23 Août 2010
Séries… Ton classement impitoyable ! Place 13 - Friday Night Lights – Saison 4.
Classement 2008/2009 : 3ème.
Classement 2007 / 2008: 15ème.
Diffusion aux Etats-Unis sur DirecTV et NBC. Diffusion sur NRJ12 en France.
Renouvelé pour une ultime saison 5.
Créé par Peter Berg.
Avec Kyle Chandler (Eric Taylor), Connie Britton (Tami), Taylor Kitsch (Tim), Jesse Plamons (Landry), Aimee Teegarden (Julie), Zach Gilford (Matt), Derek Phillips (Billy), Michael B. Jordan (Vince), Jurnee Smollett (Jess), Matt Lauria (Luke), Madison Burge (Beckie).
Indice spoiler : 2/5
Ne s’improvise pas cuisinier qui veut. C’est un métier. Ils auront beau avoir exactement les mêmes ingrédients, un chef étoilé et un empoté du fourneau prépareront deux plats radicalement différents. C’est finalement la même chose avec les séries. Le scénario peut etre convaincant, le casting de haut niveau et les dialogues excellents, la mayonnaise n’est pas une évidence. C’est un petit peu le cas de cette saison 4 de Friday Night Lights.
Si je n’ai pas 100 % adhéré à cette saison de Friday Night Lights, je n’aurais paradoxalement pas grand-chose à lui reprocher. Les dialogues sont toujours aussi saisissants de réalité, la série n’a jamais été aussi sobre et authentique, portant sans dénis possible et de manière encore plus violemment marquée, l’esprit et le poids de la culture texane. Là n’est donc pas le problème. Mais surtout, la série aura changé d’envergure. Friday Night Lights ne se pose plus comme un simple drama familial, quel qu’en fut sa qualité. Dans un mouvement déjà brillamment amorcé la saison dernière, Friday Night Lights se place désormais en véritable miroir de la société catholique américaine. La série nous livre ainsi à la perfection la terrible peinture quotidienne d’une société possédant toujours de manière violente les stigmates des plus grands maux de la société : conservatisme extrême, argent, racisme et strates sociales.
Et là où la série fait preuve d’une intelligence rare et qui lui confère une légitimité et une vérité peut-être encore forte que celle des films de Michael Moore ou que certaines séries comme The Wire (je ne remets en question ni la qualité de l’un, ni de l’autre), c’est que son seulement ses brûlots sont cohérents et parfaitement intégrés à la série mais qu’en plus, elle ne prend pas parti. Elle ne juge jamais.
Prenons en exemple l’une des intrigues phares de la saison, à savoir le cas Tami Taylor. La femme du coach, également proviseur du lycée, se retrouve en pleine tourmente après avoir indiqué à une jeune fille de 16 ans enceinte qu’elle avait la possibilité d’avorter. Elle est ainsi embarquée au cœur d’un véritable scandale, d’une violence inouïe, allant de coups de fils anonymes à manifestations contre sa personne, en passant par des actes de vandalisme. La série exprime clairement ici l’extrémisme auquel peut conduire le conservatisme américain mais elle le fait presque en narratrice extérieure. Comme si une équipe de tournage venait filmer le village à ce moment précis sans jamais dire qui a raison ou qui a tort. C’est au téléspectateur de se forger sa propre opinion et Friday Night Lights signe ainsi une nouvelle preuve de son intelligence en faisant preuve d’un tel recul.
Pour autant, ces intrigues, aussi excellentes soient-elle, ne sont pas aussi prenantes et achevées que dans la saison précédente. La faute n’est pas à chercher du côté des scénaristes, ni même du casting lui-même mais simplement, ça ne prend pas. L’alchimie ne passe pas, la série ne parvient pas à toucher le téléspectateur de plein fouet. C’est finalement un petit peu comme une sublime chanson chantée sans émotion : le texte est magnifique, la voix a beau être extraordinaire : il ne se passe rien.
