16 Juillet 2010
Séries… Ton classement impitoyable ! saison 2009/2010.
Place 33 – CALIFORNICATION. Saison 3 (classement saison 2 en 2009 : 36ème/40).
Diffusion aux Etats-Unis sur ShowTime le dimanche à 22h (moyenne saison 3 : 790.000 téléspectateurs téléspectateurs, +61 % par rapport à la saison 2).
Diffusion sur M6 le vendredi à 22h15 en France.
Renouvelé pour une saison 4.
Créé par Tom Kapinos.
Avec David Duchovny (Hank), Natascha McElhone (Karen), Madeleine Martin (Becca), Evan Handler (Charlie), Pamela Adlon (Marcy), Kathleen Turner (Sue), Embeth Davidtz (Felicia), Peter Gallagher (Dean Koons) et Diane Farr (Jill).
Indice Spoiler : 1/5
Californication est une série toute bonnement fascinante, et je pèse mes mots. Les scénaristes de la série sont finalement des artistes incompris. Je les comparerais, et je pense que s’ils lisaient ma chronique, cela les toucherait droit au cœur, à des pétomanes professionnels. Ces gens-là ont un talent, c’est indubitable. Ils ne remporteront jamais le Pulitzer, ne seront jamais sacrés chevalier de la légion d’honneur (bien que…) mais ils ont un talent.
Alors, vous allez me dire, quel est donc le talent des scénaristes de Californication ? Et bien il s’agit de leur capacité divine à écrire 25 minutes de vide intersidéral, 25 minutes sans le moindre bout d’intrigue, la moindre ambition scénaristique, le moindre simulacre de contenu, la moindre silhouette de fond. N’y voyez pas malice, je suis très sérieux. Je vous mets au défi d’écrire un scénario de 20 pages dans lequel il n’y aurait aucune intrigue. C’est beaucoup plus difficile qu’il n’y parait !
Et pourtant, cette saison n’est pas si mauvaise. Elle est en tout cas clairement supérieure à la saison 2. Il y a, comme c’est traditionnellement le cas avec Californication, deux parties distinctes. La première partie de la saison est d’excellente facture avant que les scénaristes ne finissent par se prendre eux-mêmes à la coke et ainsi par sombrer dans les limbes de la médiocrité abjecte. Il est donc inutile de passer aux gosses des campagnes soporifiques de prévention contre la drogue. Montrons leur une saison de Californication ! En plus, c’est tout benef puisque, d’une pierre deux coups, on y inclut également l’éducation sexuelle. Californication est d’ailleurs une série très maligne jouant un petit peu sur le syndrome de la femme battue. Les 8 mois de répit entre deux saisons nous font quelque peu oublier sa nullité, les bons premiers épisodes regagnent notre confiance et on se retrouve toujours au fond du trou 12 épisodes plus tard…
Ce qui est également génial dans Californication, et c’est encore plus marqué dans cette saison, c’est son incroyable faculté à vulgariser la moindre banalité. Toute réplique, aussi insignifiante soit-elle, est automatiquement accommodée de son bon gros lot de grossièretés. Dans Californication, vous ne diriez pas ‘Je vais chercher le pain’ mais ‘Je vais aller graisser le cul de cette salope de boulangère’. Et je dois avouer, laissez-moi faire mon Mia Culpa (elle est bien bonne, c’est le titre du season final), c’est ce qui me rattache encore à ma série. Les répliques, aussi grasses, trash et vulgaires soient-elle, sont toujours très bien écrites.
