Vidéo : Entretien avec la jeune Malala Yousafzai dans 7 à 8 sur TF1.

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Lauréate hier du Prix Sakharov, décerné chaque année par le Parlement européen, et qui honore "des personnes exceptionnelles luttant contre l'intolérance et l'oppression", Malala Yousafzai a accordé un entretien à TF1. Pour l'émission Sept à Huit programmée dimanche 13 octobre à 18h05, l'adolescente revient sur son parcours hors du commun, au nom de la paix. C'est le portrait de la semaine par Thierry DEMAIZIERE et Alban TEURLAI :

 

 

 

Du haut de ses 16 ans, Malala Yousafzai milite activement pour le droit des femmes pakistanaises. L’année dernière, le 9 octobre 2012, Malala Yousafzai a reçu une balle dans la tête tirée par les Talibans alors qu’elle rentrait chez elle dans la vallée de Swat au Pakistan. Elle devient alors le symbole de la lutte pour l’éducation des filles et contre les talibans, recevant des distinctions prestigieuses comme le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Elle est actuellement nominée pour le prix Nobel de la Paix 2013.

 

Dans une interview accordée à Mishal Husain pour BBC WORLD NEWS, et diffusée samedi 12 octobre à 18h10, Malala pense que le dialogue est le seul chemin pour la paix et que l’extrémisme peut être éradiqué en éduquant la prochaine génération. Elle avoue également à la BBC son envie de retourner dans son pays natal en dépit du danger : « Je veux retourner au Pakistan mais je dois d’abord être forte… et pour me sentir forte, j’ai besoin d’une seule chose, l’éducation, alors je vais étudier et ensuite je vais retourner au Pakistan ». Elle se confie également sur sa vie sous le régime Taliban, son attaque et son combat pour guérir à l’hôpital de Birmingham.

 

La persécution des femmes

Malala Yousafzai a grandi dans la vallée de Swat au Pakistan, une région fière de son système éducatif. Elle a hérité de ces valeurs mais elle est également née dans une société qui donne peu d’importances aux filles : « Quand je suis née, des membres de ma famille sont venus chez nous et ont dit à ma mère, ne t’inquiète pas, la prochaine fois tu auras un garçon ». Elle déclare également « pour mes frères c’était facile de penser à l’avenir, ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Mais pour moi, c’était dure et pour cette raison, je voulais être instruite, et je voulais m’en donner les moyens avec la connaissance… ».

Depuis sa naissance, le père de Malala, Ziaudin, a été son mentor et son plus grand supporter. Il confie à la BBC : « Je l’ai accepté comme une personne. Je ne l’ai pas traité comme ma propriété. Je l’ai honoré en tant que personne libre et je dis souvent à tous les parents du monde entier – Eduquez vos filles, elles sont incroyables ». Mais en 2008, les Talibans ont pris le contrôle de la vallée de Swat et ont commencé à diffuser à la radio des ordres et des menaces. L’une d’elles a particulièrement changé la vie de Malala. Après le 15 janvier 2008, les filles n’étaient plus admises à l’école : « Les punitions des Talibans étaient cruelles. Ils jetaient de l’acide sur le visage des femmes, les violaient ou bien les tuaient […] J’avais peur de l’avenir. Et à ce moment là, la peur était tout autour de nous, dans chaque rue et dans chaque quartier. A ce moment là, j’ai dit que si nous voulions vaincre cette peur, nous devions trouver le courage et pouvoir nous exprimer ».

 

Une famille d’activistes

Le père de Malala, Ziauddin était un activiste anti Taliban et une des premières personnes à prendre le risque de parler aux journalistes occidentaux. Il a été contacté par la BBC qui cherchait une fille pour écrire un journal quotidien en ligne, il a donc demandé à Malala. Elle a également accepté de faire une interview en live avec un reporter connu au Pakistan, alors même que les Talibans contrôlaient toute la région. Durant deux ans, elle est intervenue régulièrement à la télévision pakistanaise : « Devenir public signifie que tout le monde peut vous écouter. C’est pour cette simple raison que j’ai décidé de parler ».

Son père Ziauddin a réfléchi au risque encouru par Malala : « Nous savions que les Talibans avaient attaqués une centaine d’écoles mais ils n’avaient jamais visés les enfants. Ils avaient fouettés les femmes mais n’avaient jamais tués d’enfants. Nous ne nous attendions pas à cela. Nous pensions qu’ils devaient avoir des valeurs, qu’ils devaient avoir un code de conduite ». «J’ai d’abord pensé qu’ils allaient uniquement s’en prendre à mon père » se souvient Malala « parce que mon père était également un activiste… Lorsque j’ai entendu les menaces des Talibans, j’ai toujours pensé qu’un Taliban allait me tuer en pleine rue ». Le 9 octobre 2012, les craintes de Malala sont devenues réelles lorsqu’elle a été attaquée par les Talibans alors qu’elle rentrait de l’école.

