Publication du livre Dites-lui que je pense à elle, écrit par Bruce Toussaint.

Publication du livre Dites-lui que je pense à elle, écrit par Bruce Toussaint.

Un livre saisissant, un tombeau bouleversant, annonce l'éditeur Stock à propos d'un livre en vente depuis mercredi, Dites-lui que je pense à elle. Il est écrit par le journaliste Bruce Toussaint.

À la fois enquêteur et partie prenante de la mémoire familiale, il convoque les méandres du passé, est-il indiqué.

Bruce Toussaint :

« Un corps criblé de coups de couteau et une mare de sang, au milieu d’une cour d’école. La scène de crime saisit d’effroi les gendarmes, ce matin d’octobre 1984, à Penly, près de Dieppe. La victime est une adolescente de quatorze ans. Elle s’appelait Nathalie. Son assassin, Alfred, vingt-neuf ans, se disait éperdument amoureux d’elle, mais leur différence d’âge rendait cette histoire impossible. Alors, il l’a tuée de sang-froid et avec préméditation.

Cette histoire, c’est celle de ma famille. Nathalie, ma cousine, était née trois ans avant moi. Et personne n’a su empêcher ce drame. Son destin tragique nous replonge dans une époque où le mot “féminicide” n’existait pas. Cette France des années 1980 a une expression toute faite pour qualifier ce genre de meurtre barbare : le crime passionnel. Une façon d’excuser l’inexcusable et de fermer les yeux sur une forme de domination masculine. Qui se souvient de Nathalie ? Cette adolescente aux joues rondes et roses, premier tambour de la clique municipale, qui n’aurait jamais dû croiser la route de son meurtrier. »

Publication du livre Dites-lui que je pense à elle, écrit par Bruce Toussaint.

Extrait des premières pages. Octobre 1984 :

Ce jour-là, le rituel du goûter (des Choco BN trempés dans du lait) et le débrief de la journée avec ma mère sont interrompus par un coup de téléphone.

Je n’entends pas la conversation, mais je comprends que c’est ma grand-mère paternelle qui appelle, celle qu’on nomme mamie Colette. Je vois ma mère blêmir, elle semble avoir le souffle coupé, demande plusieurs fois à sa belle-mère de répéter.

Il est 17 h 30, instinctivement je sais que je vais me souvenir toute ma vie de cet instant. Je me suis rapproché de ma mère et du combiné, je devine ces quelques mots à l’autre bout du fil : « Il y a eu un drame dans la famille. »

La conversation s’achève. Ma mère passe machinalement la main dans ses longs cheveux noirs, elle cherche ses lunettes, elle qui ne les portait quasiment jamais, par coquetterie, alors qu’elle souffrait d’une myopie assez forte, et compose le numéro de sa sœur, qui vit comme nous en région parisienne.

« Allô ? C’est terrible, Nathalie a été assassinée… Mais si, enfin, Nathalie, la fille de Nelly ! »

Un silence, puis ma mère prononce ces deux mots : « Quatorze ans… »

Cette fois, j’ai tout entendu.

C’est une époque où l’on prend moins de précautions avec les mômes. Il suffisait de se cacher un peu pour épier les grands parler entre eux. Là, tout était dit au grand jour. Tant pis pour le potentiel effet psychologique sur un gamin de onze ans. Le choc est tel que l’information doit circuler.

Je me risque à une question :

« Maman, qu’est-ce qui se passe avec Nathalie ?

– Rien, mon trésor, on t’en parlera ce soir avec papa. »

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