Sujet très sensible ce soir à 23h00 sur France 2, un documentaire sur les femmes se livrant à des agressions pédophiles. "Pédophilie
au féminin : le tabou", un film inédit de Jean-Pierre Igoux.
"Pédophilie féminine"… Lorsqu'on prononce, en les associant, ces deux mots, notre interlocuteur nous regarde d'abord avec incrédulité
puis, dans un deuxième temps, demande : "ça existe vraiment ?!"
La pédocriminalité a récemment conquis l'espace médiatique, mais ce crime est encore tabou quand il est commis par une femme. Notre société refuse l'idée que la sexualité féminine puisse être
violente, dominatrice et qu'elle puisse être active.
Dans sa vision toute masculine, la femme est une icône : celle qui donne la vie, protège son enfant et l'élève dans la douceur. Elle est l'épouse, la compagne ou la maîtresse aimante.
Dans l'horreur, la violence sexuelle, elle ne peut être l'égale de l'homme, sous prétexte de faire exploser l'ordre sociétal. L'idée qu'une femme puisse abuser d'un enfant est l'ultime forme de
discrimination. Occulter cette transgression sexuelle, c'est contester, peut-être inconsciemment mais, par définition, toute sexualité féminine. Les femmes pédophiles reproduisent, en tout point,
le schéma de leurs homologues masculins.
En grande majorité, elles se cachent dans le milieu familial ou le cercle des proches.
S'il y a peu de prédatrices, c'est que souvent leur métier leur donne accès à l'enfant. Les agressions sexuelles commises sur des mineurs sont considérées comme les crimes les plus horribles,
mais lorsque l'acte est perpétré par une femme, par une mère, on touche à l'impensable, à l'irreprésentable, à l'indicible.
D'où la chape de plomb qui empêche bien souvent le délit d'être porté devant la justice. Les victimes doivent mener un véritable combat pour être entendues, sinon, crues, et subissent une autre
forme de violence - leur parole est étouffée, leur souffrance ignorée, leurs droits sont bafoués. Alors, souvent, elles finissent par renoncer et se taisent définitivement, enfouissant à jamais
leur honte, leur traumatisme.
Lorsque la victime est un garçon, l'incrédulité peut se transformer en indifférence : s'il y a érection, donc plaisir, la transgression passerait presque pour une initiation ! Sans
commentaire, uniquement à travers le récit croisé de victimes et de professionnels, ce documentaire explore les raisons du tabou qui entoure ce phénomène pour mettre en lumière ce qu'il
cache.
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