
Séries ... Ton Univers Impitoyable !
Episode 2.04 - 'Sexe, Prophète & Mafia'
J’aimerais commencer cette chronique en rendant hommage aux fans invétérés de séries, dont je fais moi-même partie, et qui se retrouvent, en cette triste période, privés de leur saint-graal. Je
vous donnais d’ailleurs quelques conseils sur mes découvertes des dernières semaines lors de ma précédente chronique. Mais pour les plus téméraires, et bien que des rumeurs persistantes annoncent
une fin de la grève, les chaines américaines ont pensé à vous en gardant quelques unes de leurs nouveautés pour la mi-saison afin d’abreuver les téléspectateurs résistants. Et faites-moi
confiance, il y en aura pour tous les gouts : Mythologie apocalyptique, vilains robots, poufs superficielles, sous-Carrie Bradshaw, drogue, partouzes, detective immortel, et avocat prophète.
Quand je vous disais qu’il y en aurait pour tous les gouts, je ne vous avais pas menti ! Je vous propose donc de faire un tour d’horizon de quelques unes de ces nouveautés, derniers espoirs
scriptés des networks !
Et j’aimerais commencer par mon coup de cœur de la mi-saison, un petit bijou de surréalisme nommé Swingtown et diffusé sur CBS. Alors Swingtown,
c’est un soap-drama mettant en scène un couple plus ou moins conservateur dans les années 70, avec leurs deux enfants, et qui emménagent dans un nouveau quartier en pleine bouleversement des
mœurs, révolution sexuelle et émancipation de la femme. A la vue de ce pilote, une question me taraude : mais qu’avaient donc fumé les dirigeants de CBS pour choisir cette série ? Les
noix envoyées par les fans de Jericho à la direction de la chaine devaient certainement contenir du crack ! Le pilote de Swingtown est en effet le plus fou que j’ai pu voir cette
année.
Il faut pourtant bien avouer qu’au début, on a du mal à rentrer dans l’épisode. On peine à comprendre son but, l’image est sale, le casting est discutable et résolument kitsh avec leurs
moustaches et cheveux longs style vieux motards texans. Mais passé le premier quart d’heure, le temps de pénétrer dans cet extravagant pilote (si vous me pardonnez l’expression), on se
rend finalement compte que tout cela fait partie du folklore déluré de Swingtown et que l’on ne veut plus en sortir … L’ambiance est décontractée, zen voire même hippie, le pilote respire le sexe
et la drogue, la musique est enivrante, on retombe réellement dans la fièvre des années 70 et on se surprend la fin du pilote, le sourire aux lèvres et une furieuse envie d’être stone et de
découvrir l’amour à plusieurs …
Oui car l’intrigue principale du pilote réside en fait de savoir si les nouveaux arrivants vont accepter d’aller partouzer chez les voisins d’en face, constitués notamment de l’inénarrable
Grant Show à 10000 lieues de son rôle dans Melrose Place. Evidemment, je caricature la chose mais je vous jure que cela finit par créer un mini-suspens auquel on n’arrive plus à
décrocher. Certes, la série n’évite pas certains clichés ni certaines lourdeurs mais elle prend des risques et n’a finalement aucune autre prétention que de nous embarquer dans un incroyable
voyage, oh combien réussi, au coeur des années 70.
La série reste aussi, et peut-être avant tout, un drama familial, à la fois tendre et sulfureux, qui nous montre finalement que cette révolution a concerné aussi bien les parents que les enfants.
Les dialogues sont d’ailleurs souvent très drôles et très osés comme une scène où la mère explique à sa fille qu’elle s’inquiète pour elle et n’en dort pas la nuit. Et la fille lui répond d’un
air malicieux, ‘Tu n’as rien de mieux à faire la nuit…’. Une autre mère, légèrement réac’ celle-ci, qui tombera nez à nez un peu plus tard dans le pilote face une scène de partouze à la
Basic Instinct avec un male et quatre ou cinq femelles. Bref, ça ne s’arrête pas dans tout le pilote, c’est un vrai guilty pleasure, un OVNI jouissif comme on en voit rarement. Mais ne vous fiez
pas à son allure de série purement choc, la série possède de vrais dialogues intelligents, de bonnes interrogations, une interprétation soignée et second degré. Bref, une série qui vaut le coup
d’être découverte, même si vu la moyenne d’âge de CBS, on peut se poser des questions quand à sa durée de vie. A moins d’une volonté du public de NCIS de retomber dans les méandres de leur
adolescence ?
