6 Juin 2013
Film Tv réalisé par Alain Tasma, sur un scénario d'Emmanuel Carrère, Fracture est rediffusé ce jeudi sur France 2, à la suite du rendez-vous politique Des paroles et des actes.
Avec Anaïs Demoustier (Anna Kagan), Samy Seghir (Lakdar Abdane), Arianne Ascaride (Seignol), Leïla Bekhti (Zora Abdane), Robin Renucci (Daniel Kagan), Mireille Perrier (Catherine Kagan), Patrick Catalifo (Vidal), Maryline Canto (Sandoval), Laurent Stocker (Darbois), Paul Bartel (Kevin), Barnabé Magou (Moussa), Azdine Keloua (Slimane Abdane) et Djemel Barek (Ali Abdane).
Certigny, une commune de Seine-Saint-Denis. C’est la rentrée au collège Pierre-de-Ronsard. La première rentrée d’Anna Kagan, jeune professeur d’histoire-géographie. On l’a beaucoup mise en garde : poste difficile, quartier sensible, etc. Tout de même, c’est dur. La violence ordinaire du verbe et des gestes, le désespoir de ceux qui savent leur avenir bouché... Parmi ses élèves, il y en a un qu’elle remarque. Plus mûr, plus doué, plus délicat que les autres : Lakdar. Son rêve, c’est de faire de la bande dessinée. Il a du talent, il a été encouragé par un pro... Mais il lui est arrivé une tuile : une chute accidentelle, un plâtre trop serré aux urgences, résultat : sa main droite reste inerte. Il ne s’en fait pas trop, il pense qu’on va l’opérer et qu’il pourra de nouveau dessiner. Mais un médecin plus courageux que les autres lui avoue la vérité : c’est définitif, il est infirme. La descente aux enfers de Lakdar commence là. Son rêve est brisé, la seule chance qu’il avait de s’en sortir anéantie. Anna, bouleversée, essaie de l’aider. La tante Zora aussi. Elles font ce qu’elles peuvent mais elles n’ont guère que de bonnes paroles à lui offrir et les bonnes paroles, Lakdar n’en veut plus. Il n’a plus rien. Et quand on n’a plus rien, il reste la violence...
Emmanuel Carrère, scénariste : "Lorsque Thomas Anargyros m’a demandé de lire Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte et de lui dire si je me sentais prêt à en écrire l’adaptation, ma première réaction a été de me sentir un peu effrayé par l’ampleur de la tâche. J’avais déjà lu plusieurs romans de Jonquet, qui m’avaient beaucoup impressionné. Celui-ci, je l’ai trouvé très beau et en même temps techniquement un peu monstrueux. C’est une véritable fresque, qui entremêle de manière complexe les histoires et les personnages, une guerre de gangs, des policiers, un procureur, un garçon psychotique, un autre qui s’enfonce dans le désespoir, une prof d’histoire-géo, etc. Il y avait au fond deux solutions : ou bien on envisageait une adaptation au moins en deux épisodes, ou bien – c’est l’option qui me semblait préférable et qui a heureusement été retenue – on choisissait de ne traiter qu’une partie du livre. Des quatre grandes lignes narratives du roman, on pouvait raisonnablement n’en traiter que deux : l’histoire de Lakdar et celle d’Anna, cette jeune prof qui fait ses débuts dans l’enseignement, d’autant que ces deux histoires ont l’avantage d’être intimement connectées entre elles et d’être relativement indépendantes des autres. Donc, techniquement, cela était possible et cela permettait, je crois, de ramener l’intrigue à quelque chose de plus intime, avec des enjeux plus profondément humains. À partir du moment où j’ai pensé avoir trouvé – ce qui n’était pas bien sorcier, à vrai dire – cette manière de prélever une partie du roman et de laisser tomber le reste, les choses m’ont parues faisables et j’ai pu me mettre au travail. Quand il a été fini, Thierry Jonquet a pu lire mon adaptation. On ne se connaissait pas mais on s’est parlé au téléphone, peu de temps avant sa disparition. C’est toujours un peu délicat de faire parler les morts mais enfin, voilà : il m’a dit qu’il s’y serait sans doute pris lui-même de cette manière, et même qu’il aurait fait justement le choix de cette partie-là du roman".
Crédit photo Samy Seghir & Paul Bartes © CIPANGO / Philippe Besnard.
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