Séries, ton classement impitoyable : 16 - SOUTHLAND.









Place 16/40 : Southland – saison 1.


Diffusion sur NBC le jeudi soir à 22 heures (moyenne saison 1 : 7,42 millions de téléspectateurs). Aucune annonce d’achat en France. Renouvelé pour une saison 2.


Créé par Ann Biderman. Avec Michael Cudllitz, Kevin Alejandro, Ben McKenzie, Regina King, Arija Bareikis, Shawn Hatosy et Tom Everett Scott.


Indice spoiler : 0/5.


 

Bilan: Southland est une très bonne, voire excellente, série. Le casting est convaincant et expérimenté, le scénario est soigné et prenant, la réalisation est d’une justesse relevant presque de l’art, les dialogues sont réalistes et recherchés. John Wells n’a donc rien à se reprocher et a fait son travail de producteur à la perfection pour nous livrer un produit efficace et prometteur. On retrouve clairement la patte de l’équipe scénaristique d’Urgences dont le savoir-faire en la matière n’est plus à prouver. Mais alors, mon cher Cole, pourquoi n’as-tu classé la série que 16ème ? Et bien, c’est très simple à vrai dire : j’ai des gouts de merde. Oui, oui, je l’assume. J’ai abandonné Dexter pour Les Frères Scott et Lost pour Smallville. Je ne vous raconte même pas le top 10 qui vous attend.


Non, plus sérieusement (mais vous saviez que c’était faux !), le problème majeur de Southland n’a finalement pas grand-chose à voir avec la série en elle-même mais avec l’Histoire avec un grand H. Alors déjà, Southland, ça parle de quoi ? Il s’agit tout simplement d’un ensemble drama suivant le quotidien mouvementé d’une bande de flics de Los Angeles. Un vrai cop show terre-à-terre à l’ancienne, loin des labos des CSI, nous plongeant dans le quotidien difficile, voire dramatique, de la police de banlieue. Les stars de la série sont donc bien les policiers, et non les enquêtes. Ainsi, les épisodes ne commencent pas avec un meurtre comme dans CSI justement mais bien souvent avec une simple patrouille. Le téléspectateur n’est donc pas du tout omniscient mais vit l’action au travers de la caméra et des protagonistes, de leur doute, de leur faille et de leur impossible métier.


C’est donc le métier de flic qui est au centre de la série, les événements adjacents n’étant finalement qu’une soupape au développement des personnalités et des traits de caractère de chacun. Autant dire qu’on a donc une série bien plus dense, creusée et feuilletonnante qu’un simple formula show. La réalisation sobre et dure, souvent camera à l’épaule, lui confère un côté docu-drama qui la rend encore plus réaliste et passionnante. Le côté ‘budget dérisoire’ de la série avec ses rues sales, ses voitures abimées et son commissariat délabré viennent renforcer ce sentiment. Ce dernier est carrément porté à son apogée avec le choix judicieux des storylines souvent simples et quasi-quotidiennes (pas de serial killer miniature ici !) qui renforcent encore son réalisme. Les scènes sont vraiment présentées telles qu’elles sont, on n’insiste pas sur tel ou tel aspect pour faire du spectaculaire. Faisons simple : Southland est aux Experts ce que Friday Night Lights est aux Frères Scott !


Southland est donc une série excellente, vous l’aurez compris. Et pourtant ça ne va pas vraiment. Non ça ne va pas car chaque élément de la série, aussi brillant soit-il, a déjà été exploité et re exploité en long, en large et en travers dans des monuments de la télévision américaine. Southland se place en héritière directe de séries comme Hill Street Blues, New York Police Blues, New York 911 ou encore The Shield mais en se contentant de piocher des éléments dans chacune de ses séries pour aboutir finalement à un produit hybride et auquel on peine véritablement à accrocher. La raison est simple : on ne parvient pas à rentrer dans l’intrigue, à adhérer totalement à l’émotion de la série car les intrigues nous renvoient aux mythes évoqués précédemment. Autant dire que la même intrigue abordée dans le 1.02 de Southland et dans la saison 5 de NYPD Blues, avec tout le background et le lourd passé de la série, ne nous apporte définitivement pas la même sensation. En fait, Southland se positionne sur un créneau qu’une poignée de séries a purement révolutionné. On ne parlera même pas du genre ‘policier réaliste’ comme on pourrait parler de soap, on citera directement les séries concernées qui constituent le genre à elles seules. Ce genre est probablement l’un les plus téméraires à l’heure actuelle tant ces séries-là l’ont incarnés.


