2 Septembre 2010
Séries, ton classement impitoyable, place 5 : DEXTER Saison 4 (classement saison 3 l'an dernier : 9ème ; classement saison 2 il y a deux ans : 2ème) .
Diffusion sur Showtime le dimanche soir à 22h (Moyenne saison 4 : 1,07 millions de téléspectateurs, +15% par rapport à la saison 3) et sur Canal + en France.
Renouvelé pour une saison 5.
Créé par : James Manos Jr.
Avec : Michael C. Hall, Julie Benz, Jennifer Carpenter, C.S Lee, Lauren Velez, David Zayas, Desmond Harrington et James Remar
Attention ! Indice Spoiler : 5/5
Après une saison 3 qui avait divisé les critiques, la saison 4 était particulièrement attendue au tournant. Et ce, d’autant plus, que l’on nous promettait un véritable renouveau de la série avec l’arrivée du bébé de Dexter. Ce bébé qui aura finalement été paradoxalement à la fois au centre et absent de la saison. Comment pouvait-il en être autrement ? A l’aube de la saison, on pouvait ainsi lire sur internet les théories les plus improbables des fans conspirationnistes qui prétendaient que Dexter allait faire de son bébé un serial-killer. Enfin, soyons réalistes, il n’a que quelques mois. C’était impensable !
Et pourtant, notre renouveau, on l’a eu. En dépit d’un début de saison poussif où on a craint le pire, le premier épisode étant probablement l’un des pires épisodes du show, la série est parvenue à transformer l’essai pour nous livrer l’une de ses meilleures saisons. Elle confirme par la même la particularité très forte de Dexter qui consiste à nous perdre totalement en début de saison pour petit à petit monter en puissance et nous laisser pantois d’admiration.
Je ne vous parlais pas du bébé par hasard. Les scénaristes ont en effet décidé de se concentrer cette fois-ci sur le nouveau rôle de Dexter, à savoir celui de père de famille. Dexter est évidemment tiraillé entre deux positions : celle d’être bon père de famille, présent et aimant, modèle de bonnes valeurs et le danger de négliger son rôle, de privilégier le meurtre au cocooning et de transmettre à son fils ses gênes meurtriers. La question est donc de savoir comment passer outre son ‘dark passenger’ ? C’est tout l’enjeu de la saison. On se doute malgré tout que la bonne morale finira par l’emporter et en cela, je trouve les passages volontairement chocs où Dex’ s’adresse à son bébé en lui disant que papa est un serial killer incohérents. On sent clairement les scènes markétés destinées à figurer dans les bandes annonces. Dommage que la série en arrive là.
Même si ce point reste un minuscule détail en comparaison de la fabuleuse saison à laquelle nous avons eu droit, il n’en reste pas qu’il est assez symptomatique de la véritable ménagérisation qui est en train de toucher la série (aka : série pour ménagères). Si vous avez vu la saison 4 et que vous en avez l’opportunité, regardez à nouveau le pilote. La différence d’image, de dialogues, de ton, dans le fond comme dans la forme est criante.
Bien sûr, certains argumenteront que ce changement de ton est finalement lA résultante de la mutation de Dexter. Il n’est plus le geek meurtrier, morbide loup solitaire de la saison 1. Il est aujourd’hui un père de famille, jouit d’une vraie place dans la société et possède son petit pavillon agrémenté d’une pelouse parfaitement symétrique. Cette analyse est foncièrement correcte.
Les scénaristes ont ainsi encore accentué cette sensation que la série et le personnage ne font qu’un. La série est un miroir du personnage, incarnée par la voix-off omnisciente de Dexter. Une seconde lecture inconsciente pour les téléspectateurs mais qui prouvent la maitrise pointilleuse des scénaristes. Toutefois, là où le bât blesse un peu plus, c’est la place de plus de plus importante laissée aux intrigues d’amourettes insipides, tolérables dans Grey’s Anatomy, mais insupportables ici.
