21 Avril 2024
Auteure du documentaire très remarqué Afghanes, Solène Chalvon-Fioriti propose un nouveau film, diffusé ce dimanche en première partie de soirée sur France 5 : Nous, jeunesse(s) d’Iran.
Une immersion inédite au sein de la société iranienne, quel que soit son camp – moderne, religieux, opposant politique ou pro-régime –, pour recueillir la parole d’une génération en pleine mutation. Une génération éclairée et déterminée, qui prend ses distances face à la gérontocratie des mollahs.
Son nom a fait le tour du monde : Jina Mahsa Amini, 22 ans, décédée le 16 septembre 2022 à la suite d’une arrestation violente par la police religieuse de Téhéran. Son visage gracile et maquillé, symbole des libertés brimées, provoque l’étincelle Femme Vie Liberté… une révolte massive, portée par la jeunesse – principalement des étudiants issus de la petite classe moyenne, réprimée dans la violence à l’automne 2022.
Face aux arrestations, aux tortures et exécutions du régime islamique, le mouvement s’est essoufflé. Mais derrière l’élan brisé se niche une autre révolution, silencieuse : la mutation culturelle irrépressible de la génération Z d’Iran. Une jeunesse massive, très urbaine (près de 80 % de la population habite en ville), très instruite – et une jeunesse en souffrance, privée des libertés individuelles fondamentales : s'aimer, se rencontrer, s'habiller sans contrainte, danser, chanter.
À travers six récits portés par des témoins de moins 25 ans, le film Nous, jeunesse(s) d'Iran traverse de manière inédite la société iranienne d'aujourd'hui. Un pays biberonné à Internet et aux réseaux sociaux, où un Iranien sur dix a moins de 35 ans. Un peuple dont le niveau académique est le plus élevé du Moyen-Orient, mais où un jeune sur quatre est au chômage.
Face à l'usure du régime des mollahs, les six récits, six différents visages de la jeunesse iranienne, offrent un éclairage exceptionnel sur les transformations en cours au sein de la république islamique d'Iran. Contre la culture de la tristesse et du martyre imposée par les mollahs, contre l’instrumentalisation de la cause palestinienne, Sarah, la principale narratrice, met en lumière ce que les sociologues appellent « l’envie de joie de vivre » des jeunes Iraniens. Une génération politisée, moderne, connectée, écolo et féministe… à l’instar de la jeunesse mondiale.
Au moyen de l’intelligence artificielle (une première pour un documentaire français), qui permet d’anonymiser les visages tout en conservant leurs expressions, dont celui de Sarah, le film révèle ces bouleversements. Dans la sphère intime et dans l'espace public, chez les religieux comme chez les laïques.
Le film a pour but de révéler ces bouleversements, et cet Iran interdit que Téhéran cherche par tous les moyens à dissimuler. Par le truchement de l’intelligence artificielle, le film parvient à réhumaniser cette parole sans faire courir de risques aux témoins. La technique traverse le film à la fois dans la sphère intime et dans l'espace public, chez les religieux comme chez les laïques. Elle ne s’applique qu’aux visages des témoins.
Le recours à l’IA se fait dans un contrat de visionnage clair avec le téléspectateur. Celui-ci est constamment averti des visages transformés par une signalétique rigoureuse. D'autre part, elle est utilisée exclusivement pour modifier un visage et rien d’autre. Elle ne change ni les expressions profondes des témoins et n’intervient jamais sur le cadre ou le décor.
🗣️ "Le régime iranien cherche à détruire par tous les moyens les jeunes qui se mettent en valeur physiquement" indique @SolchalvonF qui a eu recours au deepfake pour son documentaire
— Quelle Époque ! (@QuelleEpoqueOff) April 20, 2024
📺 #QuelleEpoque @FranceTV @LeaSalame pic.twitter.com/M9rNVW82zX
Filmer des visages n’était pas une option. Pas même des visages floutés : au moyen de logiciels de reconnaissance faciale, les « flous légers » se détectent de plus en plus facilement. Et flouter lourdement contrevenait au projet initial de la réalisatrice : rendre un visage, des expressions humaines, qui activent l’empathie pour l’autre. C’est ainsi qu’ont été décidés près de dix visages « anonymisés », après des mois de procédés techniques ultra-sécurisés.
Crédit photo © Elephant Doc/ Chrysalide Production - Visage modifié à l'intelligence professionnelle.
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