C’est toute l’ironie de Southland. Son erreur est véritablement d’avoir pris un genre de télévisuel fortement marquée par des séries si emblématiques qu’il devient de plus en plus impossible d’imposer sa pate. The Shield y était parvenu grâce à la personnalité et aux agissements de ses protagonistes, New York 911 aussi en rajeunissant un style qui s’était quelque peu défraichi. Southland n’arrive donc pas à point nommé avec un genre qui n’a pas encore refermé les blessures de The Shield. Mais pour autant, et c’est là l’ironie, je conseillerais totalement la série aux personnes n’ayant pas vu les séries que je viens d’évoquer. Pour les autres, vous risquez de voir Southland comme un plagiat arrangé, certes bon mais copie quand même, de vos séries cultes.




Permettez-moi d’étoffer quelque peu mon raisonnement à commencer par les personnages. L’officier Cooper par exemple, magistralement interprété par Michael Cudlitz, est finalement le flic un peu désabusé et blasé face à sa profession, gros dur au cœur tendre, mix entre Sully de New York 911 et Sipowick de NYPD Blues. C’est encore comme plus criant pour certains personnages comme celui de Regina King qui rappelle presque de façon troublante Claudette de The Shield : agent décriée par la direction, qui a tendance à devenir trop émotionnelle au boulot et se paye une vie de merde à côté. Il y a aussi le personnage de Tom Everett Scott, le transposé de Dutch de The Shield. Franchement, c’est criant ! Il mène ses interrogations de la même manière que Dutch, utilise les mêmes procédés quitte à dragouiller un peu. De plus, le ton et l’ambiance des interrogatoires tentent de reproduire l’ambiance de The Shield. Le pire étant qu’on voit que Southland a du potentiel et qu’elle est tout à fait capable de se différencier. Alors pourquoi ne le fait-elle pas ?


Les intrigues, elles-mêmes, en deviennent maladroites et sont parfois très mal amenées. Les scénaristes ne sont pas idiots et savent qu’ils portent le lourd poids d’un The Wire ou d’un Hill Street Blues sur leurs épaules. Certaines scènes tombent ainsi comme un cheveu de la soupe et on a le sentiment que les auteurs nous disent voilà, vous allez voir, nous aussi on va faire de l’hyper réaliste, de la guerre des gangs, de la fusillade. Il y a par exemple une scène dans le pilote qui sort de nulle part où un gosse se fait mitrailler par un gang ennemi. Oui, c’est visuellement et émotionnellement très choquant mais c’est un peu facile et on ne voit pas vraiment l’intérêt. Dans The Shield, quand ce genre de choses arrivait, il y avait tout un puzzle de plusieurs épisodes qui portaient la scène et qui, du coup, lui conféraient toute la dimension.


Southland a peut être voulu aller trop vite et comment lui en vouloir ? Il est vrai aussi qu’une chaine comme FX va donner plus beaucoup le temps à sa série de s’installer que NBC, d’autant plus que la saison 1 ne comprend que 7 minuscules épisodes. Elle a donc peut être voulu en faire beaucoup, tout de suite. En cela, on a presque le sentiment que le pilote pourrait constituer un simple épisode d’une hypothétique saison 4 alors que ce genre de séries doit prendre le temps d’imposer sa patte. Mais ne jetons pas tout de suite Southland aux loups car la série présente peut-être un certain potentiel. Oui, peut-être car elle a clairement des points très réussis et qui pourraient justement signer sa différenciation. Et ces points se situent dans les dialogues brillamment écrits et les relations entre personnages. La plus prometteuse est celle entre Cudllitz et McKenzie. On a une relation à tâtons et construite avec une sobriété bluffante entre le jeune bleu couvert de blessures d’enfance qui découvre le métier et le vieux baroudeur qui ne se fait plus d’illusions sur ce métier.


Là se situe tout le potentiel de la série : l’aspect réflexion sur le métier selon les différents personnages, la sagesse de l’un, la passion de l’autre, l’insouciance du dernier et ainsi de suite. La série a donc ce vrai côté drama, parfois intimiste, qui nous emmène au cœur du quotidien de ces policiers au travers de leur expérience, de leur lourd passé, de leurs failles, de leurs questions … Bien qu’un peu exploité aussi dans NYPD Blues et Third Watch, ce côté vraiment profond de la série n’a pas jamais été mis en avant de cette façon-là et Southland y tient peut être sa véritable force. La question est : va-t-elle vraiment se diriger vers cet aspect ? Si oui, on aura peut être une grande série policière qui marquera son temps (si elle fait des bonnes audiences bien sur), si non la série ne parviendra probablement jamais à me convaincre.




Prix special : Award ‘Zac Efron’ de l’acteur avec un eternal air de genre idéal qui attend sagement le mariage avant de consommer comme il se doit sa relation pour Ben McKenzie.


