A revoir : Rendez-vous en terre inconnue avec Sylvie Testud.

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En octobre 2012 sur France 2, RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE AVEC SYLVIE TESTUD CHEZ LES GORANE avait réalisé une belle performance, en réunissant en moyenne 6,1 millions de téléspectateurs et 23,7% de part d’audience. Source Médiamétrie.

 

France 2 rediffuse ce jeudi, en deuxième partie de soirée, cette émission.

 

La comédienne a accepté de suivre Frédéric Lopez les yeux bandés. A l’est du Tchad, elle part à la rencontre des Gorane. Des éleveurs nomades épris de liberté, qui ont fait le choix d’une existence hors du commun. Ils réussissent à survivre au milieu du désert grâce à une solidarité sans faille. Un peuple à la fois fier et pudique, qui ne tolère pas de faiblesses. Il est un lieu, au coeur du Sahara, presque oublié de tous. L’Ennedi. Un seul nom pour une région et un massif rocheux, grand comme la Suisse. Un monde minéral et aride, presque déserté de toute présence humaine. Un univers qui semble sans limite, où la ligne d’horizon, à perte de vue, efface tous les repères. Et où les amplitudes de température entre le jour et la nuit peuvent dépasser les 40°.

 

Les Gorane sont les âmes de ce royaume de sable et de grès. Nomades éleveurs de dromadaires, ils connaissent ce territoire comme s’ils en avaient façonné eux-mêmes les contours. L’image, déformée par la chaleur, de leurs silhouettes ondulant au rythme de leurs montures, donne parfois l’impression d’un mirage. Comment peut-on vivre ici ? Alors même qu’il n’a pas fait une telle sécheresse depuis 30 ans.

 

Chaque jour, les Gorane louent l’extrême liberté dont ils jouissent. Mais le Sahara ne pardonne rien. Les nomades le savent. Ils connaissent la valeur de la solidarité qui les unit les uns aux autres. Ils apprennent dès l’enfance qu’on ne peut survivre seul dans le désert. Que leurs animaux sont leur plus grande richesse. Et que la quête permanente de l’eau est le pouls de leur existence. Les Gorane sont un peuple fier, garant d’un code moral extrêmement strict. Ils sont les représentants d’une tradition exigeante qui les confronte parfois à des dilemmes. Perpétuer un mode de vie séculaire dont ils sont les gardiens ou rejoindre le confort des villes ? Pourquoi faire le choix d’une telle existence au XXIe siècle face à la fragilité d’une vie loin de tout ?

 

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A propos de sa rencontre avec les Gorane, Sylvie Testud souligne qu'à force de voyager, elle a appris que pour qu’une rencontre entre deux inconnus soit authentique, il faut que chacun fasse un bout du chemin vers l’autre. Il faut un échange, un dialogue. "Pas question de faire le chemin tout seul, au risque de ne plus être soi-même. J’ai eu cette chance-là avec les Gorane. Et notamment avec Kaltouma. Notre complicité a surpris et fasciné tout le monde, nous en premier. Nous avons exactement le même caractère. C’était incroyable, et à la fois très bizarre, de réaliser chaque jour combien cette femme du bout du monde pouvait me ressembler. L’humanité a des racines communes".

 

Jai obtenu une sorte de statut androgyne, en étant acceptée avec le même respect, la même attention et la même bienveillance à la fois par les femmes et par les hommes, fait remarquer Sylvie Testud, qui précise qu'à priori, avec sa sensibilité féministe et ses préjugés de gauche, elle aurait pensé être choquée par ces rapports cloisonnés. "Bon, ça m’a agacée parfois de voir qu’elles triment toute la journée pendant qu’ils boivent le thé. Mais je me suis surprise à accepter assez facilement cette répartition. Au fond, elles sont fières de leur position et le statut des hommes n’est pas forcément plus aisé ni plus enviable. En fait, chacun tient son rôle. Et cette organisation est telle qu’il n’y a aucune discrimination, aucune humiliation envers les femmes. Frédéric Lopez me disait : “Tu arrives à analyser la situation sans manichéisme”. Mais c’est parce que, entre eux, les Gorane ne sont pas manichéens".

 

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L'impression que lui laisse la découverte du désert ? Là-bas, il n’y a pas de contrôle de la nature par l’homme, dit Sylvie Testud qui remarque qu'on ne détourne pas un cours d’eau pour faire pousser de la végétation, pour créer un jardin et pouvoir se sédentariser. On ne cesse de se déplacer au contraire..." Les Gorane ne sont pas dans la maîtrise de leur environnement. Ils s’en remettent tout entiers, avec une profonde humilité, à ce que la nature leur offre. Du coup, ce lieu ne ressemble à rien de ce à quoi l’on est habitué. Il va à l’encontre de tout ce que l’on peut imaginer sur le développement, l’évolution, la civilisation, la “croissance”. Pour autant, les Gorane forment une civilisation, mais c’est une civilisation qui n’existe que par rapport à elle-même. La seule chose qu’ils maîtrisent, c’est leur existence entre eux. C’est très déboussolant. J’ai eu l’impression d’en revenir à une forme d’origine du monde, un lieu préservé de la main de l’homme, une terre virginale".

 

Très émue au moment du départ, la comédienne, qui dit avoir plutôt tendance à éclater de rire pour masquer sa peine,  n'a pas pu retenir les larmes. "J’ai eu la sensation d’ouvrir une petite boîte à musique puis de la refermer. En partant, je me suis arrachée à un lieu et à un temps à jamais suspendus".

 

Crédit photos © Jean-Michel Turpin

 

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