Le pire étant que ces intrigues touchent des personnages très prometteurs. En cela, l’histoire d’amour entre Laguerta et Angel est le véritable échec de la saison 4. Les tergiversations sentimentales de Debra ne sont guère plus exaltantes. Et finalement, même l’enquête de Debra sur son passé et le fait qu’elle découvre enfin que Dexter n’est d’autre que le frère de l’Ice Truck Killer finit en eau de boudin. A croire que Dexter incarne tellement la série que toutes les intrigues secondaires ne sont que calage presque volontairement non maitrisé pour meubler les épisodes.
Mais arrivons-en enfin au point qui justifie la position de Dexter dans le classement, à savoir toute l’intrigue autour du Trinity Killer. La série est parvenue à créer un doublé gagnant explosif, pas toujours évident lors des précédentes saisons, alliant thriller haletant et drama familial juste et poignant. John Lithgow interprète ainsi majestueusement un serial killer troublant, violent et attachant à la fois, qui va être l’objet d’une véritable obsession de la part de Dexter.
Dexter est avant tout une série sur la fascination, les rapports humains, l’échiquier géant que représente la vie. Malgré ses crimes odieux, le Trinity Killer parvient à échapper à la police depuis plus de 30 ans tout en semblant mener une vie familiale et caritative exemplaire. Dexter va ainsi se lier étroitement à cet homme, prisonnier de sa soif d’apprendre lui-aussi comment mener une telle existence. Dexter se voit tiraillé entre son admiration et sa rage pour celui qu’il estime être responsable de la tentative du meurtre de sa sœur et par ricochet du meurtre de Lundy.
Le parcours initiatique de Dexter est une nouvelle fois déchirant. Celui-ci ne tardera pas à découvrir que le Trinity Killer n’est en réalité qu’une infâme brute, contraignant sa famille au silence et au malheur. Le seul espoir de Dex’, qui voyait en lui un modèle de réussite, prouvant de fait qu’il pouvait lui-aussi mener cette double existence, se retrouve de fait éteint. Il doit donc l’éliminer, rayer de son esprit ce faux rêve et se prouver à lui-même que son sort n’est pas une fatalité.
Détruire Trinity, sauver la famille de ce dernier : s’il réussit sa mission, Dexter garde un espoir de sauver sa propre famille. Un combat de titans qui se soldera par une ignoble ironie dont seule la série a le macabre secret. Il sauve la famille de Trinity mais il est déjà trop tard pour défendre la sienne. Ce serait une faute professionnelle de révéler ici la fin de la saison 4 pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu. Mais de mémoire de sériephile, j’ai rarement pu assister à une scène aussi jouissive et enrageante à la fois, aussi sublime et atroce, aussi inattendu qu’implacable. Clairement une scène qui restera dans les anthologies de la fiction. Enfin, petit clin d’œil pour ceux qui ont vu cette scène : Ah, ils l’ont fait !
Meilleur épisode de la saison: 4.12 - The Getaway
Pire épisode de la saison: 4.01 - Living The Dream
Conclusion : Dexter nous livre sa saison la plus aboutie de tout point de vue. Si la saison 1 lorgnait plus du côté du drama psychologique, la saison 2 du côté du thriller diablement efficace, la saison 4 allie à la perfection les deux ingrédients de la série. Grandement aidée par un John Lithgow magistral, la série n’aura jamais été aussi redoutable, schizophrène et philosophique à la fois. Son final restera clairement dans les annales et envoi directement la série dans le cercle très fermé des séries qui resteront cultes à jamais. Dommage que les intrigues secondaires trop souvent bluettes et inutiles viennent parasiter le rythme du show. Diffusion sur .
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © SHOWTIME / DR. )
Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations cette saison, pour épauler Cole, de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
Et Boodream.
Actu des médias par 2 passionnés, amateurs. Et tweets perso.
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