John Paul Lepers, résumé chat du Nouvel obs.com

Auteur du livre "Madâme", John Paul Lepers ( dont son blog est dans nos liens permanents ) répondait lundi aux questions de lecteurs du site Nouvelobs.com. On y apprend entre autres que le reportage non diffusé sur C+ sera peut-être un jour visible en France...à commencer par l'étranger. Et qu'il entame la réalisation d’un film sur la campagne de la prochaine présidentielle qui sera diffusé en salles après le deuxième tour en 2007.

Extraits du Questions - réponses :

>   pourquoi auriez-vous moins de liberté maintenant sur C+ qu’au temps de J6M ?

>   J’ai quitté Canal Plus à la fin du mois de décembre. Depuis l’arrivée de J6M, effectivement, la chaîne avait changé : des gens comme moi étaient moins en odeur de sainteté.

>   Vous avez, vos collègues et vous, exiger le départ du Vrai journal de Basile de Koch, au motif qu’il avait été le nègre de Pasqua (il le fut aussi de Simone Veil). Je suivais l’émission à l’époque : jamais dans ses chroniques Basile de Kock ne laissait transparaître ses idées politiques. Je n’en dirais pas autant des autres collaborateurs de l’émission, vous le premier !
Osez-vous encore, après l’épisode Basile de Koch, vous présenter en partisan de la liberté d’expression ?

>   Vous êtes un connaisseur. Effectivement, la rédaction du Vrai Journal dans son ensemble a demandé que le frère de Karl Zéro cesse de collaborer à l’émission quand nous avons appris qu’il écrivait certains discours de Charles Pasqua. J’aime bien Basile et son humour, mais son engagement aux côtés d’un politique était incompatible avec l’éthique du journalisme. Pour ma part, je ne donne jamais mes opinions politiques. A droite, on me pense de gauche, à gauche, on me pense de droite. Mes opinions n’intéressent personne, je suis là pour poser des questions en toute indépendance.

>   Vos reportages laissent très clairement transparaître vos opinions très marquées à gauche. Vous vous targuez d’être libre, mais l’idéologie n’est-elle pas une prison ? Je veux dire : avec des convictions politiques si fortes, pouvez-vous porter un regard objectif sur la société et sur les hommes et les femmes politiques ? Je regarde de temps à autre vos reportages. ça me paraît être un travail de militant.

>   Oui, je suis un journaliste-militant. Je milite pour la responsabilité citoyenne. Oui, je ne suis pas objectif. Devant une situation, j’essaie d’arriver sans idées préconçues, sans angle pré-établi. C’est la réalité qui dicte mon travail, j’essaie de faire un compte-rendu le plus honnête possible. Je ne cache pas ma subjectivité, elle est apparente dans mon travail, je ne prétends pas tout montrer mais seulement ce que j’ai pu voir. Quant à mon engagement politique, j’ai déjà répondu. Je n’ai jamais été membre d’un parti et je suis bien accueilli dans toutes les formations politiques.

>   N’est il pas envisageable que le portrait de la "premère Dame de France", dont aucune chaine de télévision ne veut prendre le risque de diffuser, soit mis, gratuitement ou pas, en ligne sur internet ou de l’éditer en DVD ?

>   En accord avec le producteur du films, Christian Gerin (17Juin Productions), je suis en contact actuellement avec des producteurs pour envisager une sortie en salles. Nous commencerons certainement par l’étranger car en France, ça ne se bouscule pas... Mais je lance un appel aux hommes de bonne volonté. Pour le DVD, on verra plus tard.

>   Que pensez vous du total silence fait sur votre livre à la télévision ?

>   En effet, je suis très surpris par le silence observé par les émissions de télé qui parlent de livres ou de politique. Les radios, elles, ont unanimement manifesté leur intérêt en m’invitant, la presse écrite, réagit (à son rythme) mais RIEN du côté télé. Serait-ce de la censure ? Je m’interroge...

>   Que faites vous maintenant?

>   Dans l’immédiat, je collabore à Arrêt sur Images (France 5). J’entame un deuxième livre qui paraîtra en octobre. C’est un genre de manuel de la présidentielle qui présente les candidats et les partis politiques. Un guide pour ceux qui souhaitent s’engager comme citoyens mais manquent d’informations précises.
Par ailleurs, j’ai lancé un blog avec des copains qui diffuse textes, photos, vidéos, sur l’actualité politique française. Enfin, j’entame la réalisation d’un film sur la campagne de la prochaine présidentielle qui sera diffusé en salles après le deuxième tour en 2007.

>   Comment expliquez vous que toutes les affaires de la Chiraquie ont fait "pschitt"

>   Les juges ont tenté de faire leur boulot mais on les en a empêchés...La constitution ne le permet pas, d’ailleurs Jacques CHirac avait promis une réforme sur ce point mais a dû oublier...

>   Etes-vous fâché avec Karl zéro ?

>   Non, j’ai quitté le Vrai Journal pour faire des films documentaires plus personnels. Karl a fait des erreurs (qui n’en fait pas ?) mais son journal reste un espace de liberté précieux qu’il faut sauver absolument.

>   D’ou vient la censure dont vous avez été victime ? d’une peur irrationelle de Canal plus ? d’une pression bien réelle de l’Elysée ?
Finalement, qu’est ce que cette expérience malheureuse vous inspire sur l’etat de notre démocratie ?

>   Après m’être engueulé avec la direction de Canal en mai dernier,je suis parti en bons termes fin décembre. Je ne suis pas capable de répondre à votre question sur une éventuelle censure.

>   Pouvez-vous nous citer au moins une scène que vous aviez enlevée au montage de votre reportage puisque vous vous repentez?

>   Nous avons baptisé la séquence "la queue du mickey". Il s’agit d’une scène où Bernadette Chirac, agacée par notre présence, se saisit violemment de la perche du preneur de son et s’en sert comme d’une lance pour le repousser. Elle montre, au-delà de l’anecdote, l’agressivité dont elle est capable face à des interlocuteurs qui ne figurent pas dans son plan médias.