Charlie Hebdo fera sa Une demain "pour une République sans génes" et lance une pétition contre la possibilité de recourir à des tests ADN comme preuve de filiation. SOS Racisme est
associé et l'AFP note que "Selon Charlie Hebdo, le quotidien Libération s'est associé à l'opération et consacrera sa "une" à l'évènement dans son édition du 3 octobre". Ce midi, "L'édition
spéciale" de C+ a évoqué ce sujet.
Parmi les premiers signataires :
Isabelle Adjani, actrice Raymond Aubrac, ancien résistant François Bayrou, président du Modem Laurent Fabius, ancien Premier ministre Dan Franck, Écrivain René Frydman, professeur de gynécologie-obstétrique François Hollande, premier secrétaire du PS
Axel Kahn, généticien Bernard-Henri Lévy, philosophe Pierre Mauroy, ancien Premier ministre Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO Jeanne Moreau, actrice Patrick Pelloux, médecin urgentiste Ségolène Royal, présidente de Région Jorge Semprun, écrivain, homme politique espagnol Dominique Sopo, président de SOS Racisme Francis Spizner, avocat à la cour Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT Lilian Thuram, footballeur professionnel Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo Dominique de Villepin, ancien Premier ministre
L'hebdomadaire sort mercredi avec la pétition suivante :
"En instaurant des tests ADN pour prouver une filiation dans le cadre d’un regroupement familial, l’amendement Mariani, adopté par l’Assemblée Nationale, fait entrer
la génétique dans l’ère d’une utilisation non plus simplement médicale et judiciaire mais dorénavant dévolue au contrôle étatique.
Cette nouvelle donne pose trois séries de problèmes fondamentaux.
Tout d’abord, des problèmes d’ordre éthique. En effet, l’utilisation de tests ADN pour savoir si un enfant peut venir ou non rejoindre un parent en France pose d’emblée cette question : depuis
quand la génétique va t’elle décider de qui a le droit ou non de s’établir sur un territoire ? Au-delà, depuis quand une famille devrait-elle se définir en termes génétiques ? Sont pères ou mères
les personnes qui apportent amour, soin et éducation à ceux et celles qu’ils reconnaissent comme étant leurs enfants.
Ensuite, cet amendement fait voler en éclats un consensus précieux dans un champ – la génétique – qui ne peut être durablement dynamique en matière de recherche que sur la base de ce consensus qui
éloignait du domaine du possible des utilisations de la génétique potentiellement contraires à notre idée de la civilisation et de la liberté.
Enfin, cet amendement s’inscrit dans un contexte de suspicion généralisée et récurrente envers les étrangers qui en vient désormais à menacer le vivre ensemble. Car tout le monde s’accorde à dire
que la fraude au regroupement familial ne peut être que marginale au regard des chiffres d’enfants annuellement concernés et au regard de l’absence de raison substantielle qu’il y aurait à frauder
dans ce domaine. En effet, quelle étrange raison pousserait les immigrés à faire venir massivement dans notre pays des enfants qu’ils sauraient ne pas être les leurs ? Autrement dit, l’amendement
instaurant les tests ADN n’a pas pour fonction de lutter contre une fraude hypothétique mais bien de participer à cette vision des immigrés que nous récusons avec force.
Nous sommes donc face à un amendement qui, sur les plans éthique, scientifique et du vivre ensemble introduit des changements profondément négatifs. C’est pourquoi, nous, signataires de cette
pétition, appelons le Président de la République et le Gouvernement à retirer cette disposition, sous peine de contribuer, en introduisant l’idée que l’on pourrait apporter une réponse biologique à
une question politique, à briser durablement les conditions d’un débat démocratique, serein et constructif sur les questions liées à l’immigration."