18 Août 2010
Séries… Ton classement impitoyable ! saison 2009/2010.
Place 16 – WEEDS Saison 5.
Classement 2008 / 2009 : 20ème.
Classement 2007 / 2008 : 24ème.
Diffusion aux Etats-Unis sur Showtime le lundi soir à 22h30 aux Etats-Unis (Moyenne saison 5 : 1,05 millions de téléspectateurs, +17% par rapport à la saison 4). Diffusion en France le jeudi soir à 22h30 sur Canal + et sur Virgin 17 le mercredi soir à 22h15.
Créé par Jenji Kohan.
Avec Mary Louise Parker (Nancy), Justin Kirk (Andy), Elizabeth Perkins (Celia), Hunter Parrish (Silas), Alexander Gould (Shane) et Demian Bichir (Esteban).
!! Indice Spoiler : 3/5
Weeds est une mauvaise série. C’est d’ailleurs sa plus grande qualité. J’aurais presque pu terminer ma chronique ici tant cela résume exactement mon sentiment à l’égard de la série. Weeds est toujours autant bourrée de défauts, elle est terriblement maladroite dans chacun des thèmes qu’elle aborde et auto-destructrice dans ses personnages et dans ses intrigues. C’est une série sans queue ni tête, un n’importe quoi irrationnel, excessif à en devenir ridicule, elle saute le requin à chaque épisode quitte à devenir encore moins crédible qu’une fan fiction sur Hartley Cœur à Vif écrite par un adolescent de 13 ans refoulant comme il le peut son homosexualité flagrante. Et c’est pour ça que je l’adore.
Mais alors qu’est ce qui fait la différence entre une bonne et une mauvaise saison de Weeds ? Concrètement, entre sa saison 3 et sa saison 5 ? Et bien c’est sa maitrise de la saison 5 à la fois méthodique et imperceptible. C’est tout le talent de l’équipe créative de Weeds. Nous faire croire qu’ils avancent à l’aveugle alors qu’ils savent parfaitement où ils vont. Alors bien sûr, on a quelques ratés, quelques exceptions qui confirment la règle, notamment avec le personnage de Célia dont ils ne savent plus que faire depuis la saison 2. Fort heureusement pour elle, pour les scénaristes et pour le bien de l’humanité, Miss Perkins a d’ailleurs décidé de quitter la série.
Mais dans l’ensemble, Weeds se tient et principalement grâce à des dialogues divins, fortuitement philosophiques, tantôt drôles, tantôt émouvants mais toujours brillants et qui amènent souvent une réflexion. Non, Weeds n’est pas Mad Men. C’est même tout l’opposé. Mais c’est justement de plus en plus revendiqué. Weeds a trouvé son rythme de croisière et s’assume telle qu’elle est, là où la saison 3 cherchait en permanence un renouveau créatif qu’elle ne trouva jamais. Weeds est donc bel et bien un soap déjanté pour adultes avec des rebondissements over-the-top totalement jouissifs, des situations rocambolesques à n’en plus pouvoir, un surenchérissement à l’infini des situations les plus improbables possibles. Le gentil devient méchant, les alliances se font et se défont, les personnages virent tour à tour psychopathes. Weeds est tout bonnement devenu une tele novela sous ecsta. Et quel bonheur.
Résumer une saison d’intrigues de Weeds n’aurait donc pas le moindre intérêt. Vous croirez lire la rubrique ‘Si vous avez manquez le début’ d’un soap opera cubain sur votre Télé 7 Jours. Esteban ne veut pas reconnaitre le bébé de Nancy à cause de ses ambitions politiques et de la ténébreuse Pilar. Andy accepte ainsi de reconnaitre ce bébé sous la surveillance de César et Ignacio, les hommes de main d’Esteban… Non mais sérieusement ! Je ne vous mentais pas ! L’intérêt de Weeds n’est donc pas tant dans ses intrigues, bien que le côté soap ultime me fasse personnellement ressurgir quantité de phéromones masculins, mais plus dans la manière dont tout cela est traitée. Sans parler de parodie de soap, car Weeds n’en ait pas une, on peut dire que la série parvient enfin à maitriser son côté totalement décapant avec une vraie structure et un vrai scénario. On peut clairement dire qu’on a droit à un vrai spin-off dans la série et que celui-ci a conféré une dimension beaucoup plus vivante et survitaminée au show.
Toutes les storylines tournant autour de la drogue illustrent parfaitement ce côté soap plus qu’irréaliste souhaité par les scénaristes. Les alliances, toujours plus improbables, changent à chaque épisode. Silas s’allie à Doug, qui lui-même va s’allier à Dean, puis à Célia avant de la trahir avec sa propre fille… Le tout avant que le cercle vicieux ne reparte de plus belle. Une véritable roue de l’infortune machiavélique. Celia en elle-même est un personnage de soap ultra hardcore, plongée à chaque épisode encore plus bas que terre, sans aucune limite à la décence humaine. Son intrigue pseudo-lesbienne avec la blondasse arnaqueuse du make-up était franchement saugrenue mais fun. Voilà encore une phrase qui pourrait définir Weeds. Loin du côté magouille GodFatherienne des deux premières saisons, Weeds assume donc son lifting intégral ne laissant plus que de la place au burlesque et au ridicule le plus total. Comment le pacte a-t-il été scellé entre Dean et Doug ? Et bien ce dernier a du rabattre sa bite dans un tiroir ! C’est aussi cela Weeds.
