Diffusion à 23h00 ce samedi sur France 3 de "Discorama signé Glaser". Un documentaire musical inédit.
Tout au long des années soixante, des millions de Français ont regardé avec assiduité et en famille, "Discorama", avant le traditionnel
repas dominical. Une émission dite "de variétés" qui détient un record de longévité, quinze ans, deux septennats ! Les monstres sacrés de la chanson française y défilèrent : Piaf, Aznavour, Brel,
Brassens, Léo Ferré...
"Discorama", c'est l'oeuvre d'une femme, Denise Glaser, qui explorait à l'époque les cabarets, curieuse de nouveaux talents. Grâce à elle, Barbara fera sa première émission
télévisée le 4 février 1959, et un peu plus tard, Serge Gainsbourg.
Denise Glaser est la première productrice animatrice à être traitée comme une star par la presse, qui célèbre ses découvertes : Maxime Le Forestier, Michel Polnareff, Georges Moustaki, Catherine
Lara, Dick Annegarn.
"Discorama" va apporter à la télévision, avec l'arrivée en 1964 du réalisateur Raoul Sangla, un style inspiré de la nouvelle vague du cinéma (enregistrement en direct et technique des
multi-caméras), créant ainsi la genèse de ce qui sera plus tard l'émission de plateau et de divertissement.
Engagée dans son époque, Denise Glaser a laissé avec ses invités un des plus beaux trésors artistiques des années soixante.
Revisiter "Discorama" permet d'évoquer la culture musicale de ces années-là et d'observer l'évolution du monde artistique. C'est aussi un portrait de la France en plein développement, au beau
milieu des fameuses "trente glorieuses", face aux événements de l'époque comme la guerre du Viêtnam ou les manifestations de Mai 68.
Le Monde a consacré un article à Denise Glaser le week-end dernier. Le quotiiden écrivait qu'à 15 ans, elle se rêvait pianiste. Sous l'occupation, la jeune fille juive rejoignait un réseau de la
Résistance à Clermont-Ferrand. "Devenue vedette de la télévision, elle restera résolument de gauche, une exception culturelle et politique dans le paysage audiovisuel de l'époque".
Toujours selon le Monde, après mai 68, elle est remerciée. Réintégrée quelques mois plus tard, elle subit, dans l'ombre, des brimades : salaire divisé par trois, privation de bureau...Arrêt
définitif de son émission en 1974. En juin 1983, Denise Glaser meurt dans la pauvreté..."Avec près de 300 heures de programmes, son Discorama est l'un des trésors d'archive de l'institut
national de l'audiovisuel".