Elle s'appelle Sabine, sur France 3


 

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France 3 propose le vendredi 14 septembre, à 20h50, la diffusion du documentaire Elle s'appelle Sabine. Avant sa diffusion en salles ! Un film de Sandrine Bonnaire, présenté en mai à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. A la fin du film, Mireille Dumas recevra en plateau Sandrine Bonnaire pour aller plus loin à propos de ce tournage et des motivations de la comédienne.



"Sandrine Bonnaire a une sœur, Sabine. Huitième d'une fratrie de onze enfants, Sabine est autiste. Depuis vingt-cinq ans, Sandrine filme sa sœur et réalise ici un portrait bouleversant. Le récit de son histoire à travers des archives personnelles, filmées par la comédienne sur une période de 25 ans et le témoignage de sa vie actuelle dans une structure adaptée. Ce film révèle une personnalité attachante, dont le développement et les dons multiples ont été broyés par un système de prise en charge défaillant. Après un passage tragique de cinq longues années en hôpital psychiatrique, aujourd'hui Sabine reprend goût à la vie dans un foyer d'accueil en Charente, même si ses capacités restent altérées.Une démonstration par l'exemple de la pénurie de centres spécialisés et de ses conséquences dramatiques. "




Sandrine Bonnaire évoque le film :


"
L’idée de faire ce film est venue pendant l'internement de Sabine qui a duré cinq ans et qui l’a très vite transformée. J’étais très nostalgique de sa beauté et de ses capacités antérieures. Je me suis replongée alors dans les images que j’appelle aujourd’hui « images d’archives », pour essayer de comprendre pourquoi et comment on avait pu en arriver là. C’est un sentiment de colère et d’injustice qui m’a décidée à faire le film. 

Je suis sûre que si Sabine avait été diagnostiquée plus tôt — à l’époque, on disait « handicapés mentaux » —, si elle avait été prise en charge précocément dans un centre comme celui où elle vit désormais — et qui travaille en partenariat avec l’hôpital d’Angoulême — elle n’en serait pas là.
L’hôpital n’est pas un lieu de vie, c’est un lieu de soins et de transition. Personne ne doit vivre à l’hôpital. L’enfermement pour Sabine, c’était comme un cercle sans fin : plus elle était angoissée, plus elle était violente. Plus elle était violente, plus on lui donnait des médicaments qui lui faisaient perdre ses capacités, jusqu’à devenir incontinente. On nous disait : « C’est la maladie qui progresse. » Mais aujourd’hui elle n’est plus du tout incontinente ! Il y a chez Sabine — et on le voit dans le film — une part de vitalité très forte. Et en travaillant sur cette vitalité, on aurait pu réduire cette part plus sombre qui l’habite.

Le film a fait beaucoup de bien à Sabine, car il l’a renvoyée à ce que nous faisions avant, avec cette caméra qui était un personnage à part entière entre nous deux. Pendant nos voyages particulièrement, où quand elle venait nous voir à la maison. Je la filmais en train de jouer des textes sur lesquels je travaillais pour un rôle. En fait, j’ai commencé à la filmer pour qu’elle ait un souvenir des voyages que l’on faisait ensemble, qu’elle garde une trace de tout ça. La première fois, c’était aux Antilles, après c’est devenu presque expérimental, pour voir son évolution, mais pas du tout dans l’idée d’en faire quelque chose. Heureusement que j’ai ces images aujourd’hui, car sans elles je n’aurais pas pu faire ce film. "




Témoignage de Mireille Dumas :


"C’est un film bouleversant qui fait accepter la différence et toucher du doigt cette maladie qui prend tant de formes diverses. Il pose la question des hospitalisations longues, de la camisole chimique comme thérapie, qui transforme complètement l’être, qui le chosifie.

Cette histoire me touche de près, car je l’ai vécue dans ma chair avec un être très proche, et le processus est toujours le même ! Certes, avec le temps, le handicap peut s’accentuer, mais on voit bien à quel point la camisole chimique peut transformer un individu ! 

J’ai eu l’impression de revenir loin en arrière, puisque mon premier stage de théâtre, je l’ai fait en psychiatrie, j’avais 20 ans, je voulais savoir comment on peut communiquer avec l'autre dans toute sa différence par le jeu théâtral, et j’avais déjà été frappée par les effets terribles des médicaments, même s'ils sont souvent nécessaires.
Ce qui est dur, c’est qu’il y a très peu de lieux comme celui où vit Sabine aujourd’hui pour les handicapés mentaux adultes, et faute de moyens pour en créer, ces gens peuvent être mis entre parenthèses toute leur vie.
J’ai envie de savoir comment Sandrine a gardé le lien avec sa sœur au-delà de la maladie… C’est étonnant aussi que Sandrine Bonnaire ait pensé à la filmer jeune. Courageux aussi de fimer sa sœur aujourd'hui, d'être à la fois proche mais aussi à distance pour témoigner. Quand on est pris dans l’affect, arriver à prendre du recul pour filmer aide à faire avancer la réflexion. Je sais bien à quel point on se culpabilise puisque on a toujours envie de sauver l'autre. Comment vit Sandrine avec ce sentiment ? C’est une maladie terrible. Au début, il y a plein de moments où tout va bien, où on espère que les choses redeviennent normales… Garder l’espoir, la hargne et l’obstination nécessaires pour avancer, sans se faire non plus trop d’illusions, c’est le paradoxe difficile de cette maladie pour la famille.

Il faut garder l’humour. Et le film de Sandrine n’en est pas exempt. Dans tout ce malheur, dans cette souffrance terrible de part et d’autre, il y a ces moments de joie, d’humour, de jeu… de vie tout simplement… J’aimerais savoir comment Sandrine s’est impliquée dans ce centre — car apparemment elle est partie prenante de ce lieu de vie incroyable… autant de questions que nous aborderons ensemble à la suite de la diffusion de son très beau film."




Photo copyright Catherine Cabrol / Mosaïque film.



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J
Je ne manquerai pas cette soirée pour ma part.
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N
L'accueil avait été excellent à Cannes, il devrait en être de même du public :)
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