10 Juillet 2010
Séries… Ton classement impitoyable ! saison 2009/2010.
Place 36 – NIP TUCK. Saisons 6 et 7. Classement 2008 / 2009 : 11ème (- 25 places).
Diffusion aux Etats-Unis le mercredi soir à 22 heures sur FX (moyenne saison 6 et 7 : 1,9 million de téléspectateurs, -32 % par rapport à la saison 5).
Diffusion en France sur Paris Première et sur M6.
Créé par Ryan Murphy.
Avec Dylan Walsh (Sean), Julian McMahon (Christian), John Hensley (Matt), Joely Richardson (Julia), Roma Maffia (Liz) et Kelly Carlson (Kimber).
! Indice Spoiler : 3/5
Que dire de Nip/Tuck ? Que pourrais-je ajouter que la série n’aurait-elle déjà pas confessé elle-même ? Qu’on le veuille ou non, Nip/Tuck restera comme l’une des séries les plus marquantes des années 2000. D’abord par l’exceptionnel renouveau scénaristique et créatif du début des années 2000 puis par l’outrance, l’excès et son triste désir d’exister par-dessus tout de la fin de la décennie. Nip/Tuck est la série la plus schizophrène que le petit écran n’ait jamais porté. Elle a tout fait. Tout.
Elle a été le théâtre de scènes grandioses, de cas époustouflants et d’intrigues pionnières. Et dans un même temps, Nip/Tuck n’a pas été en reste pour se confondre en pathétique, défier les lois de la honte scénaristique et se morfondre dans des histoires dont l’inconsistance, l’incohérence et le ridicule feront date. Nip / Tuck est une série entière, dans l’excès permanent et qui a préféré la souffrance à l’euthanasie depuis plusieurs années déjà. Elle aura été victime d’un tourbillon médiatique qu’elle n’a su maitriser pour finalement finir par ressembler à une actrice de soap des années 80 boursouflée par les liftings ratés d’un soi-disant chirurgien plastique miracle brésilien. Sa défiguration en aura fait l’exemple parfait d’une série devenue l’ombre d’elle-même, le macabre reflet d’une œuvre auparavant novatrice.
On la pardonne pourtant et mieux, elle nous manquera. Nip/Tuck a atteint le sommet tout en ravageant les bas-fonds de l’infamie et parfois même, dans un même épisode. Il y a notamment une réplique dans le final assez incroyable qui semble être en quelque sorte un mea-culpa des scénaristes nous confessant que tout cela n’était finalement qu’une grosse blague. Christian dit alors à Matt qu’il fait preuve d’une créativité incroyable pour toujours se mettre dans des situations les plus pathétiques et rocambolesques les unes que les autres. Il ne croit évidemment pas si bien dire.
Et c’est ça Nip/Tuck. Je crois qu’il ne faut pas voir la série pour ce qu’elle n’est pas, ou pour ce qu’elle n’est plus depuis longtemps. Dans ses dernières saisons, la série n’était presque plus faite pour être regardée mais constituait finalement un simple jouet scénaristique, un espèce de lieu ultime où il était encore permis de faire tout et n’importe quoi sans se soucier d’une quelconque logique ou de quoi que ce soit de cohérent. Ce qui a valu d’ailleurs des exercices de styles assez intéressants, des fantasy par million jusqu’à l’improbable remake de In Treatment dans la dernière saison.
Actrices chiant dans les jacuzzis, coups de reins meurtriers, serial doigteurs d’anus, cake empoisonnés, sciages de seins en plein cabinet ... Sunset Beach n’avait pas osé. Quitte parfois à aller très loin. Trop loin. On se souvient tous de l’effroyable scène où Christian fait l’amour à une pauvre femme avec un sac sur la tête. Mais la cohérence restera le problème principal du show. J’image les réunions de travail.
‘Tiens, et si on disait que Christian tombe amoureux d’une scatophile télépathe qui va ensuite tenter de le tuer en lui insérant un fer à repasser dans le cul ?’.
‘Ouai mais dans l’épisode d’avant, il est marié avec Kimber et ils vont avoir des triplés avec des doigts de pied en forme d’abat-jour.’
‘Ta gueule, on s’en fout’.
Voilà, Nip/Tuck, c’était ça. Une série qui ne voulait rien dire et qui, dans ses dernières saisons en tout cas, n’avait plus la moindre ambition, le moindre fond, la moindre volonté de réflexion, le moindre désir de nous faire lire entre ses lignes, le moindre message. Les épisodes sont devenus brut de décoffrage, se consomment comme un vulgaire fast-food qui donne faim une heure après avoir terminé le repas. C’est presque à se demander comment les acteurs ont pu accepter d’y figurer jusqu’à la fin. Il faut avouer qu’ils sont eux-mêmes devenus mauvais au fil des saisons, et encore plus dans les deux dernières. Franchement, qui imagine Julian McMahon, Dylan Walsh, ou pire Joely Richardson, dans d’autres rôles ? Le constat devient carrément fracassant dans les deux derniers épisodes qui accueillent la sublime Famke Jansen pour son cultissime rôle d’Ava. On a presque l’impression qu’elle marche au milieu d’un champ de ruine et vient constater les dégâts.
