23 Octobre 2019
Un reportage de Christophe Widemann (Capa Presse) diffusé le dimanche 10 novembre à 14h45 sur TF1.
Le sujet est présenté de cette manière :
Pendant des mois, ils ont secoué la France et fait trembler les pouvoirs publics. Pour protester contre l’augmentation du coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat, des centaines de milliers de gilets jaunes ont investi du jour au lendemain les routes, les péages, les ronds-points, et ont paralysé les grandes villes par leurs manifestations du samedi. Ce vent de révolte a soufflé particulièrement fort sur Bordeaux et la Gironde. La mobilisation y a été l’une des plus impressionnantes du pays. Comme à Paris, le centre-ville bordelais a été le théâtre de violences extrêmes. Du jamais vu dans cette cité prospère et habituellement tranquille.
Nous avons retracé l’histoire de ces gilets jaunes girondins. Qu’ils soient meneurs ou militants anonymes, tous ont vu leur existence bouleversée par ces mois de lutte. Ils ont été portés par l’exaltation des débuts, la fraternité autour des ronds-points et l’espoir du grand soir. Mais ils ont également connu les affrontements avec la police, les victimes blessées et les poursuites judiciaires. Un an après, que retiennent-ils de leur combat ? Ont-ils le sentiment d’avoir gagné ou au contraire, d’avoir lutté pour rien ?
Thierry Dupuch, employé dans la grande distribution et leader des gilets jaunes de Langon, à 50 kilomètres de Bordeaux, a fait partie des précurseurs du mouvement en lançant des appels sur Facebook pour l’acte 1 du 17 novembre 2018. Sa compagne Pépita est aide-soignante et l’a suivi dans son combat . Ils sont passés par tous les états pendant cette année de lutte : l’exaltation des débuts quand ils pensaient faire céder le gouvernement, la tentation de l’action violente quand la tension est montée au mois de décembre, le stress extrême quand ils ont été arrêtés au petit matin par des gendarmes en janvier…Mais ils ne regrettent rien. « Si on me demande de re-signer, je re-signe » affirme Thierry, certain que « les gilets jaunes sont rentrés dans l’histoire ».
Bernard et Françoise ont participé à leur premier conflit social à 60 ans passés. Un couple discret, au quotidien difficile malgré une vie de labeur. Bernard est ouvrier et travaille de nuit dans une usine d’embouteillage. Il a dû repousser son départ à la retraite pour payer les traites de la maison. Françoise, assistante médicale retraitée, au caractère bien trempé, a du mal à tenir le budget du couple malgré 2500 euros de revenu mensuel. C’est la hausse du coût de la vie qui les a fait sortir de leur réserve. Et le sentiment d’être méprisés par les élites. Au sein du groupe de Thierry Dupuch, ils se sont lancés corps et âme dans le combat des gilets jaunes. Ils y ont découvert la beauté d’une lutte collective et ont rompu leur isolement en fraternisant autour des ronds-points. Mais Françoise regrette «toute cette violence inutile qui a gâché le combat ».
A 52 ans, Nathalie Chibrac est, elle, bien décidée à mener jusqu’au bout le bras de fer avec le gouvernement. Cette mère de famille culottée est devenue une égérie du mouvement depuis qu’elle a interpellé Emmanuel Macron, le 28 février dernier, lors d’une étape du Grand Débat, à Pessac en Gironde. L’image a fait le tour des médias. Pourtant, elle n’a pas adhéré dès le départ au mouvement. Cadre dans une entreprise de communication, mariée, Nathalie mène une existence plutôt confortable, sans soucis de fin de mois. « Mais je ne supporte pas l’injustice, et ce qui se passe en ce moment, avec les politiques qui s’en mettent plein les poches et les Français qui triment, ce n’est pas normal ». Alors depuis le début de l’année, elle part tous les week-ends manifester à Paris. Même si la mobilisation décroît, elle n’entend pas abandonner.
Nous allons enfin raconter la terrible histoire d’Antoine, un étudiant de 23 ans qui a vu sa vie basculer à Bordeaux, lors de la manifestation du 8 décembre. Ce jour-là, il marchait d’abord pour le climat. Puis il a rejoint le cortège des gilets jaunes par sympathie pour le mouvement. « Là, je vois quelque chose tomber à mes pieds. Je pensais que c’était une bombe lacrymo alors j’ai voulu la relancer car je n’avais pas de foulard pour me protéger.» Malheureusement, il s’agit en fait d’une grenade de désencerclement qui explose entre ses mains. Antoine a dû être amputé. Depuis, le jeune homme a fait de son traumatisme un combat. Il a porté plainte contre le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et contre le préfet de Bordeaux de l’époque Didier Lallement, aujourd’hui préfet de Paris. Il a créé, avec d’autres gilets jaunes gravement blessés, un collectif national “Les mutilés pour l’exemple”.
Crédit photo © DR
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