Passons maintenant au moyennement bon avec la série Eli Stone sur ABC, diffusé depuis jeudi dernier en combinaison avec Lost. Eli Stone est la
nouvelle série de Greg Berlanti qui est aux drama familiaux de ABC ce que Jerry Bruckeimer est aux séries policières de CBS, autrement dit il les produit quasiment tous. Ainsi,
si vous êtes déjà amateur de séries comme Brothers & Sisters ou Dirty Sexy Money, Eli Stone sera sans doute pour vous. Dans le cas contraire, c’est une autre paire de manches… Je m’explique.
La série raconte l’histoire d’un jeune avocat ambitieux qui se découvre soudainement une âme de bienfaiteur de la société après avoir été envahi d’une série d’hallucinations qui lui font penser
qu’il est devenu un véritable prophète envoyé par Dieu. Le pitch apparaît donc alléchant. Et pourtant …
Pour tout vous avouer, je m’attendais à une série dans la veine d’Ally McBeal avec un coté The Practice. Alors peut-être avais-je trop d’espérances ? Toujours est-il qu’on se retrouve en
présence d’une série juste gentillette, parfois mièvre, pleine de bons sentiments et pas franchement innovante. Pour vous raconter l’intrigue en quelques mots, Eli Stone est un jeune requin qui
défend une société pharmaceutique accusé d’avoir entrainé l’autisme d’un enfant avec l’un de ses médicaments. Jusqu’à ce que … Eli découvre sa fameuse âme de prophète et décide finalement de
représenter la mère qui attaque la société.
Je vous passe le passage, oh combien cliché, où l’on découvre que le père d’Eli est lui-même mort d’une maladie et tout cela. Bref, au terme d’un procès sans intérêt, mal mené, mal écrit,
simpliste et aux rebondissements faciles et ridicules, même pas digne d’un mauvais Close to Home, Eli finit par l’emporter. On pleure un bon coup, la morale est sauve. Certes, Berlanti n’est
pas avocat de formation comme David E. Kelley et les procès ne sont pas l’intérêt principal de la série mais qu’importe, quand on ne sait pas faire, on ne fait pas. Sans compter que le casting
est mauvais. Johnny Lee Miller, le fameux Eli Stone, a le charisme d’une huitre, Victor Garber est toujours aussi insupportablement hautain et Natasha
Henstridge nous enlève les derniers doutes que l’on pouvait avoir sur sa médiocrité. Seule Lorette Devine, la fameuse Marla Hendricks de Boston Public, est comme à son
habitude hilarante. Mon côté fan de Whoopi Goldberg sans doute…
Passez les mauvais points, tout n’est heureusement pas à jeter dans cette série. Les hallucinations d’Eli Stone sont à mourir de rire, le comique de situation fonctionne et les répliques sont
souvent percutantes. Eli Stone a notamment des visions de George Michael (en guest star dans l’épisode) en train de danser dans son salon ou de donner un mini concert dans son bureau. Et on voit
le pauvre Eli, ridicule, en train de danser au milieu de ses collègues alors qu’il se croit devant George Michael. Toutefois, ces scènes étaient destinées à mettre en place l’intrigue. Désormais
qu’elle est lancée, j’ai de sérieux doutes sur la suite…
Parlons désormais d’une autre série d’ABC, il s’agit de Cashmere Mafia. Je précise que je ne reparlerais pas de son clone, l’horrible Lipstick Jungle
(dont j’avais déjà fait la chronique ici) ni de la sympathique Sarah Connor
(ici). Et je dois avouer que malgré les critiques assassines, j’ai trouvé
ce pilote pas si mauvais que cela.
La série, regroupant entre autres Lucy Liu et Frances Connor, met donc en scène quatre amies new-yorkaises, symboles de la réussite de la femme moderne. Ca vous rappelle
vaguement quelque chose ? Ah tiens… Je ne vois pas ! A l’opposé de Lipstick Jungle, véritable stéréotype sur patte, Cashmere Mafia se démarque donc relativement de son modèle de
prédilection en proposant un excellent casting (bien moins cabotin que l’horripilante Lindsay Price), des dialogues drôles et rafraichissants et des intrigues plaisantes. De multiples détails la
distinguent des lieux communs révolus au genre, avec par exemple le fait que trois héroïnes sur quatre sont mariées et (plus ou moins) heureuses dans leur vie de couple.
