3 Septembre 2010
Séries, ton classement impitoyable, place 4 : TRUE BLOOD Saison 2 (classement saison 1 l'an dernier : 2ème) .
Diffusion sur Diffusé sur HBO le dimanche soir à 22h. Diffusion en France sur Orange et NT1.
Renouvelé pour une saison 4.
Avec Anna Paquin (Sookie), Stephen Moyer (Bill), Sam Trammell (Sam Merlotte), Michelle Forbes (Maryann) Ryan Kwanten (Jason), Rutina Wesley (Tara)…
On est un peu tous des vieux cons. Lequel, d’entre nous, ne regrette pas l’époque télé de son adolescence, à l’heure où nous découvrions avec émoi nos premiers amours télévisuels ? Pour certains, c’est plutôt Belphégor et le Prisonnier (et quand on voit les remakes, on ne leur en tiendra pas rigueur), pour d’autres c’est Dallas ou Dynastie et, car le mauvais gout existait déjà à l’époque, certains seront nostalgiques de K2000 et de Shérif, fais-moi peur.
Oui, nous sommes tous des vieux cons. Et pourtant, et c’est justement là où je souhaite en venir : nous avons tort. Oui nous avons tort car si évidemment, des séries resteront cultes à jamais, l’Age d’or des séries télévisées, ce sont les années 2000. Jamais les séries n’auront été ni novatrices, ni ambitieuses, si originales, si audacieuses, si irrévérencieuses. True Blood est l’exemple parfait de cette nouvelle tendance. Après une saison 1 d’excellente facture où la série a instauré sa délirante mythologie, elle réitère l’exploit avec une saison 2 défiant littéralement les codes de la fiction.
Au-delà de son simple statut de série atypique, la saison 2 de True Blood aura bouleversé la notion même d’ « épisodes ». Cette saison pourrait presque s’apparenter à une incroyable sauterie satanique de 13 heures, une frasque infernale et sans temps mort qui nous transporte dans un univers hypnotisant, littéralement mythologique et irrésistible. Si j’osais, je qualifierais presque la série de véritable secte. Son univers est si particulier, si singulier qu’on peut ne plus parler de visionnage mais d’immersion totale, de série presque communautaire tant on a véritablement le sentiment de traverser l’écran, de faire partir du village, de ses excès et de ses délires.
De par sa stratégie marketing redoutable, sa forte identité et son impressionnante communauté de fans, on développe un véritable sentiment d’appartenance. C’est presque comme si, entre fans de True Blood, on se comprenait, on partageait quelque chose d’unique que les autres ne peuvent pas comprendre. Rares sont les séries qui procurent ce sentiment. Alan Ball a parfaitement conscience de cet espèce d’irrésistible envoutement crée par sa série et nous renvoie la balle au moyen d’une excellente intrigue développé dans cette saison.
En pleine remise en question existentielle, Jason se retrouve ainsi enrôlé dans une improbable secte anti-vampires prônant ni plus, ni moins que l’extermination de ces derniers. L’intrigue finira également par partir en vrille, dans une plus pure tradition True Bloodienne, avec Jason en véritable idiot du village qui développe une relation blasphématoire avec le cliché blonde responsable de la secte. Non seulement, l’intrigue est drôle, irrévérencieuse, parfois inquiétante et surtout très bien maitrisée mais surtout elle fait ce parallèle avec les fans. True Blood est justement une véritable religion dont chacun fera sa propre interprétation.
Excès, outrance, démesure… Voilà en tout cas des qualificatifs sur lesquels pourront s’accorder tous les fans. La série l’a prouvé durant cette saison 2 : aucune de ses intrigues n’est traitée de façon conventionnelle, ce mot est véritablement banni du vocabulaire de Ball. Chaque storyline de la série, aussi traditionnelle voire ridicule puisse-elle être à l’origine, finira par un automatisme de génie à être sublimée entre violent slasher, romantisme gothique ou délire frénétique, démentiel, hystérique …
Je ne serais presque pas d’accord avec ceux qui prétendent que True Blood a une mythologie. C’est justement le contraire, la force et l’originalité du show. Contrairement à la plupart des séries qui « s’autocensurent » pour rester cohérentes par rapport à leur ligne directrice, True Blood n’a pas ce problème car elle n’en a aucune. La série ne se refuse strictement rien et se réinvente en permanence, mettant en scène les idées les plus folles, les plus inconcevables des scénaristes. L’imaginaire est finalement la seule limite de True Blood. Si demain, les scénaristes ont l’idée d’intégrer un poulpe-otarie qui se transforme en bébé cul-de-jatte lorsqu’il couine, rien ne lui interdira et croyez-moi, ils le feront et comble de l’ironie, ce sera génial !
De ce fait, la meilleure intrigue de la saison concerne sans doute le personnage très controversé de Maryann Forester. La performance de Michelle Forbes est d’autant plus hallucinante qu’on pensait l’actrice très mauvaise, suite à son insipide rôle dans la saison 2 de 24. Son personnage d’improbable ménade démoniaque et perverse est surement l’un des plus énigmatiques et charismatiques de la série. Il signe le paradoxe du show : allier à la fois mythologie (dans le sens historique du terme) presque littéraire et extrême délire entre sexe et violence.
Maryann est ainsi à l’origine d’épisodes véritablement cosmiques, notamment dans les derniers, entre folies généralisées de tous les habitants de Bon Temps et partouzes sataniques. Cela nous donne des épisodes de pure folie furieuse, entre un humour déjanté, une excentricité maladive dans la moindre ligne de dialogue et un suspens à nous couper le souffle.
On en viendrait presque à oublier que le postulat de True Blood reste les vampires. Ces derniers sont un peu moins au centre de la série qu’en saison 1. Il n’en reste pas moins qu’ils sont au cœur d’intrigues complexes et passionnantes. True Blood a su sortir des postulats habituels où les vampires ont généralement un cerveau pour 1.000, ou tout du moins une personnalité plus ou moins similaire.
Les storylines les plus réussies sont clairement celles mettant en scène les combats de pouvoir entre vampires, entre hiérarchie inébranlable et dangereux jeux d’attraction et de séduction. Les épisodes tournant autour du sheriff vampiresque Godric étaient sans aucun doute les plus déchirants de la saison. Je noterais toutefois deux petites déceptions pour conclure cette chronique : tout d’abord le cliffangher final, ridicule et pas inspiré et l’évolution déroutante de Lafayette. Suite à son enlèvement, Lafayette perd tout le côté démesurément burlesque que constituait son personnage pour devenir de plus en plus sombre… Ça ne colle absolument pas au personnage et presque comme signe de mea culpa, il devient de plus en plus absent au fil des épisodes. Un peu dommage.
Meilleur épisode de la saison : 2.10 - New World in my View
Pire épisode de la saison : 2.11 - Frenzy
Conclusion : True Blood est clairement l’un des phénomènes de l’année. Cette saison 2 donne le sentiment d’avoir vu la série déployer ses ailes et dévoiler toute son envergure. Elle s’impose comme une véritable série barrée, berceau de l’imagination sans limite d’idées ni d’autocensure de scénaristes très inspirés. True Blood est une série excessive, dans l’outrance permanente, que ce soit dans son humour, dans son émotion, dans sa cohérence… Elle se démarque comme aucune autre série et constitue clairement un show sur lequel il faudra compter dans les années à venir.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © HBO / DR. )
Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations cette saison, pour épauler Cole, de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
Et Boodream.
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