Des racines et des ailes a pour thème ce mercredi 30 septembre "gardiens des trésors des Caraïbes". A 20h35 sur France 3.
De Cuba à l’archipel vénézuelien, les îles de la Caraïbe sont source d’une grande richesse et d’une remarquable diversité patrimoniale. L’une des premières villes à avoir été classée par l’Unesco
fut d’ailleurs la Havane. C’était en 1982. A l’époque, le centre historique de la capitale cubaine, le plus grand et le plus riche d’Amérique latine, était à l’abandon. La plupart des 500
édifices historiques construits par les Espagnols entre le XVI° et le XIX° siècle tombaient en ruine. Le manque d'entretien de ces grands édificies, divisés à la révolution en logements
communautaires, la surpopulation, les aléas climatiques, la banqueroute financière de l’état liée à la fin de l’aide soviétique avaient transformé ce joyau en un gigantesque cloaque de 214
hectares.
Aujourd’hui, la vieille Havane fait la fierté de ses habitants grâce à une énorme campagne de réhabilitation commencée en 1995. Plus de 800 palais, églises, couvents, immeubles ont été sauvés.
Giordano Sanchez Nunez, un jeune architecte de 34 ans, restaure l’un des plus vieux couvents de la Havane. La réhabilitation de la ville, nous explique-t-il, a un double enjeu : «D'abord faire
renaître le patrimoine bâti de la vieille ville, ensuite maintenir et revitaliser le centre urbain pour conserver un habitat populaire. Nous ne voulons pas faire du centre historique un décor de
carton pâte, un Disneyland pour touristes». C'est là que réside sans doute l'originalité du processus de renouveau de La Havane. A tel point que l’Unesco en a fait un modèle de
réhabilitation.
La renaissance de la ville est entre les mains des jeunes Cubains. Les nombreux chantiers leur ont permis de trouver du travail dans les métiers de la restauration. Mabys, 23 ans, est spécialisée
dans la restauration des peintures anciennes. Une passionnée non seulement de vieilles pierres mais aussi de l’histoire de la Havane du XX° siècle, marquée par la présence américaine et l’avènement
de la révolution.
Cuba compte 9 sites classées au patrimoine mondial parmi lesquels Trinidad, une des villes coloniales les mieux conservées d’Amérique latine ou encore Vinales et ses spectaculaires
pitons de calcaire plantés au milieu de paysages marquées par la culture du tabac. Giordano Nunez, l’architecte de la Havane, nous fera découvrir ces deux lieux exceptionnels qui font de Cuba une
des perles des Caraïbes.
A 2000 km de là, dans les Antilles françaises, un archéologue, expert auprès de l’Unesco, Benoît Bérard milite pour que l’héritage des Amérindiens soit protégé. « Savez vous que les mots
ananas, hamac, canoë, barbecue, ouragan viennent de la langue amérindienne ? » aime-t-il à souligner. Le tabac, la coca à la base de l’anesthésie moderne, ont été légués par les Amérindiens
aux Européens, tout comme le cacao, la tomate, le piment, etc. « Les Amérindiens ont été décimés après l’arrivée de Christophe Colomb. Leur culture a été méprisée, Aujourd’hui il est temps de
les réhabiliter».
Benoît Bérard, marseillais d’origine, vit depuis 15 ans en Martinique. C’est l’un des membres de l’association Karisko dont l’objectif notamment est la redécouverte du monde amérindien. Son
projet avec un groupe de jeunes Martiniquais à la recherche d’un premier emploi : fabriquer une pirogue de mer selon les techniques ancestrales amérindiennes, des techniques en voie de disparition.
Ces pirogues dont certaines font 18 mètres de long ont permis aux Amérindiens venus du Venezuela en l’an 300 avant JC de s’implanter dans les petites Antilles. Ces kanawa sont la colonne vertébrale
de l’antique civilisation antillaise. Elles transportèrent les hommes, les semences, les plantes cultivées. Aux cotés de Benoît, nous partirons sur la trace des Amérindiens. Un fabuleux voyage qui
nous mènera en Dominique dans le territoire caraïbe où vivent les 3000 derniers Amérindiens des Antilles. Benoît nous fera aussi découvrir en Guadeloupe les mystérieuses roches
gravées, un des rares témoignages du patrimoine artistique amérindien Leur signification reste inconnue… Tout ce que l’on sait, c’est qu’elles illustrent des mythes religieux et qu’elles
représentent surtout des créatures imaginaires ayant des traits humains. L’Unesco devrait bientôt classé au patrimoine mondial ces roches exceptionnelles. Enfin, direction Saint Domingue.
Benoît Bérard nous initiera aux peintures rupestres des indiens Tainos. Cette île des grandes Antilles possède plus d’un millier de grottes ornées.