Ceci étant dit, le genre étant tellement associée à la série reine ‘Sex & The City’, la série souffre trop de la comparaison et il manque ce petit grain de folie, cette touche d’acidité qui
faisait la particularité de la série d’HBO. On a la désagréable impression que Darren Star ne se lâche pas totalement et s’impose des intrigues bon enfant pour rentrer dans le
moule des séries ABC. Les situations sont connues, les personnages aussi, si bien que l’on finit par deviner aisément la suite des événements. Au lieu de briser les codes d’un genre en perdition,
Cashmere Mafia en use et en abuse comme les fameux repas entre les 4 personnages principaux où elles se racontent leurs dernières péripéties respectives. Qui plus est, le peu d’alchimie entre les
actrices est loin de crever l’écran et entraine, bien au contraire, une éternelle nostalgie quand aux quatre héroïnes de Sex & The City. Le potentiel était donc bien là mais il n’est pas
exploité. De toute façon, je souhaite à la série Cashmere Mafia de se planter horriblement et qu’aucune des quatre actrices ne retrouve plus jamais de travail dans la mesure où l’une d’entre
elles aurait fait le forcing pour éjecter ma chouchoute Heather Locklear, qui faisait partie à l’origine du projet. A mort Cashmere Mafia !
Je ne pouvais terminer sans évoquer deux autres séries dont, à priori, tout le monde se fout mais tout de même. La première est une nouvelle série juridique et débutera dés le mois d’avril sur la
FOX : il s’agit de Canterburry’s Law. Et je dois avouer que j’ai été agréablement par cette série dont le pitch ne payait pourtant pas de
mine : en gros l’on suit une énième avocate, passionnée par son métier, qui fait tout pour libérer ses clients. L’ambiance est très noire à l’image d’un vrai polar, l’intrigue est
intéressante, la réalisation est très rythmée, bref on ne s’ennuie pas même s’il ne faut clairement pas compter sur Canterburry’s Law pour révolutionner un genre. Malgré tout, le pilote est
porté par la remarquable Julianna Margulies, d’un charisme et d’une présence à tomber par terre, qui vous hypnotise d’un simple regard. La série vaut clairement un coup d’œil
pour sa seule présence. Puis au moins, elle cabotine bien moins que l’égocentrique James Wood dans Shark. C’est déjà ça…
Et enfin, parlons peu, parlons bien, avec le pilote de New Amsterdam qui suit un énigmatique détective devenu immortel au cours du
17eme siècle après avoir sauvé la vie d’une belle indienne. Et ce dernier redeviendra mortel à la seule condition qu’il trouve l’amour de sa vie. Sortez les mouchoirs. Un cadeau bien empoisonné
d’ailleurs puisque le type n’a pas bougé de New York depuis 400 ans, résultat aujourd’hui il est sombre, triste et picole. Mais rassurez-vous, puisque vous vous en doutez bien, en 4 siècles il
n’a pas été fichu de trouver une femme mais dès le pilote, il rencontre l’amour de sa vie. Evidemment. Le pilote en lui-même, comment vous-dire, c’est un mélange d’Angel, Highlander, Docteur
Quinn et du jeu vidéo Max Payne. Un cocktail particulièrement indigeste qui m’a fait plonger dans une profonde hibernation au bout de 8 minutes 45 pour être précis. Pour ceux qui ont eu le
courage sans faille d’aller au delà (avec modération tout de même, j’ai eu vent d’un téléspectateur téméraire, qui, ayant passé la 26eme minute, aurait succombé d’une crise de folie
passagère), n’hésitez pas à poster vos commentaires. Et pour les autres on se retrouve dans 2 semaines pour une chronique, comment dire, impitoyable !
COLE.
Photos :
1/ Swingtown, copyright CBS.
2 / Eli Ston, copyright ABC.
3 / Cashmere Mafia, copyright ABC.
Chroniques précédentes de Séries...ton univers impitoyable, saison 2, sur ce
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