6 Juillet 2010
Séries… Ton classement impitoyable ! saison 2009/2010.
Place 39 : The Prisoner (Le Prisonnier).
Diffusion événementielle sur 3 jours aux Etats-Unis sur AMC.
Diffusion en France sur Canal + le lundi soir à 20h35 (diffusion terminée).
Mini-série de 6 épisodes.
Avec James Caviezel (Michael / 6), Ian McKellen (2), Ruth Wilson (313), Lennie James (147), Jamie Campbell Bower (11-12) et Renate Sturrman (21-16).
Indice Spoiler : 0/5
Il existait déjà le Loch Ness, Roswell et le renouvellement de Dollhouse pour une saison 2. Les intrigues de cette nouvelle monture du Prisonnier viennent de rejoindre le panthéon des plus grands mystères de ce millénaire. Mais qu’ont-ils voulu nous démontrer avec cette surréaliste fumisterie ? Si la réponse est : tout ce qui me débecte dans une série, c’est mission réussie. Nous avons droit à un espèce de minable tour de force, à la limite de la condescendance, nous démontrant que les scénaristes du câble sont de petits êtres surdoués dans la capacité de transformer une modeste série culte en une improbable œuvre pseudo-métaphorique s’apparentant à du génie incompris.
L’idée était louable, reconnaissons-le mais le déroulé est si frustrant, si flou et si incompréhensible, il demande un tel investissement du téléspectateur (pas que ce soit un défaut, loin de là) qu’un simple effort de pédagogie aurait pu rendre la série passionnante. Sauf qu’au lieu de cela, les scénaristes ont cru bon de complexifier leur récit à outrance, jusque dans leur réalisation étourdissante, allégorique à l’excès qui la rend totalement hermétique au téléspectateur. L’égocentrisme exacerbée de cet OVNI imbuvable vire presque au dédain du téléspectateur. En multipliant, de la première à la dernière seconde, les métaphores, les non-dits et les énigmes sans en donner l’énoncé, le Prisonnier ne permet jamais au téléspectateur de définir les bases de ses mystères, de poser un pied-à-terre et comprendre de quoi il s’agit. Acteurs impuissants, nous assistons, consternés, à un spectacle sans queue ni tête, un délire égoïstement impénétrable et d’un ennui repoussant les limites du soutenable. En sadiques masochistes, les scénaristes nous poussent en plus à rester jusqu’au bout pour connaitre enfin les secrets de son village. Croyait-t-on…
L’indigeste conclusion de ce malheureux prisonnier qui n’avait rien demandé à personne donnerait l’envie à Bobby Ewing de prendre une seconde douche. Elle fait plus que de simplement laisser la possibilité au téléspectateur de l’interpréter comme il l’entend, elle nécessiterait presque que ce dernier réécrive l’intrigue depuis le pilote. Car non, je le dis et le répète, histoire complexe ne signifie pas forcément être inutilement compliqué, Damages sait de quoi je parle. Récit politique, poétique et philosophique ne signifie pas pompeux, arrogant et élitiste. Le prisonnier 2009 n’aurait jamais dû être une série. Un livre de 5000 pages, édito de 1500 pages non compris, peut-être mais pas une série. Alors non, je ne suis pas en train de dire qu’une histoire complexe ne peut pas être adaptée en série et que l’on doive se contenter des mièvreries de la CW mais celle-ci est un vrai cas à part. 6 épisodes, ce n’est pas assez et paradoxalement trop.
L'ambition de cette nouvelle monture était beaucoup trop grande, presque ingérable et surtout très casse-gueule. Non seulement, les scénaristes ne seront pas parvenus à la maitriser mais ils s’y seront pourvus de ridicule. Le récit est saccadé, brouillon, la réalisation est imbuvable, les intrigues sont incompréhensibles, il n’y a pas de début, pas de fin. On va dans le passé, dans le présent, sans aucune connection. Les scènes s’enchainent inlassablement sans aucun lien, aucune structure. C’est une boucherie scénaristique.
En plus de ça, on nous sert une immonde soupe d’intrigues censées booster grossièrement la mule, avec un poil d’action totalement insaisissable et ne faisant que dévoiler au grand jour la grande farce à laquelle nous assistons, impuissants. C’est le paradoxe de la série. Ses scènes sont bourrées d’action mais elles sont si maladroites, si incohérentes, si confuses et sorties de nulle part qu’on n’y adhère pas une seconde. Le prisonnier a inventé la scène anthologique. Vous savez, ces séries des années 60 dont chaque épisode était totalement indépendant (comme la quatrième dimension). Eh bien, Le Prisonnier c’est ça sauf que c’est le cas, pour ainsi dire, de chaque scène. Et que les personnages restent les mêmes. On finit par se sentir étouffé, asphyxié, mal à l’aise dans cet atroce village. Et ce pauvre James Caviezel qui se donne à fond, essoufflé du début à la fin de la série, on a même plus envie de le sortir de là. Qu’il y reste et qu’il nous foute la paix bon sang de dieu !
Et qu’on ne vienne pas me sortir pas des réflexions du genre, comme j’ai pu en lire, ‘oui mais le prisonnier dénonce les dérives de la société Big Brotherienne, devenant de plus en plus sécuritaire…’ et bla, bla, bla. Bon sang mais c’est un remake ! Elle n’a rien inventé ! Reste une poignée de points positifs tout de même et notamment la performance de Ian McKellen qui justifie par sa seule présence le fait que l’on n’intente pas un procès à AMC et Canal +. Son ‘numéro’ d’un chef charismatique, incernable, machiavélique, d’une perfidie inquiétante, presque dictatoriale, est saisissant. Il est à l’origine des seules scènes réussies de la série, avec une réflexion sur la vie digne des scènes les plus mémorables des westerns de Clint Eastwood, notamment celle où il fume une cigarette avec le commerçant du village. C’est d’ailleurs ce que j’en m’en vais faire afin de digérer ce que je qualifierais de plus grande mystification de l’année. Vous ne m’en voudrez pas.
Conclusion : Je suis énervé. Enervé qu’une chaine américaine aussi respectée qu’AMC ait pu financer un tel blasphème égocentrique d’une série qui restera culte à jamais. L’existence de ce remake au fond d’une platitude déconcertante est un non-sens, à l’image de ses intrigues soporifiques et sans queue ni tête, qui mettent en éclat la véritable farce brouillonne que constitue la série. Tout est à jeter : la réalisation, les ramifications, les dialogues… C’est une honte. Finalement, dommage que 24 soit annulée. Jack Bauer aurait pu utiliser cette série comme torture psychologie suprême. Ce serait bien sa seule utilité.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © ITV PRODUCTIONS / AMC)
Place 38 à découvrir dès mercredi midi sur le blog. Une série en cours de diffusion en France.
Place 40 : la chronique sur Gossip girl 3.
Participations également cette saison de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
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