Sexe, amour et société sur France 2 : "Liberté, égalité, sexualité".

 

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Premier des trois volets de la série documentaire inédite Sexe, amour et société ce jeudi 6 mai vers 22h50 sur France 2. Réalisée par Sylvain Bergère. Ecrite par Rachel Kahn.

 

Débridée ou sage, inhibée ou épanouie, hétéro ou homo, flamboyante ou apaisée, notre sexualité est aujourd'hui plurielle et diverse. En quelques décennies les Français ont échangé les carcans religieux ou patriarcaux qui bridaient leur épanouissement sexuel contre des moeurs décomplexées. L'ambition des initiateurs de cette série a été de raconter la société française de ces dernières décennies à travers un prisme original, inédit et contemporain : la sexualité des Français. Et de montrer comment la révolution des moeurs, cette révolution douce mais radicale a bousculé la société et l'a profondément remodelée. D'acquis en acquis, d'avancées scientifiques en batailles politiques, les Françaises ont conquis leur droit à une sexualité majeure à la force de leurs combats et ont ouvert la voix aux homosexuels. Liberté, égalité, sexualité, tel est le thème de ce premier volet.

 

Par Cyrille Latour :

 

La nuit de noces, il m’a sauté dessus, pas de préliminaires.” Madeleine a 82 ans. Elle parle comme on témoignerait à un procès, pour dénoncer l’odieux tabou de la France des années 1950 : l’aliénation sexuelle des femmes. Tout le premier volet de cette série, intitulé Liberté, égalité, sexualité, retrace ainsi le long parcours qui, d’avancées scientifiques (la pilule) en victoires politiques (la loi sur l’IVG), a permis aux femmes de s’émanciper en revendiquant leur droit à la sexualité. Les tabous d’une génération s’effaçant derrière les acquis de la suivante, d’autres femmes prennent le relais pour raconter leur propre rapport à la sexualité. Si le commentaire rappelle que toutes ces conquêtes ont permis également d’ouvrir la voie aux revendications homosexuelles, le film n’en oublie pas pour autant d’évoquer les conséquences d’une telle libération sexuelle. La possibilité enfin offerte à tous de “jouir sans entraves” prend ainsi parfois la forme d’une injonction plus ou moins bien vécue.

Comment la sexualité est-elle devenue l’alpha et l’oméga de notre épanouissement personnel ?”, s’interroge ainsi le commentaire dans le deuxième volet (Chacun cherche son sexe).Certains individus utilisent la sexualité comme ils utiliseraient l’alcool, explique le sexologue Gonzague de Larocque-Latour, c’est un antidépresseur. Ils ont besoin de leur shoot de sexualité.” Les témoignages s’enchaînent, sans jugement ni fausse pudeur, construisant peu à peu le fil d’un discours étonnamment libre. On y parle du plaisir, mais aussi de son absence. On y évoque la fidélité autant que l’adultère. On dévoile ses fantasmes, son indépendance mais aussi son envie de stabilité. Soasick, 36 ans, raconte son expérience dans un club d’échangisme (“C’était glauque, on est sortis en courant”) ; Gregory, 21 ans, et ses amis, expliquent comment ils ont découvert l’amour dans des partouzes ; François, 44 ans, regrette d’avoir avoué ses nombreuses infidélités à sa compagne ; Josiane et Alain, 61 et 60 ans, évoquent leurs nombreuses années de vie commune sans ombrage (“Nous sommes des dinosaures”). “La grande conquête de l’époque, résume alors Pascal Bruckner, c’est de permettre la coexistence de différentes formes de vie commune.”

Comme pour mettre à l’épreuve cette assertion, le troisième volet (Sexe.com) va s’ouvrir à un futur proche, esquissant les contours d’un nouvel art d’aimer à l’heure des nouveaux médias. “Comment internet a-t-il opéré sa propre révolution sexuelle ?, demande la voix off. Comment a-t-il aboli les frontières géographiques, morales, générationnelles ?” Ponctuée comme les autres parties de réjouissantes images d’archives (dont les “Etonnant, non ?” du regretté monsieur Cyclopède), cette conclusion semble dresser le bilan de quarante ans de libération sexuelle et va au bout de la logique d’imbrication des mœurs et de l’époque. “La bien-baisance a remplacé la bienséance”, livre, sentencieux, Pascal Bruckner. L’écrivain Didier Lestrade, lui, voit dans ces nouveaux rapports permis par internet le symptôme du “comportement compulsif” propre à notre société de consommation. Et il faut bien avouer que les témoins, devenus au fil du documentaire des confidents, des proches, parlent soudain davantage de sexe que d’amour, sans que l’on sache très bien ce qu’ils recherchent le plus intimement (“Que reste-t-il de nos amours ?”, chantera plus tard le générique de fin). Mais surtout, ici comme ailleurs, le documentaire nous enseigne à nous méfier des clichés. Face à la multiplication des relations, les plus jeunes décrivent leur impression “d’être consommé comme un objet” tandis que les plus âgés révèlent le bonheur de rencontres qui leur étaient hier encore inaccessibles. Et revoilà Madeleine, du haut de son grand âge, raconter comment elle a, à 78 ans, découvert pour la première fois le plaisir.

 

Crédit photo © DR.

 

 

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