16 Décembre 2008
Comment expliquez-vous que si peu de journalistes se soient mobilisés, comme vous l'avez fait ?
"(...)En fait les journalistes de France télévisions se sont beaucoup mobilisés, mais il est vrai que peu de têtes "connues" se sont montrées dans les manifestations. J'imagine qu'il
s'agissait d'un exercice de leur devoir de réserve. Notez cependant qu'on ne se mobilise pas que dans la rue. Il y a eu aussi beaucoup de rencontres, avec des députés, des membres de la
commission Coppé etc... il y a eu des soirées "de solidarité avec le service public" etc... auxquelles ont participé des journalistes "vedettes" du groupe".
Quelle va être la conséquence immédiate de la réforme ?
"Première conséquence, pas de pub après 20h à partir du 5 janvier! La plupart des salariés de FT (dont moi) y sont favorables. Ce qui nous inquiète et contre quoi nous protestons, c'est le
manque de compensation financière de l'arrêt de la publicité. La pub représentait encore l'an dernier, avant l'annonce présidentielle, environ 800 millions d'euros de recette pour FT. La
compensation prévue dans un premier temps, à partir de janvier prochain, c'est 450 millions (parce qu'il y aura encore de la pub avant 20h)... A ces 800 millions perdus, il faut ajouter les 400
millions d'euros (estimation) pour fabriquer les programmes qui remplaceront la pub sur nos antennes (à moins que les speakerines ne fassent leur grand retour)... Quelles garanties avons nous
qu'en 2012, au moment de la suppression totale de la pub, le gouvernement pourra fournir, sans augmenter la redevance, le milliard deux cents millions d'euros nécessaires, pour au moins maintenir
la même qualité de programmes fournie aux télespecateurs".
Pourriez-vous travailler sur une chaîne privée? Qu'est-ce que cela changerait pour vous ?
"Oui je pourrais travailler sur une chaîne privée, si je m'y sentais bien, en harmonie avec la ligne éditoriale de la chaîne, si le programme pour lequel je travaillais correspondait à mes
convictions professionnelles... Je suis cependant très attachée à la notion de service public, et pas seulement pour la télévision. Dans ce monde entièrement soumis aux lois du marché, je trouve
sain que certaines missions restent du domaine du public, au service du plus grand nombre".
Quelle est l'ambiance au sein de France 3 ?
"L'ambiance est morose. Notre Rédaction et, je crois, au-delà, une bonne partie du personnel de cette télévision a le cafard. Nous nous demandons si nous aurons encore les moyens, dans un
deux ou trois ans, de fournir un travail de qualité, aussi bien dans les journaux télévisés que pour nos documentaires, les fictions que nous co-produisons etc... L'argent ne viendra-t-il pas à
manquer ?"
Que comptez-vous faire maintenant pour protester contre cette réforme ?
"Je crains qu'il n'y ait plus grand-chose à faire. Je sais que les syndicats de France Télévisions restent très mobilisés et vigilants. Vous savez comme moi que cette loi va être votée
et appliquée. Qui sait ? Dans trois ou cinq ans, nous serons peut-être tous d'accord pour dire que c'était une bonne loi qui a sauvé le service public !"
La suppression de la pub, vous n'êtes pas pour?
"J'ai répondu que j'étais pour la suppression de la pub, mais contre le modèle de compensation financière qui est décidé car il ne me semble ni suffisant, ni pérenne... Une augmentation de la
redevance (116 euros par mois, à partager entre toutes les radios de Radio France, le financement de l'Ina, etc.... et les cinq chaines de france TV !) me semblait plus judicieuse et plus
claire."
Qu'est-ce qui vous parait le plus dangereux dans la réforme de l'audiovisuel ?
"Ce qui me paraît le plus
dangereux :
- la nomination et la révocation du président de FT par l'Elysée.
- le sous-financement du service public qui pourrait conduire, à terme, à la suppression ou à la privatisation d'une ou plusieurs de ses chaînes".
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