 

L’attaque des Talibans

A 3h de l’après midi, comme tous les autres jours, elle et ses amis ont pris le bus pour rejoindre leurs domiciles : « J’aime aller au foot mais ma mère m’a dit à partir de maintenant tu ne dois pas aller au foot et tu dois prendre le bus, tu seras en sécurité […] Je parlais à mon amie Moniba et tout semblait normal… mais lorsque nous sommes arrivés au bus, j’ai remarqué qu’il n’y avait personne. Ensuite je ne me rappelle plus de rien. ». Bien que Malala ne se rappelle plus de l’attaque, ses amies Shazia, Moniba et Kainat se souviennent bien de l’évènement et de la montée de deux hommes dans le bus scolaire. « L’un d’eux est venu à l’arrière et il a demandé : qui est Malala Yousafzai ? » dit Shazia. « Elle était très effrayée, elle n’a rien dit » ajoute Moniba. « Alors il a lui a tiré dessus. J’ai vu beaucoup de sang sur le visage de Malala. Lorsque j’ai vu ce sang, je me suis évanouie. » dit Kainat. « Mes vêtements, mes chaussures, mes chaussettes, mon sac, mes bouquins étaient imprégnés de sang, le sang de Malala » déclare Moniba.

Malala a été transporté à l’hôpital le plus proche dans un état critique et son père s’est précipité à son chevet : « J’ai encore des images dans ma tête » dit Malala. « Dans mon souvenir, je vois mon père à coté de moi, lorsque je le vois, je lui dis quelque chose et ensuite je ferme les yeux et tout devient noir. J’ai alors pensé que j’étais morte ». Une heure et demie plus tard, Malala était transférée dans un hôpital militaire dans la ville la plus proche, Peshawar, où elle a subi une opération majeure consistant à enlever une partie du crânepour relâcher la pression sur le cerveau. Après la visite de deux médecins anglais de passage au Pakistan, Malala a été transféré aux soins intensifs de l’hôpital Queen Mary de Birmingham pour bénéficier d’une meilleure prise en charge : « Je n’ai pas réalisé dans quel pays je me trouvais mais j’ai remarqué que les gens parlaient anglais… et je me suis dit au moins ce n’est pas le Pakistan. » se souvient Malala qui a eu deux opérations majeures afin de reconstruire son visage.

En mars 2013, Malala fréquente l’école pour filles Edgbaston à Birminghan et prend un nouveau départ même si ses amies lui manquent. En juillet, lorsqu’elle a fêté ses 16 ans, elle a reçu une lettre d’un commandant Taliban qui l’accuse de parler contre eux et l’Islam mais admet également l’avoir attaqué : « Je n’ai rien ressenti, à part de la tristesse mais c’est bon d’entendre qu’ils disent m’avoir tiré dessus car beaucoup de personnes pensent qu’il ne m’est rien arrivée. C’était une très bonne chose d’entendre cela ».

 

Nomination pour le Prix Nobel de la Paix

Depuis son discours, il y a eu beaucoup de critiques dans son pays concernant sa relation avec l’Occident : « Non, je ne suis pas devenue occidentale, je suis toujours ma culture Pashtoune et je porte un shalvar kamiz, une dupatta sur ma tête. Et je crois que l’Islam est une véritable religion et qu’il nous apprend à être patients et tolérants envers les autres religions, il nous enseigne également la paix. L’Islam signifie la paix. » s’exprime t-elle. « Je ne comprends pas pourquoi les gens ont divisés le monde en deux groupes, l’occident et l’orient. L’instruction n’est ni occidentale ni orientale, l’instruction c’est l’instruction, et c’est le droit de chaque être humain ». C’est cette attitude et son continuel courage dans sa lutte qui a fait d’elle la plus jeune personne à être nominée pour le prix Nobel de la Paix : « Si je gagne le prix Nobel de la paix, ce sera une véritable opportunité pour moi, mais si je ne l’ai pas, ce n’est pas important car mon but n’est pas d’avoir le prix Nobel de la paix, mon but est d’obtenir la paix et mon but est de voir que chaque enfant est instruit ».

 

Crédit photo © DR.

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