Le pain du diable. Inédit, sur France 3.

Téléfilm inédit ce soir sur France 3, Le Pain du diable, qui s’inscrit dans un cadre historique réel, est inspiré d’un des faits divers les plus marquants des années 1950. Le scénariste, Olivier Dutaillis, s’est efforcé de se détacher de l’aspect documentaire pour inventer une fiction qui nous rende cette affaire plus sensible.

Réalisation : Bertrand Arthuys. Scénario, dialogues : Olivier Dutaillis.

Avec Aurélien Recoing (Aimé Saillant), Julien Tortora (Bastien), Samuel Labarthe (Docteur Cirelli), Patrick Raynal (Marc Galtier), Aurélien Lecerf (Louis), Mathilde Lebrequier (Flora), François Caron (Commissaire Brisseau), Alain Fromager (Professeur Bertrand), Dimitri Rataud (Juge Loiret).

Synopsis du téléfilm :

Pont-Saint-Esprit (près d'Avignon), août 1951. La population est frappée par un mal étrange, une intoxication alimentaire qui, curieusement, serait due au pain. Une première victime décède. La presse s'empare de l'affaire. Les jours suivants, des hallucinations spectaculaires apparaissent. On invoque l'ergot de seigle, un mal qu'on croyait disparu depuis le Moyen Âge ; sauf que l'ergot n'a jamais tué aussi brutalement...

Le Pain maudit de Pont-Saint-Esprit… la vraie histoire (à ne pas lire si vous ne voulez rien savoir de l'histoire avant visionnage du téléfilm) :

Pendant l'été 1951, une série d'intoxications alimentaires causées par le pain frappe la France. La plus sérieuse a lieu à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit, qui fait 7 morts, 50 « internés » dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes affligées de symptômes plus ou moins graves et durables. Le corps médical pense alors que le « pain maudit » aurait pu contenir de l'ergot de seigle, mais sans en avoir la preuve. Le pain acheté dans la boulangerie Briand provoque vomissements, maux de têtes, douleurs gastriques et musculaires et… accès de folie (« convulsions démoniaques », hallucinations et tentatives de suicide), autant de troubles pouvant évoquer l'ergotisme. La ville est prise de panique ; un journal, cité par l'historien Steven L. Kaplan, observe que « faute du nom du mal, on veut connaître celui de l'homme responsable. Les versions les plus abracadabrantes circulent. On accuse le boulanger [ancien candidat RPF, protégé d'un conseiller général de De Gaulle], son mitron, puis l'eau des fontaines, puis les modernes machines à battre, les puissances étrangères, la guerre bactériologique, le diable, la SNCF, le pape, Staline, l'Église, les nationalisations. »

Un meunier poitevin, fournisseur de la farine employée à Pont-Saint-Esprit, est mis en cause et incarcéré à Nîmes, avant d'être libéré.

Plus de cinquante-cinq ans après les événements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d'une forme mixte d'ergotisme, mais ce diagnostic n'a jamais pu être prouvé. On a pensé également à une intoxication par le dicyandiamide de méthyl-mercure, un produit contenu dans un fongicide utilisé pour la conservation des grains ayant servi à faire la farine. La justice retiendra cette hypothèse, mais cette piste finira par être abandonnée.

En 1982, le professeur Moreau, spécialiste des moisissures, a émis l'hypothèse que l'intoxication de Pont-Saint-Esprit aurait pu provenir de mycotoxines, substances produites par des moisissures pouvant se développer dans les silos à grain, et dont les effets toxiques sont maintenant bien connus en médecine vétérinaire, mais quasi inconnus en 1951. Outre l'hypothèse des mycotoxines, on retient également celle d'un blanchiment artificiel du pain.

Crédit photo Julien Tortora © REMI BOISSEAU / FTV.