rue. Zubair, un éducateur lui aussi originaire du Pandjab, le recueille et l’emmène dans un foyer pour mineurs isolés étrangers. L’enfant est traumatisé et veut se sauver. Il faudra plusieurs semaines à l’éducateur pour le mettre en confiance. Petit à petit Shanti révèle les modalités de son voyage. Au pays, on lui a donné comme instruction de dire, une fois en France, qu’il veut aller à l’école. Dans la stratégie des passeurs cela veut dire se faire ramasser par les services sociaux et ainsi bénéficier de la protection qui, selon la loi, est due à tout mineur en danger. Une fois installé en France, le jeune peut alors, à sa majorité, travailler pour rembourser sa dette. Mais Shanti n’a que 15 ans, il souffre de la solitude et se sent incapable d’assumer une telle mission. Présenté devant le juge des mineurs, il est placé dans un foyer. A charge pour lui de prouver qu’il est capable de s’intégrer en France. Sinon il sera renvoyé et subira la honte de l’échec.