Isabelle Adjani à propos du Sida : « Aujourd’hui, j’ai l’impression que les jeunes se foutent de la prévention».

Passionnante et longue interview d’Isabelle Adjani à lire dans l’hebdomadaire Les Inrocks paru ce mercredi. La comédienne, à l’affiche le mois prochain de Le monde est à toi, répond avec sa franchise habituelle aux nombreuses questions de Jean-Marc Lalanne.

Parmi les sujets évoqués, la rumeur hallucinante de 1987. On la disait malade du Sida, puis morte, d’où son démenti en direct au 20 heures de TF1.

C’était odieux et embarrassant d’avoir à faire ça, déclare Isabelle Adjani : venir sur un plateau pour dire qu’elle n’était pas malade. « J’éprouvais de la honte. Mais la rumeur devenait folle. Faut rassurer les gens, me disait-on ?» Ceci a été un sujet de discorde éprouvant avec son ami Hervé Guibert, écrivain atteint du Sida et décédé en 1991, qui pensait qu’elle n’aurait pas dû répondre. « De fait, pour les gens malades, comment rendre ça supportable ? C’était une autre époque. Les gens étaient dans une peur phobique de l’épidémie, des moyens de sa transmission ».

Aujourd’hui, Isabelle Adjani a l’impression au contraire que les jeunes se foutent de la prévention, que les progrès de la chimie, et l’emprise de big Pharma, autorisent les gens à mettre en danger leur propre santé. Heureusement, poursuit la comédienne, la fiction bat le rappel.

C’est très fort, estime-t-elle, de voir aujourd’hui émerger des films qui prennent la mesure du traumatisme vécu collectivement ces années-là. « Ces derniers mois, 120 battements par minute et Plaire, aimer et courir vite sont vraiment très forts. Ces deux films sont politiques et militants, un hommage à la hauteur du courage de ceux qui ont repoussé la mort sans pouvoir la tuer, pour que d’autres puissent vivre »..