29 Novembre 2011
Après "Versailles, le rêve d'un roi" et "Louis XV, le soleil noir", l'Etablissement du Château de Versailles nous offre, une fois de plus, un acccès unique et privilégié aux lieux les plus méconnus de son domaine. "Louis XVI, l'homme qui ne voulait pas être roi" , dernier opus de la trilogie versaillaise, met en scène dans ce décor exceptionnel, un roi impuissant face à une cour hostile et des sujets révoltés.
A découvrir , ou à enregistrer, ce mardi à 20h35 sur France 2.
La couronne ne lui était pas destinée, il va la porter quinze ans : le temps que Louis XVI découvre le malheur de devenir roi, dans un portrait décapé des clichés familiers. Un destin rythmé en trois actes, où rien ne semble joué et tout sera fatal. Un roi de faible volonté bien que soucieux du bonheur de ses peuples. Une noblesse qui se déchaine. Le ballet incessant de ministres qu’on lâche quel que soit leur talent. L’aide plus ou moins assumée aux insurgés de la guerre d’Indépendance américaine. La contagion irrésistible de l’esprit des Lumières et la crispation farouche des ordres privilégiés. Une volonté affichée de réformes s’égarant dans les reculades successives. Et ainsi… jusqu’en 1789. Non sans un jeu de miroirs troublant avec nos obsessions contemporaines, de déficit budgétaire en équité fiscale, et de non-ingérence en intervention militaire. Avec une même hantise : une certaine impuissance politique.
Ultime volet d’une trilogie, ce film s’achève avec la fermeture des grilles coupant du château un roi malgré lui. Et éloignant à jamais de Versailles l’exercice du pouvoir.
Un documentaire-fiction de Thierry Binisti.
Scénario et dialogues de Jacques Dubuisson.
Produit par Serge Lalou et Elisabeth Kiledjian.
Une coproduction Les Films d’Ici, Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, avec la participation de France Télévisions, TV5 Monde, et du CNC. Avec la voix de Vinciane Millereau.
Avec Gabriel Dufay (Louis XVI), Raphaëlle Agogue (Marie-Antoinette), Carlo Brandt (Necker), André Penvern (Maurepas), Yann Babilee Keogh (Calonne), Mathieu Roze (Monsieur), Roger Miremont (Abbé de Veri), Maryam Muradian (Baronne d’Oberville). Avec la participation de Jen-Yves Berteloot dans le rôle de Turgot et la participation exceptionnelle de Jean-Claude Drouot dans le rôle de Malesherbes.
Note d'intention du réalisateur, Thierry Binisti : "Comment réinventer Louis XVI : retrouver l’homme et non sa caricature ou son icône. L’image doit naviguer entre le portrait intime et la scène publique, violente et foisonnante, selon l’alternance dont joue le récit. La fin d’un monde, celui d’espaces exclusifs réservés à la noblesse et à la très haute bourgeoisie ; le début d’un autre, avec la désacralisation du roi et l’irruption du peuple sur la scène politique. Quant on s’intéresse à la royauté, on redécouvre avec un plaisir singulier certaines toiles de Thomas Gainsborough ou Joshua Reynolds, deux peintres anglais contemporains de Louis XVI, membres de la Royal Académie de Londres. Dans leurs portraits, l’emphase grandiose fait place à une sereine fidélité au réel. Mais autant Reynolds se montre clair, précis, rigoureux, autant Gainsborough est mobile, nerveux et fuyant. D’une séquence à l’autre, notre Louis XVI est alternativement ce roi ferme et autoritaire, qui se doit de prendre des décisions - et qu’un Reynolds aurait peint à distance, face aux Etats généraux ; avant de redevenir un homme accablé par des responsabilités trop grandes pour lui, attristé par la misère de ses peuples. La caméra se veut alors aussi légère que le pinceau de Gainsborough : proche de lui, vive comme le sont ses décisions et prises de position, à l’affût des sentiments qu’il laisse filtrer parfois, malgré son rang et son statut. Non pas un personnage historique proche de sa fin, mais un homme aux prises avec un réel complexe, imprévisible. Et qui doute sans cesse de sa légitimité personnelle."
Jacques Dubuisson, scénariste : "Notre projet est à la fois simple et ambitieux : dégager le portrait de Louis XVI de tous les clichés sous lesquels il a été enseveli. A travers l’imaginaire qu’a forgé la Révolution, on a le sentiment de tout savoir de ce roi et de son règne alors que, inversement, on ignore souvent tout de son prédécesseur. Pourquoi un tel déséquilibre ? Si l’on enseignait mieux Louis XV, on comprendrait en fait que, quand Louis XVI arrive au pouvoir, il hérite d’un véritable bâton de dynamite et que c’est son grand-père qui a allumé la mèche (...).
L’imaginaire collectif a retenu que Louis XVI était un roi rondouillard, empoté et peu vif d’esprit, un roi faible dans l’ombre de Marie-Antoinette et plus préoccupé de ses serrures que de la révolution qui grondait. Cette image est une pure construction. Elle a, à mon sens, deux origines. D’abord, par réaction, il a fallu salir l’image du roi – et, partant, de la monarchie – au moment de sa chute. Le journaliste révolutionnaire Jacques-René Hébert, fondateur du Père Duchesne, un recueil sordide de mensonges et d’ignominies sur la famille royale, a écrit en substance qu’il fallait absolument noircir cet homme, en faire un monstre buveur du sang des peuples, de manière à “dégoûter à jamais les Français de la royauté”. L’autre raison de cette image faussée est sans doute due à une forme de culpabilité générale : il a fallu justifier, historiquement, les conditions infâmes dans lesquelles Louis XVI et la famille royale ont été mis à mort. Il a fallu en quelque sorte faire porter toutes les fautes héritées des régimes précédents sur la seule et unique figure de Louis XVI."
Crédit photo © Jean Pimentel - France télévisions.
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