Sur France 5 ce soir, enquête sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie.

Sur France 5 ce soir, enquête sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie.

Documentaire de Claire Billet, le film de 52 minutes Algérie, sections armes spéciales est diffusé ce dimanche 8 juin à 23 heures sur France 5.

Il s’appuie sur les recherches menées par l’historien Christophe Lafaye et les archives qu’il a rassemblées.

En prolongeant son enquête avec les témoignages de vétérans français et algériens et ceux d’expert dans le domaine des armes nucléaires, biologiques et chimiques, la réalisatrice Claire Billet détaille le contexte et l’ampleur de cette guerre chimique. Elle révèle comment les responsables de l’époque ont ordonné, testé puis utilisé à grande échelle des gaz toxiques pour éliminer les combattants cachés dans les grottes.

Avec la torture et le déplacement des populations, la guerre chimique est le dernier élément d'une série de brèches dans les engagements internationaux de la France que celle-ci a bafoués pour mener sa guerre coloniale.

Ce film le montre pas à pas, en donne la dimension géographique, l'échelle humaine, et permet au spectateur d'en saisir à la fois l'actualité et la profondeur historique.

Claire Billet :

"Ce film a pu exister, d’une guerre à une autre.

L’historien Christophe Lafaye et moi avons en commun l’expérience de l’Afghanistan. En 2020, lorsque j’ai voulu travailler sur la mémoire de la guerre d’Algérie, je l’ai spontanément appelé.

Il faisait des recherches inédites sur l’usage des armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie. En particulier dans les grottes et lieux souterrains.

J’étais incrédule. Ça semblait fou qu’un tel pan de notre histoire soit inconnu, soixante ans plus tard. En existait-il des traces ?

À l’ECPAD, le service des archives audiovisuelles de l’armée, les employés étaient bienveillants et démunis : quelques photos et quelques films existent, sans informations précises. Durant la guerre d’Algérie, tout ce qui touchait aux armes chimiques avait été gardé hors du champ des caméras militaires : les masques, les combinaisons, les munitions et les opérations chimiques n’ont pas été filmés. Invisibles.

Avant de réaliser Ascenseur pour l’échafaud, le cinéaste Louis Malle s’est rendu en Algérie pour un projet de fiction adapté du roman La grotte de Georges Buis, qui raconte une bataille souterraine. Dans les archives du cinéaste, conservées à la Cinémathèque française, je n’ai retrouvé aucune bobine. Louis Malle n’a jamais fait son film sur la guerre et j’ignore s’il a su que des armes chimiques avaient été employées. Dans un de ses carnets de repérage, un nom de famille avait été griffonné : celui d’un ancien combattant que l’historien Christophe Lafaye a rencontré, parmi de nombreux autres. En fouillant le net, un nouveau nom d’ancien combattant français est apparu : il avait édité un recueil à compte d’auteur où il évoquait l’usage d’armes chimiques.

Je voulais faire parler leurs mémoires. En France, nous sommes partis à la rencontre des derniers anciens combattants qui acceptaient de s'exprimer publiquement. Ces hommes nous ont ouvert leurs archives réchappées de la censure.

En Algérie, nous sommes allés à la recherche des derniers témoins et victimes de cette guerre chimique, avec la collaboration de l'historienne Saphia Arezki. Nous nous sommes appuyés sur des opérations : celles que Christophe Lafaye a réussi à recenser, celles mentionnées par nos personnages et sur des articles de presse. Il fallut ensuite réussir à transformer ces éléments en localisations. Le périple aurait pu nous conduire dans toutes les régions montagneuses de l'Algérie. J'ai choisi de me concentrer sur la Kabylie et les Aurès.

Dans ce film, je tenais à appuyer les dires des Algériens et des Français et faire une démonstration par la preuve. Il fallait donc donner à voir les archives militaires. Nos demandes de tournage à ce sujet au Service historique de la Défense ont été refusées. Mais les archives nationales d'Outre-mer ont accepté nos caméras. Et l'historien Christophe Lafaye nous a présenté le résultat de ses années de recherches et de bataille juridique pour obtenir la consultation de quelques documents administratifs militaires."

Crédit photo © Solent Production.

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