Si le personnage de Silas a vite montré ses limites à cause de l’interprétation de plus en plus soporifique d’Hunter Parish (avec un nom comme cela, vous me direz…), tout comme celui de Doug, tout bon à être un second rôle insupportable dans Scrubs, deux personnages ont particulièrement marqué la saison. Non, ce n’est pas Nancy qui est paradoxalement indispensable à la série mais qui pourtant, n’y apporte que peu de valeur ajoutée. On a fait le tour de Nancy, si j’ose m’exprimer ainsi, et même si cela fait plaisir de retrouver une Nancy moins Marie-couche-toi-là qu’à l’accoutumée, son côté sous-merde autodestructive et mauvaise mère sont relativement redondants. C’est finalement le personnage qui aura le moins évolué depuis le début de la série, ce qui vous noterez n’est pas forcément un défaut dans Weeds, bien au contraire. Nancy c’est finalement comme votre colonne vertébrale. Vous en avez besoin mais ce n’est pas elle qui vous apporte du plaisir.
A ma gauche, nous avons Andy qui se place en quelque sorte comme le label qualité du show. Non seulement il est attachant, siphonné et drôle, mais son côté névrosé garantit une qualité d’écriture et une profonde réflexion philosophique. Alors que les personnages secondaires s’arrachent littéralement les poils pubiens pour savoir qui aura la drogue, Andy est presque devenu un personnage d’une autre série qui aurait son propre spin-off à l’intérieur du show et nous rappelle que Weeds n’est pas seulement une grosse farce. Son histoire avec la sympathiquement oubliable Alanis Morissette était particulièrement attachante.
Et à ma droite, et c’est là la plus grande réussite de la saison, nous avons Creepy Shane. Il est le fruit du ratage réussi de Weeds. Le Frankenstein crée par les années d’excès et de n’importe quoi de la série. Comme vous pourrez le voir ci-dessous, sa ressemble avec le sale rejeton de la Malédiction est d’ailleurs frappante. Son évolution de gentil bambin innocent (mais déjà un peu bizarre) en monstre sadomasochiste, dénué de cœur et de morale, de toute notion du bien et du mal est sidérante. Bien sûr, Nancy est la seule et unique fautive. Reine du je-m’en-foutisme, laissant impunément trainer son fils avec un homme de main d’Esteban lui apprenant à frapper les gens ou avec deux junky nymphomanes. On comprend assez tôt qu’un acte terrible finira par arriver quand Shane, après s’etre fait tirer dessus, refuse de prendre des médicaments afin de sentir la douleur. Arrive alors la scène finale de la saison, majestueuse, où Shane tue d’un sang-froid glacial l’ennemi de sa mère devant les yeux interloqués de cette dernière. C’est toute l’ironie de l’histoire, métabolisée par un syndrome portant probablement un nom Tchécoslovaque : malgré son éducation en tout point désastreuse, Shane aime sa mère, il ne peut se séparer d’elle. Nancy, quant à elle, va enfin pouvoir prendre l’ampleur du monstre qu’elle a créé. En espérant que Weeds ne balaye pas l’une des plus prometteuses histoires de sa carrière d’une énième pirouette magique.
Conclusion : Le lifting Agrestic / Del Mar aura été extrêmement laborieux. Partant d’un ratage total nécessitant de multiples reprises chirurgicales, on y sera finalement parvenu. Jenji Kohan avait probablement envie de faire une autre série et de continuer Weeds en même temps. Le résultat est aujourd’hui une série flirtant entre le génie et le ridicule, dramatique et ultra soapesque, bien écrite, drôle et pitoyable. Weeds est tout à la fois, tellement sans limite qu’elle explose la notion de guilty pleasure. Une belle réussite personnifiée par Shane, témoin omniscient de la descente vaudevillesque de la série, qui est devenu un véritable monstre de cruauté. Weeds a tellement cultivé une culture du n’importe quoi qu’elle ne renaitra jamais totalement de ses cendres. Et franchement, c’est pour ça qu’on l’aime.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © SHOWTIME /DR. )
Depuis lundi : Les chroniques sont avancées au début de matinée pour la parution.
Prochaines chroniques jeudi et vendredi matin. Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations cette saison, pour épauler Cole, de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
Et Boodream.
Actu des médias par 2 passionnés, amateurs. Et tweets perso.
Voir le profil de leblogtvnews.com sur le portail Overblog