116,50 Euros.

 

En plus de la quantité de défauts que je traîne et que vous connaissez si vous avez déjà perdu votre temps à lire mes conneries, je suis extrêmement fainéant. Vous aussi ? Ouais, c’est pas la question. Bref, je suis flémard, ce qui explique que mes petites pitreries aient connu un hiatus (terme très « in » en ce moment quand on parle de séries). Malheureusement pour vous, et pour les responsables de Tv News, je suis de nouveau d’aplomb. Et là, je sais qu’une question vous brûle les lèvres -à moins que ça ne soit le café trop chaud que vous êtes en train de boire- : « quel a été le déclic, petit con ? ». Réfléchissons. Qu’est-ce qui régente le petit bazar dans lequel nous vivons ? L’argent bien sûr ! C’était évident hein ? Donc, étant donné qu’en dépit de tous mes efforts pour me marginaliser, je suis un citoyen du Marché, ma radinerie est innée. Alors, il a suffit que je pense à ce que je pourrais faire de l’argent versé à l’Etat pour m’acquitter de la redevance audiovisuelle, pour qu’instantanément l’envie de venir polluer le cyberespace me reprenne.

Mais au lieu de vous raconter ma vie, ce que je fais depuis tout à l’heure, je me suis dis qu’il fallait prendre le problème autrement : pourquoi, malgré les 116 euros et demi que je paye tous les ans (soit environ 9.7€/ mois quand même), ma télé publique n’offre aucune valeur ajoutée ? On connaissait « 14€99 », bouquin générationnel de Beigbeider -dont le projet d’adaptation au ciné a été relancé, avec dans le rôle principal…Jean Dujardin ; pour vous donner une idée, c’est comme si Bigard jouait dans un film de Woody Allen-, on pourrait très bien faire un «116€50 ».

Ces derniers temps on nous a beaucoup rabattu les oreilles avec le « modèle social anglais », mis en opposition avec le nôtre. Mais rien ne dit que comparer le fonctionnement de nos organismes audiovisuels respectif soit moins d’actualité, à l’heure ou un audit commandé par la nouvelle direction de France Télés a été interprété comme accablant pour Marc Tessier, le président sortant. En vrac, l’accent est mis sur une mauvaise gestion des stocks de programmes, une augmentation du coût de la grille, une érosion de l’audience et un certain clientélisme vis à vis de certains producteurs. Paf (sic), dans les dents ! Sauf que comme le souligne Tessier dans un communiqué, le coût de la grille a augmenté, partout, et le hertzien a dans son entièreté souffert de la multiplication des offres…et ça ne va pas aller en s’arrangeant avec la TNT. De plus, le prédécesseur de Patrick de Carolis explique que son bilan est bon d’un point de vue comptable et que c’est sous sa présidence qu’a été instauré un système de clause d’audiences. Et d’ajouter qu’il souhaite à la nouvelle direction de faire aussi bien que lui…

Mais justement, pour en revenir à nos moutons, à y regarder d’un peu plus prés, on se rend compte que c’est le mode de fonctionnement de notre service public lui-même qu’on pourrait remettre en question ! Cela tient au fait que depuis sa privatisation, TF1 a toujours dominé outrageusement la course à l’audience. Dans le même temps, France Télévisions concentre ses forces sur plusieurs fronts et diffuse de la publicité pour subvenir à ses besoins. D’ailleurs un nouvel assoupissement en la matière vient d’être demandé. Du coup, les programmes de la télé publique sont soumis à des impératifs publicitaires et de facto sont amenés à courir derrière le privé, qui plus est avec des moyens dilués. Si on traverse la Manche, on peut constater que c’est BBC, sans pub, qui donne le ton aux chaînes privées. Parce que BBC1 est leader. Parce que la redevance est plus élevée et mieux utilisée ce qui évite d’avoir à recourir à la pub. Mais aussi parce que les programmes des télés privées sont tirés vers le haut par le service public, soit exactement l’inverse de la situation chez nous. La BBC remplit sa mission de service public bien au delà de sa propre existence. Elle pousse la concurrence à investir dans des programmes de qualité pour rattraper son retard. En fait, elle a un rayonnement positif sur l’ensemble du paysage audiovisuel Britannique. En France, on a coupé la poire en deux ce qui a donné un système bâtard qui présente un énorme inconvénient : on est tenu de payer, mais on n’en a pas pour notre argent, puisque la télé publique n’a pas la même liberté qu’une chaîne payante –hormis ARTE- du fait de la pub. Au Royaume Uni, la BBC n’est ni plus ni moins une télé payante, sauf que l’abonnement est obligatoire. Mais le contribuable est roi, l’annonceur n’existant pas. A Canal, Pierre Lescure parlait d’une « religion de l’abonné ». A la BBC existe une  religion du  « taxpayer ». Pourtant, personne ne peut prétendre sérieusement que les britishs sont moins libéraux que nous ! Alors oui, le BskyB de Murdoch brille là bas. Mais je vais vous dire un truc, si France télé ressemblait à BBC, et en omettant le sport, je passerais beaucoup moins de temps devant Canal… D’autant plus que les Anglais auraient bien des leçon à nous donner en matière d’indépendance éditoriale, bien que depuis la crise survenue durant la guerre en Irak la donne ait sensiblement changée…

Résultat des courses, en fait les 116€50 en question, ils sont utilisés pour un tas de trucs, peut être pour trop de trucs. Mais en même temps, si le modèle français consiste à avoir une grande diversité de l’offre publique, alors oui, Tessier, qui a entériné la création de la holding FTV, a un bon bilan. Certains voudraient privatiser France télévision. Et si le problème c’était que ça l’était déjà dans l’esprit et dans la gestion ?

 

Boodream

 

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J
Bon article Boodream ;-)
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F
C'est une excellente annalyse: j'ai la chance de recevoir BBC1 et 2 ici et ce sont avec arte mes seuls alibis de ne pas foutre le poste par la fenêtre. France5 et 4 font des efforts aussi: mais on ne les recoit pas ici: par contre TF1 no problemo, ça on a...
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S
Je pense un peu comme toi Volpone. La même conviction ;-)
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V
Moi,j'ai la conviction intime que cette gestion aléatoire de France Télévision est destinée, à moyen terme, comme c'était le cas pour la SNCM, rongée par une mauvaise gestion plus ou moins voulue de l'Etat, à entamer sa privatisation  ( en tout cas au minimum FR2 ou FR3 ) entre 2007 et 2010 si la droite gagne les élections ... FR3 serait à mon avis principalement menacée . <br /> Bravo en tout cas pour votre analyse, Boodream !
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B
Tu te fais (trop)rare Boodream !
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