Meilleur épisode : 1.05 – Sally in the Alley


Pire épisode
: 1.02 – Mozambique


Les points forts : Quasiment tous les principaux éléments qui construisent la série sont réussis : la réalisation et l’hyper réalisme de la série sont bluffants, la plupart des storylines sont sobres et sonnent justes, le casting est très convaincant et certains dialogues se rapprochent de l’excellence.


Les points faibles : Un véritable manque de différenciation dans beaucoup de points de la série. Les storylines ont été déjà été traités avec beaucoup de plus de grandeur dans d’autres séries mythiques du même genre, des personnages reprennent également des traits de personnalités en tous points similaires à ceux d’autres séries. On a toutes les peines du monde à s’attacher à la série.


Conclusion : Southland arrive peut être trop tôt ou trop tard mais en tout cas pas au bon moment. Alors que le genre de séries policières ultra-réalistes a été révolutionné et proprement incarnés par certains des plus grands vestiges de la télévision américaine de Hill Street Blues à The Shield, en passant par NYPD Blues ou The Wire, Southland ne parvient pas à trouver sa place. Les épisodes, aussi excellents soient-ils, nous projettent donc dans le souvenir de ces séries, et on ne parvient pas à rentrer vraiment dans son univers. Toutefois, la maitrise de la série et surtout sa façon de faire évoluer ses personnages pourraient lui permettre de trouver son identité si elle creuse cet aspect. Wait & See.


COLE.


Prochain billet demain, mardi. Les précédents sur http://www.leblogtvnews.com/categorie-10974265.html.


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Commenter cet article
B
Belle chronique mais je ne suis pas d'accord personnnellement, la saison 1 de Southalnd m'a lourd éau plus ahaut point. Heureusement que vous ne la comparezpas aux monument The Wire et -dans une moindre mesure- The Shield car elle ne pourra jamais les atteindre, c'est évident vu cette 1ère saison poussive avec des personnages inintéressants. Je trouve ça impensable de mettre cette saison devant les saisons 7 et 5 de 24 et House, ou les saisons 3 et 2 de 30 Rock et The Big Bang Theory, mais bon, les goûts et les couleurs...
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R
Ugly Betty jamais vu, Grey's anatomy non plus. Bon je connais de nom, mais le reste nada!!
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S
Parce que dans celles qui sont déjà chroniquées, tu ne connais pas House, Desperate housewives, Prison break, Grey's anatomy, 24, Ugly Betty ?
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R
J'espère que dans les 10 derniers y aura une série que je connais...Parce que là...
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D
Délicieuse chronique !et  le Zac Efron Award !
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R
J'ai beaucoup aimé cette saison 1 de Southland. On sent vraiment l'énorme potentiel de la série et si elle joue les bonnes cartes, la saison 2 pourrait la lancer véritablement.J'aime tout particulièrement le ton très mélancolique, très brut de la série. On est à cent mille lieux des Experts et c'est tant mieux.
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"
Très intéressant, réellement. Comme quoi un site médias peut avoir un contenu riche durant l'été sans faire 10 articles par jour sur Secret story (suivez mon regard)! Merci de privilégier la qualité au bourratif.
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T
Très belle chronique qui donne envie de découvrir cette série.
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B
Complétement d'accord, t'as réussi à mettre les mots justes sur l'impression que laiisse la série. Si elle transforme l'essai et arrive à se trouver, ca peut vraiment devenir une grande série. Plus que The Shield c'est vraiment la filiation avec ce qu'a fait Bochco qui m'a frappé. 
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T
Southland est l'une des surprises de l'année. Une série que l'on attendait pas forcément et qui se trouve être une excellente découverte. Le ton brut de la série est très proche de ce que peut faire les chaînes du cable et c'est très bien de voir une telle série sur un network où les cop shows donnent souvent envie de s'endormir.Une série a surveiller même si je doute qu'elle aura un destin à la Urgences.
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B
Sur un de vos partenaires, ils annoncent un autre 16ème du classement ... une mère de famille souffrant de trouble dissociatif de l'identité, pour ne pas donner le nom de la série.En tout cas que ce soit Southland ou la série (peut-être 15ème ?) dont je parle, je suis fan.
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P
<br /> Je te confirme que la série est 16ème dans le classement effectué par Cole. L'autre est un peu plus haut ;)<br /> <br /> <br />
J
D'ailleurs, à propos de The shield, j'espère qu'en hommage à la série (l'ultime saison ayant eu lieu), j'espère qu'elle sera classée très haut dans le classement. Elle mérite le top 3 !
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G
Grand fan de The Shield, ton papier me donne envie de la découvrir cette série. Si aucune chaîne ne la diffuse, faut pas pleurnicher sur les téléchargements.
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