Les scénaristes se sont surtout lâchés cette année sur l’excentrique et improbable Sue interprétée par Kathleen Turner. La série a parfaitement su jouer sur la stature masculine et grossière de l’actrice pour en faire le personnage le plus vulgaire de l’histoire de Californication. C’est dire. Le contrat de l’actrice spécifie bien qu’elle doit dire le mot « mouiller » au moins 18 fois par épisode. Et parce qu’elle est réglo, elle fait même un peu de rab. Et je dois avouer que c’est vraiment drôle. Mon dérivé favori reste quand même l’épisode où elle déclare être tellement mouillée, qu’elle est plus trempée que le Gange ! Je pourrais vous faire un florilège sans fin de ses excellentes répliques mais parmi celles qui m’ont particulièrement fait rire, j’ai adoré le ‘Depuis quand baiser comme des porcs et se faire des rails sur le cul veut dire qu’on a une relation ?’ ainsi que le ‘Pourquoi tu t’arrêterais pas chez moi pour un steak et une pipe ?’. Evidemment, c’est un genre, très graveleux mais dans le registre, il faut avouer que la série soigne particulièrement ses répliques.
Pour revenir au casting principal, on peut quand même être légèrement déçu. Toute l’intrigue d’Hank à l’université était plutôt fraiche et originale au début avant de virer au ridicule le plus total. C’est comme si la série ne pouvait pas s’en empêcher. L’idée de faire coucher Hank avec la directrice coinços, une prof vieille fille et une élève coquine était prometteuse mais mal exploitée, bien trop surexploitée d’ailleurs. Le fait de revenir continuellement sur cette intrigue au fil des épisodes lui a fait perdre toute cohérence et tout intêret.
Le vrai problème est finalement la non-évolution de la série et des relations entre les personnages. On a perdu tout le côté série familiale, mi underground, mi mélancolique sur la vie ratée, sur le bonheur echappé d’Hank, sur sa vie illusoire et celle qu’il reverait d’avoir. Bien sur Hank aime sa famille, est amoureux de sa femme et ferait tout pour sa fille. Mais la vraie différence est le fait qu’il se batte plus, que sa femme doit devenue une espèce d’anti féministe notoire se faisant une raison sur les infidélités de son mari, sous pretexte que c’est un artiste peut-être. Sauf qu’il n’écrit même plus… La série est finalement devenue trop épicurienne, comme si petit à petit tous les « à cotés » qui constituaient l’audace et l’intelligence du show ont disparu au seul profit du sexe et de la débauche.
Les acteurs eux-mêmes ne semblent plus vraiment y croire. Duchovny s’ennuie à mourir, Natascha McElhone est sauvée par son look Rock’n’Roll mais se demande ce qu’elle fait là. Seul Evan Handler reste à peine convaincant, tellement à contre-emploi dans son rôle de Mr Propre nymphonane. Il fort heureusement aidé par Pamela Adlon, toujours impeccable dans le rôle de Marcy. Coté guest star, je dois avouer avoir été agréablemet surpris par Ed Westwick dont je regrette que l’intrigue n’ait pas été plus developpée. Par contre, Peter Gallagher était parfaitement ridicule, on se demande bien ce qu’il est venu faire là.
Alors, Californication peut-elle être encore sauvée ? La série est-elle en mesure de retrouver le bagout et le côté œuvre d’art moderne de sa première saison ? Très franchement, non. Le season finale semble redistribuer les cartes, faire rompre définitivement Hank et Karen et noicir ses relations avec sa fille mais ne nous meprenons pas, l’évolution des personnages n’est plus sa priorité. Au mieux, on sera revenu à la case départ à l’épisode 5 ou 6 de la saison 4…
Meilleur épisode de la saison : 3.08 - The Apartment.
Pire épisode de la saison : 3.10 - Dogtown.
Bilan : Californication pourrait presque devenir un recueil de répliques salaces et de scènes de sexes. C’est en tout cas tout ce qu’il reste dans une série totalement vidée de toutes intrigues à long terme et de toutes évolutions des personnages. C’est finalement devenu un théâtre de boulevard grandeur nature avec des personnages qui resteront éternellement figés et sont là pour nous divertir par leurs frasques, leurs bons dialogues et leur humour graveleux. Pour ceux que ça contente, tant mieux, Californication est très bonne dans le genre. Pour ceux qui cherchent une vraie série, passez votre chemin, y a rien à voir.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © SHOWTIME /DR. )
Prochaine chronique lundi midi. Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations également cette saison de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
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