13 Novembre 2012
On compte aujourd’hui dans notre pays 8 millions de pauvres (qui vivent avec moins de 950 euros par mois) dont 2 millions d’enfants. Tomber dans la précarité est la grande peur des Français, et aujourd’hui personne n’est à l’abri. Séparation, licenciement, accident, et c’est la vie qui bascule.
Pendant un an, le réalisateur Géraud Burin des Roziers a vécu avec les enfants de 4 familles précaires.
Jordan, 13 ans, aide ses parents Patrick et Muriel, paysans dans la Creuse à tenir l’exploitation familiale. Ils cumulent 40 000 euros de dette avec la menace que la maison soit vendue. Incompris dans leur commune et à l’école, c’est toute une famille qui a décidé de se battre.
Parmi les plus touchés des précaires, les femmes seules avec enfant. Femmes courageuses, habillées de dignité, elles ont décidé de se battre à tout prix. Pour leur gamin elles sont prêtes à tous les sacrifices. Esther, 13 ans, et sa maman Véronique 47 ans, monteuse câbleuse. Comment, avec un Smic, élever seule trois enfants, affronter le regard des autres, faire face au sentiment de honte et sauver les apparences ? Djimmy, 15 ans et sa maman Irène, 37 ans, auxiliaire de vie. Après avoir été jetée à la rue par son mari, Irène se débat avec 600 euros de salaire. Elle décrit la vie comme "une tartine de merde". Pour son fils, elle a décidé d’avancer tout en restant rieuse et généreuse. Naïs, 6 ans, a une maman danseuse, Emilie, 27 ans. Pas de sortie, pas de vacances, mais sa mère a décidé de gâter le quotidien de sa fille pour lui épargner les angoisses et la peur du lendemain. Comment offrir à sa fille, malgré tout, la meilleure éducation possible ?
Diffusion à 22h55 ce soir sur France 2 (si La grande battle, programmée en direct, ne déborde pas). Documentaire produit par Ligne de Front. Avec la participation de France Télévisions et Centre National du Cinéma et de l'Image Animée.
Par Pierre-André Orillard :
"Dans ce documentaire, Enfants de la précarité et de l'amour, Géraud Burin des Roziers a accompagné sans misérabilisme ni pathos trois femmes seules avec leur(s) enfant(s) et une famille d’agriculteurs limousins. Tous veulent garder la tête haute, rester dignes, faire preuve de courage. Précarité ne veut pas dire laisser-aller : pas question de se reposer sur les aides sociales et de céder au fatalisme. C’est ce qui impressionne le plus : la faculté qu’ont ces femmes de ne pas craquer devant leur enfant, de ravaler leur honte et leurs larmes, en particulier lorsqu’elles sont obligées de se faire aider. Le sentiment dominant chez ces personnes n’est d’ailleurs pas la honte, mais bien l’injustice devant l’attitude des banques et des employeurs qui ne leur laissent envisager aucune perspective de sortir de leur précarité. Les contraignant ainsi à s’accrocher au peu qu’elles ont pour ne pas tomber encore plus bas. Comme perdre son emploi, ce qui a conduit le mari de Véronique au suicide. Un suicide qu’évoque ouvertement Muriel Guittard, quand le désespoir est trop fort. Quant à Patrick, son mari, il résume : "On mendie. On ne vit pas, on survit." Ils ont 40 000 euros de dettes. Et ne peuvent se résoudre, eux non plus, à oublier leurs désirs pour ne se consacrer qu'à leurs besoins vitaux.
Alors pour tenir, on accepte l’inacceptable. Véronique et ses enfants consomment des produits dont la date de péremption est dépassée depuis longtemps. Émilie la danseuse fait aussi la serveuse, à la demande de son patron qui déclare, sans rire, que "cela donne une proximité entre la clientèle et les artistes". C'est vrai que si Johnny ou Mylène Farmer venait nous servir une bière avant leur spectacle, on ne les en aimerait que mieux. La maison des Guittard se délabre lentement, faute de moyens suffisants pour l’entretenir. Et Irène tente désespérément de travailler plus, pour gagner… la même chose, les quelques aides dont elle bénéficie lui étant alors supprimées. La misère qui les frappe ne les a pas repliés sur eux-mêmes. À Véronique, qui déclare "Ce que je peux donner, c’est de l’amour et de la tendresse", répond en écho la famille Guittard : "Notre richesse, c’est d’être en famille, entre copains, et de s’entraider." Irène et son amie font preuve d’une solidarité sans faille à chaque pépin. Mais ce qui rassemble ces quatre destins, c’est l’amour qui les unit à leurs enfants, et qui leur donne la force de continuer à se battre pour, sinon s’en sortir eux-mêmes, donner à ceux-ci les moyens de vivre une existence normale. Atténuant ainsi le sentiment de culpabilité qui ronge leurs parents".
Via la comm' de France 2 : En France, la pauvreté est définie à partir du revenu mensuel disponible (après impôts et prestations sociales). A partir du revenu moyen national, on applique un seuil (exprimé en pourcentage) en dessous duquel la personne est considérée comme pauvre. Deux seuils sont couramment utilisés : 50 % et 60 %. En 2010, le seuil de pauvreté à 60 % ressort à 964 euros pour une personne seule (803 euros pour le seuil à 50 %) et à 1253 euros (1044) pour une famille monoparentale avec un enfant de moins de 14 ans. Huit millions de personnes sont en dessous de ce seuil (14 % de la population), dont 54 % sont des femmes. A l’opposé, les 20 premières fortunes de France pèsent environ 135 milliards d’euros. Source : Insee, Challenges.
Crédit photo © Géraud Burin des Roziers.
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