A voir : Breaking bad saison 3, dès ce soir sur Arte.

 

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Après une première programmation sur le bouquet Orange, la série déjà culte Breaking Bad revient sur ARTE pour une troisième saison tous les mardis soir du 11 octobre au 15 novembre à 22h30. 13 nouveaux épisodes riches en rebondissements où Walter White, l’anti-héros emblématique de la série, bien que débarrassé pour le moment de son cancer, n'est pas au bout de ses peines. Il va devoir mener plus d'un combat tout comme son acolyte Jesse.

 

A la fin de la saison 2… La saison 2 s’était terminée dans le sang et les larmes : Walter avait laissé mourir sous ses yeux la petite amie de Jesse, suite à une overdose. Pétrifié de chagrin, son père, contrôleur du ciel, avait alors laissé se produire une terrible collision en plein ciel. Jesse finissait, lui, en centre de désintoxication tandis que Skyler quittait Walter.

 

La saison 3...Walter a beau avoir gagné 500 000 dollars grâce à sa dernière fournée de méthédrine, toute sa vie est en train de s’effondrer. Ayant compris que son mari avait plongé dans le trafic de drogue, Skyler demande le divorce ; inflexible, elle veut également l’empêcher de revoir ses enfants. Jesse, quant à lui, sort de sa cure mais ne veut plus rien avoir à faire avec son ancien professeur de chimie. C’est au même moment que les deux anciens partenaires se voient proposer un deal par le mystérieux Gustavo Frings : 3 millions de dollars pour 3 mois de travail passés à produire des cristaux de méthédrine à une échelle industrielle. Après un premier refus, Walter et Jesse sont contraints d’accepter lorsque deux implacables tueurs menacent de s’en prendre à eux et à leurs familles…

 

Rappel de la chronique publiée l'été 2010 dans le cadre de Séries, ton classement impitoyable :

 

Avec Bryan Cranston (Walter White), Aaron Paul (Jesse Pinkman), Anna Gun (Skyler White), Bob Odenkirk (Saul Goodman), Giancarlo Esposito (Gus), Dean Norris (Hank), Besty Brandt (Mary) et RJ Mitte (Walter Jr).

 

Attention ! Indice Spoiler : 3/5

 

Il est toujours très difficile de dire du mal d’une série faisant l’unanimité auprès des critiques. Essayez donc un peu de critiquer Mad Men. Mais rassurez-vous, je ne vais pas dire du mal de Breaking Bad aujourd’hui. Enfin un peu quand même. Car cette saison 3, même si elle reste bien évidemment de très bonne facture, nous laisse un certain gout amer. Ainsi, sans rater son année, Breaking Bad ne parvient pas à réaliser l’exploit de nous proposer une saison aussi émotionnellement, visuellement et scénaristiquement aussi forte que celle de l’année passée.

 

Breaking Bad aura finalement souffert ce que l’on peut communément appeler : le syndrome « Dexter ». Le serial killer a en effet habitude, la saison 5 nous dira peut-être le contraire, de commencer mollement ses saisons pour monter petit à petit en puissance jusqu’à la conclusion. Breaking Bad est traditionnellement bien moins analytique et ordonnée que Dexter. Breaking Bad, c’est même tout l’opposé. Rappelez-vous du tonitruant début de saison 2 et de l’hallucinant huis-clos entre Walter, Jesse et Tuco. Peut-être l’apogée de la série, à ce jour encore.

 

Breaking Bad a donc raté son début de saison. La raison est, à mon sens, plutôt simple : elle tient d’un pur raté scénaristique. La série nous a en effet habitué à faire évoluer ses intrigues avec une brutalité inégalée. La saison 2 nous faisait ainsi passer d’un point A à un point B radicalement différent dans un même épisode. Or, la transition de début de saison 3, avant d’en arriver au cœur de l’intrigue, est beaucoup trop longue et rébarbative.

