A voir ou enregistrer ce jeudi à 22h55 sur France 2, la première partie du documentaire inédit "Einsatzgruppen : les commandos de la mort".
Film de Michaël Prazan, réalisé en 2009, en deux parties de 90 minutes.
Qui étaient les hommes qui organisèrent et pratiquèrent l’assassinat de masse des Juifs, des Tziganes et des prisonniers soviétiques ? D’où venaient-ils ? Quelles étaient leurs motivations ? Quel
fut leur destin après la destruction des Juifs d’Europe et la débâcle allemande ? A travers des témoignages recueillis dans les pays Baltes, en Ukraine, en Allemagne, mais aussi en Israël et aux
Etats-Unis, les témoins du crime, les rares survivants et leurs bourreaux, révèlent la réalité terrible et méconnue de l’extermination par fusillades — près de 1,5 million de Juifs assassinés —
dans les pays de l’Est.
Pour la première fois à l’écran, des films et des images d’archives inédites, des témoignages et des analyses des plus grands spécialistes internationaux, décrivent l’enfer qui, durant quatre ans,
a établi son règne en Europe.
Première partie ce soir : les fosses (juin-décembre 1941).
Deuxième partie jeudi 23/04 : les bûchers (1942-1945).
Michaël Prazan, réalisateur, dit avoir intitulé le documentaire Einsatzgruppen parce qu'ils sont les “commandos mobiles de tueries” qui pratiquent et organisent l’extermination sur le
terrain. "Il s’agit de 3000 hommes, répartis en quatre groupes d’action rayonnant chacun sur une zone géographique prédéfinie. Leur mission, qui a quelque peu évolué au cours des premiers mois,
est l’extermination des Juifs et des opposants politiques, notamment les partisans communistes. Ce sont ces hommes, et ce qu’ils ont fait, que décrit mon film".
Le réalisateur ajoute que les événements de l’Est sont méconnus pour des raisons géographiques et historiques. "Jusqu’en 1989 — la chute du mur de Berlin — on ne pouvait accéder aux archives.
Il n’y a jamais eu, même à l’Est, une vision générale sur l’extermination mise en oeuvre par les commandos Einsatzgruppen. Pourtant sans ce volet, on ne peut pas comprendre les chambres à gaz. Tout
fait sens."
Ce qui a été pour Michaël Prazan un déclencheur est un film précédent qu'il avait consacré au massacre de Nankin, perpétré en 1937 par les Japonais en Chine. "J’avais rencontré d’anciens
soldats. Et je me suis dit “après tout, c’était en 1937, ils sont encore là et ils parlent. Pourquoi les Allemands ne le feraient-ils pas ?”. Il y a aussi la conscience du temps qui passe, il faut
faire vite. Dans cinq ans, les derniers témoins des Einsatzgruppen ne seront plus en vie".
Son procédé ? Il a fait un premier choix, épluchant toutes les archives. Ensuite il a travaillé d’arrache- pied avec une documentaliste, Kristine Sniedze, qui a l’avantage
d’être lettone et qui parle russe et ukrainien. "Elle connaît extraordinairement bien la région, les gens et les adresses. Les archives sont à Moscou, à Riga et en Allemagne... Et j’ai trouvé
des images que je ne rêvais même pas d’avoir, par exemple le massacre de Babi Yar. J’ignorais totalement l’existence de ce petit bout de fi m absolument saisissant. J’ai eu d’énormes surprises en
fouillant dans les archives de l’Est".
Quant aux intervenants, Michaël Prazan voulait absolument Christopher Browning et Christian Ingrao qui est le meilleur spécialiste de la psychologie des bourreaux. "Le moins difficile a
été de trouver les survivants des massacres, ils avaient pour la plupart écrit ou été cités dans des livres. Mais la plus grande difficulté a été de retrouver les témoins et les bourreaux. On a
énormément travaillé avec des fixeurs en Ukraine et dans les pays baltes notamment. L’Allemagne a été le dernier lieu de tournage et restait le plus délicat. J’avais réussi à récupérer une liste de
nazis qui avaient été inquiétés pendant les années 60. Il a donc fallu faire une enquête sur place pour les retrouver et les appeler un par un. (...) En leur mentant. Avec un ami Allemand, nous
nous sommes présentés en tant que petit-fils d’un membre de la division SS Charlemagne et le petit-fils d’un soldat des Einsatzgruppen. Ils ne se sont pas fait prier pour se confier."
Il a filmé en caméra cachée, il n'avait pas le choix. "Autrement, ils n’auraient jamais parlé. En Ukraine, j’ai rencontré des bourreaux, je connaissais leur histoire mais,
une fois devant la caméra ils me répondaient : “Ah non c’était pas moi. Moi j’ai rien fait, j’ai sauvé des Juifs”. La confiance est instaurée dès lors qu’ils ne voient pas de caméra et c’est ainsi
que les Allemands déballent tout. Il n’y a aucune culpabilité sur ce qu’ils ont fait, ils ont la nostalgie de leur jeunesse. Ils ont tout gardé : leurs albums photos, leurs écussons SS. Je n’ai pas
rencontré des gens qui étaient dans la culpabilité. "
L’ensemble du documentaire sera disponible en double DVD à partir du 20 mai, édité par France Télévision Distribution. Une édition DVD très complète avec en bonus une interview de
Dailide (20 minutes), une interview du réalisateur Michaël Prazan (20 minutes), une séquence de Lubny (8 minutes) et un diaporama photos de Liepaja (2 minutes).
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B
Brethomé christian
18/04/2009 12:15
super reportage qui m'a beaucoup marqué, entre autres, les photos de cet enfant (avec d'autres personnes) à la chemise foncé qui à ce regard crispé et on imagine cette peur qu'il à de voir des gens se faire fusiliés à l'endroit ou lui aussi se dirige peut etre poussé par des boureaux tres rapidements.Ca me fait réflechir sur ce que ces enfants on peut enduré (je voudrais bien revoir ces photos)
S'il y a des gens qui vont à Budapest, je leur conseille la maison de la Terreur avenue Andrassy qui a d'abord accueilli les nazis hongrois puis la police secrète communiste...
pour moi, incontournable ... <br />
<br />
l'occasion de rappeler qu'une large part du chef d'oeuvre de Jonathan Littell tourne autour de la Shoah par balles ( sinon, voir, exclusivement sur le sujet, le livre de Ralf Ogorrek, " Les Einsatzgruppen, les groupes d'intervention et la genèse de la solution finale " chez Calmann-Lévy ).