C’est évidemment difficile de dire du mal de FNL tant, contrairement à sa saison 2, la qualité intrinsèque de la série est bel et bien là mais j’ai finalement l’impression que ce coup d’arrêt devait survenir tôt ou tard. C’est comme si la série avait reçu un gigantesque coup de massue à chacun des départs de ses personnages fétiches (Jason, Smash, Tyra puis Matt) et qu’elle n’est finalement pas parvenue à se relever totalement. D’autant que les personnages restants ne sont franchement pas les plus intéressants. Les intriguettes de Julie sont indignes de la série tandis qu’on avait fait le tour du personnage de Landry dès la moitié du pilote.
Pour le reste, la série se sera également aventurée sur des terrains glissants qui n’avaient pas réellement lieu d’être. Je fais évidemment allusion à l’idée qui a révolutionné la série, à savoir scinder la ville à la Berlinoise : d’un côté « Dillon Ouest », la population moyenne, de majorité blanche et de confession ultra catholique, traditionnaliste et nationaliste et de l’autre « Dillon Est », à savoir les ghettos texans, principalement noirs, malfamés, rongés par les gangs, l’insécurité, l’échec scolaire et l’abandon des pouvoirs publics. Ce mur invisible, cette véritable fracture sociale est caractérisée dans la série par les deux lycées : Dillon Est et Dillon Ouest.
L’idée était excellente, très osée mais surtout trop ambitieuse. Non pas que Friday Night Lights n’ait pas l’estomac pour développer un tel concept, elle n’en a surtout pas les moyens. Le sujet est si vaste, si complexe et si tendancieux qu’il demanderait presque une série à lui-seule. Or, FNL est avant tout une série sur la famille, la jeunesse et le football américain. Concrètement, elle a fait ce qui lui était possible de faire. Cette intrigue est loin d’etre un raté, simplement on a comme un sentiment d’inachevé. La série a ouvert trop de vannes pour ne pas aller suffisamment en profondeur, d’où le fait qu’on soit un peu déçu et que la série ne nous ait pas pris aux tripes cette année. L’exigence avec une telle série est évidemment poussée à son paroxysme.
Résultat des courses : on surfe souvent entre du Boston Public de très bonne facture et du mauvais The Wire. Le point de vue de la banlieue est raconté au travers de l’histoire d’un jeune délinquant, possédant évidemment un bon fond et que le coach prend sous son aile. C’est malheureusement le genre d’intrigues déjà vues et surexploitées à l’infini, là où FNL parvenait jusqu’ici à imposer une galerie de personnages certes simples, mais surtout uniques.
Reste la très belle réussite de la storyline de Matt. C’est probablement le personnage le plus incernable et le plus complexe de la série : à la fois timide, renfermé et extrêmement fort, écrasé par le poids des responsabilités entre ses parents absents et sa grand-mère qui perd la raison. Après 3 saisons à demi-mots, où Matt n’aura cessé d’intérioriser, il éclate enfin en saison 4. Avec la mort de son père, la série lui offre une porte de sortie magistrale où le personnage, étouffé, enragé et complètement perdu n’a d’autre choix que de quitter la ville qui l’aura petit à petit consumé. L’excellente de l’intrigue est portée par un Zach Gilford exceptionnel qui aura su comme jamais retranscrire le désarroi et la détresse de son personnage. Encore un départ qui aura porté préjudice à la série…
Meilleur épisode de la saison : 4.05 - The Son
Pire épisode de la saison : 4.12 - Laboring
Conclusion : Le revirement de Friday Night Lights en véritable miroir aux allures de brulot des travers de la société traditionnaliste américaine est une semi-réussite. Si les intrigues sont osées, les dialogues saisissants de réalité et le casting toujours impeccable, l’alchimie a du mal à prendre. La série peine à trouver son rythme, coincé entre son ambition sociale et ses intrigues familiales qui restent malgré tout le cœur du show. Si la qualité est là, la série n’aura jamais été aussi ennuyante, ce qui aura nuit à l’émotion qu’elle a d’usage de dégager. Reste l’espoir d’une saison finale qui revienne un peu plus aux fondamentaux. Mention spéciale à Zach Gilford, tout bonnement magistral dans le rôle de Matt.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © DR. )
Rappel : Les chroniques sont avancées au début de matinée pour la parution.
Prochaines chroniques mardi à vendredi matin. Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations cette saison, pour épauler Cole, de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
Et Boodream.
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