 

On passe ainsi un bon tiers de la saison 3 sur le divorce de Walter et Sky, les conséquences du passé de Walter, la culpabilité de ce dernier et la haine de Skyler. Ces intrigues sont malgré tout réussies. Le désarroi de Walter conjugué à l’implacabilité de Skyler donne lieu à des face-à-face magistraux, des non-dits jouissivement frustrants et des scènes d’une sobriété glaciale comme seule Breaking Bad en a le secret. Malheureusement, les intrigues parallèles sont bien moins exaltantes. Les états d’âmes d’Hank sont ultra redondants tandis que le passage de Jesse dans le cercle des dépressifs anonymes n’a pas été très bien conduit.

 

Alors certains disent, et cela me fait beaucoup rire, que ce fastidieux début de saison était « nécessaire ». J’ai ainsi eu l’occasion de lire cette phrase magnifique sur de très nombreux blogs : « Oui, le début de saison est mauvais… Mais c’était nécessaire pour mettre en place la suite ». Quelle drôle d’idée ! Lundi, je ne viendrais pas au travail. Mardi, non plus, tiens. Mon patron ne pourra pas m’en tenir rigueur. Eh bien oui, vous comprenez, c’était « nécessaire » pour en être forme mercredi. Et ben voyons (pas que cela me dérangerait foncièrement, qu’on s’entende bien) ! Mais cela ne fonctionne pas comme cela et pour les séries, c’est la même chose. Nous n’attendons pas 6 épisodes « nécessaires » et 6 bons épisodes, mais bien 12 épisodes excellents. Charge aux scénaristes de joindre l’utile à l’agréable. Je ne dis donc pas que les premiers épisodes ont été fortuits. Bien au contraire. Ils ont simplement été ennuyants. Un épisode de Breaking Bad a pour habitude de constituer un véritable grand huit émotionnel qui nous laisse sur un sentiment paradoxal de stupeur et d’admiration. Ces épisodes, plus dramatiques au sens propre du terme, auront donc été décevants. Mais, « syndrome Dexter » oblige, la suite aura fort heureusement été placé sous de bien meilleurs hospices.

 

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A commencer par le personnage de Jesse interprété par le magistral Aaron Paul, la vraie révélation de ces deux dernières saisons, pour ne pas dire de la série. Cranston est tout aussi excellent mais, c’est le personnage qui veut cela, il n’a pas la même profondeur, la même force que Jesse. Rares sont les acteurs qui parviennent à vous nouer l’estomac avec une telle violence. Après la mort de Jane, Jesse tombe ainsi dans une dépression qui va l’anéantir à jamais. Rejeté par Walter, méprisé par sa famille, par Gus et par son propre avocat, il va devenir misérable : un véritable déchet, sale et défiguré.

 

Détestable dans une scène, déchirant dans la suivante, Jesse incarne l’ascenseur émotionnel de la série. Il est en réalité bien plus humain, bien plus vulnérable que Walter. Ironique quand on sait qu’à l’origine, Walter était le gentil professeur tandis que Jesse était l’étudiant dealer. Jesse est en quelque sorte le Frankenstein de Walter, le fruit des ratés du soi-disant génie. Plus la série avance, plus on peine donc à ressentir de la compassion pour Walter tandis que la descente aux enfers de Jesse, dommage collatéral des tractations des pontes de la drogue, nous prend aux tripes. On pourrait presque s’identifier à lui, on en serait surement venu au même point dans sa situation.

 

L’épisode où il se fait tabasser par le beau-frère de Walter, et par la faute de ce dernier, est absolument déchirant. Je n’ose parler de la scène à l’hôpital où il fait littéralement exploser son mal-être en plein figure de Walter. Une scène d’une intensité sur laquelle je ne peux mettre de mots. Aaron Paul parvient à donner une telle humanité et une telle profondeur à un personnage aussi insupportable en surface que cela en devient juste du grand art. Les événements de fin de saison franchissent une nouvelle étape dans la série puisqu’ils voient un vrai rapprochement entre Walter et Jesse. La série retrouve ainsi sa quintessence et nous livre ainsi des épisodes finaux magistraux, toujours grâce à un Aaron Paul incroyable. Je ne vous en dirais pas plus au cas où vous n’ayez pas encore tout vu !

