A découvrir dès la seconde quinzaine d'avril sur prisonvalley.arte.tv, puis en juin 2010 dans une version documentaire sur
Arte, "Prison Valley".
Dans un coin reculé du Colorado aux Etats-Unis, une ville de 36 000 habitants accueille… treize prisons ! Philippe Brault et David Dufresne ont conçu un road movie interactif à
travers cette région qui vit presque exclusivement de l’industrie carcérale.
David Dufresne souligne qu'au moment où la presse traverse une grave crise économique et déontologique, cette forme de narration pour le web ouvre de nouvelles perspectives. "Elle nous
permet de réaliser des reportages au long cours, rendus aujourd’hui quasiment impossibles financièrement dans les médias traditionnels ; d’explorer des sujets différents et un territoire où tout
est encore à créer ; et enfin, peutêtre, de restaurer la confiance du public en lui proposant notamment d’être directement mis en relation avec les protagonistes. C’est une manière de lui donner la
possibilité de “vérifier” notre regard".
Pourquoi avoir choisi d’enquêter dans ce comté américain ? Interrogé par Barbara Levendangeur, David Dufresne dit qu'alors qu’en Europe, et notamment en France, la population carcérale explose et
que les peines s’alourdissent, il lui a semblé nécessaire de se confronter à la question des prisons et à la tendance à l’industrialisation. "Et les États-Unis offrent, comme souvent,
des exemples de paroxysme : ici, un comté du Colorado, formé par deux villes (Florence et Cañon City) compte treize prisons et 7 731 détenus pour 36 000 habitants ! Une région entière qui vit et se
nourrit grâce à l’industrie carcérale. Un “effet de loupe” qui permet d’ouvrir le débat. Et puis, même si nous n’en étions pas forcément conscients avant de partir, ces villes construites à
l’époque de la ruée vers l’or offrent un décor naturel de cinéma, de western : un paradis pictural pour des gens d’image comme nous".
Philippe Brault et David Dufresne se sont rendus sur place pendant deux périodes de trois semaines. La première fois, une seule prison leur a été ouverte, mais lors de leur second
périple, le duo a réussi àaccéder à six pénitenciers. "Notre envie était de réaliser un road movie à travers les deux villes, à la fois à l’intérieur des prisons – à la rencontre des
détenus – et à l’extérieur, avec les habitants qui vivent de cette industrie, du groupe de rock au gardien du pénitencier ultramoderne Supermax. Ce qui nous a le plus étonnés, c’est que, qu’ils
soient ou non favorables au système, tous étaient ouverts au débat et d’une franchise extraordinaire. Quant au tournage lui-même, nous avons dû nous adapter aux exigences du Web : multiplier les
plans, les points de vues, notamment lorsqu’il s’agissait de créer en photos un panoramique à 360 degrés sur l’hôtel où nous séjournions et qui servira de camp de base aux
internautes".
L'internaute aura la possibilité d’explorer différentes zones du comté, de bifurquer et de revenir à son gré, pour récupérer des informations, des témoignages, des statistiques…