Au-delà du n’importe quoi de la série, ce que l’on peut surtout regretter reste la stagnation des personnages. C’est criant dans la saison 7. Il y a notamment un passage où Christian et Sean ne peuvent plus voir en pâture et veulent cesser toute collaboration. Ils s’envoient leurs quatre vérités en pleine figure et puis paf, l’épisode d’après, les scénaristes commençaient à trouver le temps long, ils sont soudainement les meilleurs amis du monde. Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas et on a de toute façon abandonné depuis bien longtemps tout questionnement sur la série.
En tout cas, s’il y a bien un personnage à qui personne ne pourra reprocher de stagner c’est bien Matt McNamara. Généralement, on ne le voit pas quelques épisodes et puis il revient avec une toute nouvelle lubie, sans que l’on ne sache ce qu’il est survenu de la précédente. Matt est une espèce de version hardcore de la série des Martine. Après Matt sort avec une facho, Matt fait un gosse à l’ex de son père, Matt est accroc à la coke et Matt découvre la scientologie, attention Mesdames et Messieurs, Matt repart en tournée ! Préparez-vous à Matt en mime braqueur d’épicerie, Matt en pute d’un taulard tatoué et, mon préféré, Matt en vendeur de tapis latino ! Matt McNamara sera notamment le 17 à Saint-Paul de Vence et le 21 à Saint Etienne Vallée Française.
Pourquoi s’emmerder ? Voilà, le vrai slogan de la série. Vous voulez un autre exemple ? Et bien le personnage de Katee Sackhoff qui a été du jour au lendemain interprété par Rose McGowan car la première était partie exaspérer Jack Bauer. Elle jouait en plus une énième psychopathe dans l’ombre de Sean qui finira elle-même charcutée par un autre psychopathe. La chaine alimentaire version Nip / Tuck en somme. Finalement, la seule vraie intrigue long-terme réussie de cette double saison concerne paradoxalement l’un des personnages les plus trash de la série : Kimber.
La bimbo est follement amoureuse de Christian mais voyant que ce dernier la déteste autant qu’il l’aime et qu’il ne pourra jamais la rendre heureuse, elle finit par se suicider. La scène est sublime et déchirante à la fois. Et Kimber m’a ému. En s’y penchant de plus près, on peut observer que toutes les femmes ont un destin tragique dans Nip/Tuck : Kimber se suicide, Ava part avec Matt qu’elle n’aime pas, Liz finit sur un chagrin d’amour et Julia est… Julia.
Ryan Murphy doit finalement être un genre de womanhater qui concentre tous ses fantasmes sur la fausse virilité presque gay de Christian et se venge outrageusement de la gente féminine ! On en arrive enfin à ma petite théorie sur Nip / Tuck pour en expliquer son destin hors du commun : Et si Ryan Murphy n’était finalement qu’un dangereux psychopathe et que Nip/Tuck n’était finalement qu’un terrible exutoire à ses plus ténébreux fantasmes ? D’ici à ce qu’un des gosses de Glee devient un serial killer taxidermiste…
Conclusion : Nip / Tuck restera comme une série à l’image de ses intrigues. Une opération de chirurgie esthétique à l’infini qui l’aura tantôt embellie, tantôt massacrée. Si l’on ne devait retenir qu’un seul mot pour la définir, ce serait l’excès. La série restera comme un véritable grand huit qui ne se sera jamais arrêter, nous plongeant d’une seconde à l’autre de l’émotion pure à l’ennui, de l’humour au pathétique. Elle n’aura pas su évoluer, passer à l’âge adulte. Avec le recul, on s’en souviendra comme une série qui aura sans cesse rechercher sa cure de jouvence sans jamais retrouver la sublime de ses premières années.
COLE. Twitter : http://twitter.com/Cole4616
(Crédit photos © FX /DR. )
Place 35 à découvrir dès lundi midi sur le blog.
Précédentes chroniques : http://www.leblogtvnews.com/categorie-11513584.html .
Participations également cette saison de :
Tao (Critik en Séries)
Lulla (Des News en Séries)
Alain Carrazé (8 Art City)
Pierre Langlais (Tête de séries)
Pierre Serisier (Le Monde des Séries)
Btv27 (Series Live)
Dylanesque (Dylanesque TV)
Et Boodream.
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