Document de Claire Billet à voir ce dimanche soir : Afghanistan, le prix de la paix.

La guerre afghane a façonné notre début de XXIe siècle. Elle est la plus longue et plus coûteuse guerre des États-Unis.

À travers les récits personnels d’acteurs majeurs et de participants afghans, américains et français, un documentaire proposé ce dimanche - en première partie de soirée sur France 5 - retrace les raisons de l’échec américain, mettant en regard celles qui ont conduit à la victoire des talibans.

Un 90 minutes réalisé par Claire Billet.

Document de Claire Billet à voir ce dimanche soir : Afghanistan, le prix de la paix.

Claire Billet :

« Au lendemain du départ des Américains, il était impossible pour moi de ne pas retourner dans le pays. Il fallait que je donne du sens, que je vois l’Afghanistan des talibans, ces hommes sortis de l’ombre. Je devais retrouver ceux qui n'avaient pas fui, parmi mes ami(e)s et relations. Des relations nouées dès mon premier tournage en 2004, lors de mes six années de vie en Afghanistan, puis quand j’y suis revenue réaliser plusieurs films, jusqu’en 2018.

Dès mon retour, j’ai commencé à choisir ceux avec et par qui je tenais à raconter cette histoire, ceux qui sont restés et certains des nouveaux maîtres du pays. Parmi eux, Hamida Aman, dirigeante de Radio Begum, Ahmed Wali Haqmal, employé au ministère des Finances, et Abdullah Arsala, propriétaire terrien, que j’ai connus lorsque je vivais en Afghanistan. Mais, aussi, Qari Baryal, le gouverneur taleban de Kapisa, l’ennemi redouté de l’armée française, ou encore Sadia Alizaï, femme de manœuvre agricole et mère de neuf enfants, originaire de Kajaki, dans le Helmand. Je l’ai rencontrée, comme Mullah Azizur Rahman, clerc de justice dans la province du Logar, en octobre et décembre derniers.

J’ai aussi interviewé ceux qui sont repartis d’Afghanistan, comme Khalid Payenda, ex-ministre des Finances exilé aux États-Unis, Douglas Lute, l’un des principaux responsables de la conduite de la guerre au Pentagone et conseiller de la Maison-Blanche, et John Dempsey, négociateur depuis 2010 pour le Département d’État américain et connaissance de longue date.

Avec Sandra Calligaro, la cheffe-opératrice, nous avons voulu saisir l’Afghanistan tel qu’il est devenu. Nous sommes entrées dans les lieux de pouvoir avec des yeux neufs, pour donner à voir et entendre les talibans dans leurs nouvelles fonctions. Les austères rois d’un pays au bord du gouffre. Nous avons cherché ce qu’il reste de la Démocratie, les dessins de femmes aux murs, les écoles de filles, les ministères vides, le quartier ultra sécurisé des ambassades…

Nous avons sillonné l’arrière-pays, où la majesté des paysages et la nuit ne dissimulent pas l’immense pauvreté. Nous avons traversé ces campagnes de l’est au sud pour prendre le temps de poser et penser notre regard caméra, dans les régions qui nous étaient jusqu’alors quasi inaccessibles : lls districts reculés des provinces de Kapisa, Ghazni, Kandahar, Helmand… Certains lieux que nous avons connus et filmés par le passé, comme Lashkargah ou Tag Ab, sont les symboles de cette guerre.

Ces régions ont été secouées par l’intensité et la longévité des combats. Ici, un sac de sable pare-balle est soufflé par le vent, des blocs de béton détruits, là une carcasse de véhicule blindé… Les vastes bases militaires sont à l'abandon.

Nous avons souhaité montrer ces restes de la présence militaire occidentale. Partout des visages qui nous scrutent en retour, sans ciller. Pour les habitants, certaines cicatrices sont invisibles. “Tout est en cendres, économiquement et spirituellement, nous a confié Abdullah, ami de longue date. Chaque feuille, arbre, oiseau, l’air… Tout le monde a été infecté.”

Nous disposons d’archives uniques, celles du précédent film d’Alberto Marquardt et Eric de Lavarène et aussi des films que j’ai tournés entre 2006 et 2011. Ces archives plongent dans le quotidien passé de la population afghane suivant nos grandes thématiques abordées : le retour des seigneurs de guerre, l’espoir du nouveau régime post-2001, la reprise des combats, la solution militaire américaine, une population rurale écartelée, la faillite de l’État afghan, les négociations tardives et le départ des Occidentaux révélant un pays misérable. Nous avons mêlé ces archives aux scènes du présent, en écho et en abîme. »

Crédit photo © Sandra Calligaro

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