20 Août 2024
Documentaire de 100 minutes réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai - écrit avec Elsa Le Peutrec - À corps perdus est diffusé ce mardi en première partie de soirée sur France 2.
Ils sont six parmi des milliers. Six athlètes qui vont tenter d’entrer dans la légende lors des Jeux Paralympiques à Paris en 2024. Handicapés de naissance ou suite à un drame de la vie, ces quelques jours où le monde entier aura les yeux rivés sur leurs exploits sont pour eux l’aboutissement d’une vie. Nous sommes à leurs côtés dans la préparation de ce combat pour la victoire et, bien au-delà, pour l’inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société. Nos six athlètes viennent de France, du Brésil, des Etats-Unis et d’Afghanistan.
Alexis Hanquinquant est probablement l’un des meilleurs athlètes français, pourtant inconnu du grand public. Cinq fois champion du monde de para-triathlon, il a perdu le bas de sa jambe droite à l’âge de 24 ans dans un accident du travail. Il était alors maçon. Équipé d’une prothèse lame, il participe à toutes les compétitions possibles, même celles destinées aux valides. « Moi ce que je veux, c’est que les para soient reconnus comme des athlètes à part entière. Qu’on arrête de nous invisibiliser et de nous parquer ! ».
Oksana Masters est née trois ans après la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine avec de nombreuses malformations liées aux retombées radioactives. Abandonnée dès la naissance, elle grandit dans plusieurs orphelinats où elle est sous-alimentée et abusée jusqu’à ce qu’une orthophoniste américaine l’adopte et la sorte de ce cauchemar à l’âge de 7 ans. Aux Etats-Unis, Oksana dévore sa nouvelle vie, apprend l’anglais en trois mois, se fait amputer des deux jambes et se met au sport : danse, équitation, patinage artistique, aviron, ski… C’est en handbike que l’athlète paralympique la plus titrée des USA se prépare à décrocher l’or à Paris.
Anne-Sophie Centis est une nouvelle venue dans le monde paralympique. Née avec un glaucome et une cataracte congénitale, elle a définitivement perdu la vue à l’âge de 20 ans. Malgré ce handicap qui la plonge dans le noir, Anne-Sophie est kinésithérapeute en réanimation pédiatrique au CHU de Lille, et maman de deux enfants. Elle s’entraîne aussi chaque jour dans l’espoir de participer aux épreuves de cyclisme en tandem aux Jeux paralympiques de Paris.
Cédric Nankin est l’attaquant le plus redouté des adversaires de l’équipe de France de rugby-fauteuil. Né sans avant-bras ni jambes, il est aussi un « ambassadeur de seconde vie » qui s’investit sans relâche pour la déstigmatisation du handicap et la promotion du sport comme moyen d’émancipation et d’inclusion.
Zakia Khudadadi est championne d’Europe de para-taekwondo. Afghane issue de la minorité chiite hazara, elle a été exfiltrée par la France quand les Talibans ont repris le pouvoir à Kaboul en 2021, alors qu’elle devait s’envoler pour les Jeux paralympiques de Tokyo. « Maintenant la France, c’est mon pays », dit-elle avec fierté pour la patrie qui a aussi accueilli toute sa famille. Zakia, dont le bras gauche est atrophié, vit et s’entraîne avec l’équipe de France de Taekwondo à l’INSEP. Elle étudie le français et rêve d’obtenir la nationalité française, sinon la jeune femme rejoindra l’équipe des Réfugiés pour les Jeux de Paris.
Gabriel Araujo est le nouveau phénomène de la para-natation. Originaire du Minas Gerais au Brésil, le jeune nageur est atteint de phocomélie : Gabriel n’a pas de bras et des jambes très courtes auxquelles sont rattachés ses pieds, sans l’intermédiaire d’une cheville. Ce corps qu’il est quotidiennement contraint de rééduquer ne l’empêche pas, loin de là, de briller sur les podiums. Révélé lors des Jeux de Tokyo, où il rafle deux médailles d’or et une d’argent, il vient d’enregistrer son 8è record mondial !
Thierry Demaizière et Alban Teurlai :
"Nous sommes des portraitistes et le corps a toujours été notre objet de prédilection, nous avons eu l’intuition que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 nous offriraient des histoires, des destins, des performances uniques. Les athlètes que nous avons sélectionnés ont tous largement dépassés nos espérances tant ils sont denses, intenses et inspirants. Par rapport aux athlètes olympiques, ils n’ont pas quelque chose en moins mais quelque chose en plus, un supplément d'âme et de courage. Si le mot de résilience est devenu un peu galvaudé, avec eux, il retrouve sa force et sa pertinence. Nos athlètes, 3 femmes et 3 hommes, ont tous le même mantra : puisque le monde n’est pas adapté à eux, c’est à eux de s’adapter au monde. Ce sont des guerriers qui détestent le mot « handicap ». Nous voulions en filmant le paralympisme provoquer non pas de la compassion mais de l’admiration. Ce sont avant tout des immenses athlètes mais souvent sans moyen, sans public et sans visibilité, nous avons voulu aussi faire ce film pour réparer cette injustice."
Crédit photo © Alban Teurlai – Falabracks
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