 

Reste que je souhaitais encore parler de très nombreux aspects de cette saison mais que je ne voudrais pas rallonger votre pause matinale. Je vais donc faire court. Je ne m’attarderais donc pas sur toute la storyline autour d’Hank à l’hôpital, agressé par les deux impressionnants primos, qui était finalement l’histoire la moins prenante de la saison. Même si le personnage d’Hank ruisselle de bonnes idées, j’ai toujours un peu de mal avec lui. Son parcours ne m’embarque pas autant que celui des deux comparses. La scène de la fusillade reste malgré tout l’un des passages les plus puissants de la série. J’en suis ressorti le souffle littéralement coupé. Breaking Bad a la faculté incroyable de créer des situations de suspens d’une intensité inégalé en télévision. Les réalisateurs de la série sont de purs génies. Les quelques exercices de style entrepris dans cette saison le prouvent d’ailleurs. Le huis-clos avec la « mouche » « était jubilatoire.

 

Je retiendrais donc plus particulièrement deux personnages. Tout d’abord, l’exubérant Saul Goodman, l’avocat de Walter et Jesse. Le personnage, excentrique, rusé et surtout hilarant, apparait comme un véritable OVNI au cœur d’une série à l’ambiance particulièrement lourde. Toujours enclin à un nouveau coup foireux, Goodman est un bonheur. Il incarne presque la partie de récréation indispensable aux scénaristes de la série.

 

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L’autre révélation de la saison est évidemment Gus, le gentil gérant d’un KFC local mais surtout baron régional du trafic de drogue. Le choix de Giancarlo Esposito a clairement été un coup de poker de la part des producteurs, bien loin de l’idée usuelle que l’on peut se faire d’un godfather. Et le coup de poker s’est transformé en coup de génie. Le personnage de Gus est une pure délectation. Breaking Bad a trouvé un méchant tout aussi atypique que Walter, d’une droiture, d’une politesse et d’un professionnalisme sans égal, le tout conjugué évidemment à une froideur et une impartialité glaçante. Jusqu’aux dernières minutes, le personnage restera quasiment incernable. La saison 3 se termine naturellement par un coup d’éclat ahurissant, laissant entrevoir une saison 4 survoltée. La bonne nouvelle est donc que les scénaristes pourront immédiatement battre le fer tant qu’il est encore chaud et ainsi ne pas nous ressortir un début de saison évasif comme ce fut le cas d’année. En revanche, la mauvaise est qu’il faudra attendre jusqu’à l’été prochain pour la découvrir !

 

Meilleur épisode de la saison : 3.12 - Half measures

Pire épisode de la saison : 3.01 - No Mas

 

Conclusion : Breaking Bad est une série qui nous a habitués à une telle intensité, de la première à la dernière seconde de ses saisons, qu’on ne peut pas s’empêcher d’éprouver de la déception devant les premiers épisodes assez faiblards de cette saison. Fort heureusement, la série se reprend très vite en nous plongeant au cœur d’un jeu d’échec passionnant et plus exaltant que jamais. La force du show est clairement à chercher du côté de ses personnages, emplis de failles, de déchirures et de regrets et d’une profondeur et d’une complexité jouissive. Le magistral Aaron Paul en tête.

 

COLE.

(Crédit photos ©  DR. )

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C
<br /> <br /> Entre les deux documentaires sur le problème syrien et l'arrivée de la saison 3 de Breaking bad, une série plus qu'excellente, incontournable à mon avis, " sacrée soirée " sur<br /> Arte ! <br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Très bonne nouvelle :-D<br /> <br /> <br /> <br />
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